En 1875, dans l’Ohio, un jeune homme de Springfield eut le bonheur de se marier et quelque temps plus tard sa femme donna naissance à un enfant, une petite fille plus précisément. La fillette était âgée d’un an à peine lorsque sa mère succomba à quelque cause inconnue et cinq mois plus tard le jeune veuf, qui supportait mal la solitude, décida de se remarier sans attendre. Alors, comme les affaires de sa défunte épouse lui rappelaient des souvenirs par trop douloureux, il les rassembla toutes puis il les rangea dans un grand coffre de bois qu’il verrouilla. La clef qui fermait ce coffre semblait être son bien le plus cher. Il n’en existait pas de double, jamais il ne la confiait à personne et il prenait grand soin de toujours la conserver sur lui. Parmi toutes les choses qu’il y avait rangées se trouvaient le châle que la malheureuse portait le jour de son mariage, un petit oreiller qu’elle avait cousu elle-même pour son premier-né et quelques jouets qu’elle lui avait achetés juste avant sa mort. Ceci étant fait, il ramena chez lui une autre femme qui était, disait-on, aussi bonne mère que les belles-mères le sont habituellement.
Au mois de septembre 1878, une fête fut organisée chez certains de leurs voisins et comme ils y étaient invités, le jeune homme et sa nouvelle femme couchèrent la fillette dans son petit lit et la laissant seule ils se rendirent à la soirée sans plus s’en inquiéter. Quelques minutes plus tard, deux hommes qui rejoignaient la même fête longeaient la rue quand soudain ils virent une lumière merveilleuse illuminer l’intérieur de la maison du jeune couple, qui était tellement brillante qu’ils crurent le bâtiment en feu. De l’endroit où ils se trouvaient ils entendaient les cris terrifiés d’une petite fille qui semblait en proie à une grande douleur et pensant qu’elle se trouvait seule dans la maison en flammes, les deux hommes se précipitèrent vers la porte d’entrée. Ils arrivaient sur la palier lorsque la mystérieuse lumière disparut brusquement et au même moment, l’enfant se tut. Un silence pesant s’abattit alors sur la maison, qui était semblable à celui d’une tombe et les deux hommes frissonnants coururent raconter au père ce qu’ils avaient vu et entendu alors qu’ils passaient devant chez lui.
Le jeune homme quitta immédiatement la fête, escorté par quatre ou cinq hommes, et il prit le chemin de sa maison, qui se trouvait à huit cents mètre de là. Une fois arrivé, il fit rapidement le tour des pièces du rez-de-chaussée, se rassurant peu à peu en constatant qu’elles étaient exactement dans l’état où il les avait laissées. Rien ne semblait avoir été touché, ni les objets, ni les meubles, mais en s’approchant du lit de sa fille il découvrit avec effroi qu’elle ne s’y trouvait plus. Des recherches furent alors organisées, qui restèrent longtemps sans succès, puis quelqu’un découvrit la fillette à l’étage, couchée à même le sol sous le lit où sa mère était morte. L’enfant, qui était profondément endormie, était recouverte du châle de sa mère, sa petite tête reposait sur l’oreiller que la malheureuse avait cousu à son intention et tout près d’elle, se trouvaient les jouets qu’elle lui avait achetés juste avant sa mort. En inspectant le coffre, qui était toujours verrouillé et dont il avait toujours la clef, le père remarqua que rien ne manquait, sauf les articles mentionnés ci-dessus.
Maintenant, comment les objets avaient-ils été sortis du coffre alors que la clef se trouvait dans la poche du jeune homme et qu’il festoyait loin de sa maison au moment des faits, tel était le mystère. D’autant plus que sa fille, qui dormait au rez-de-chaussée, avait été retrouvée au premier.
L’histoire est tellement incroyable qu’elle pourrait vous paraitre fictive et pourtant plus d’une douzaine de respectables citoyens de Springfield attestèrent de son authenticité.
Source: Journal The Cincinnati Enquirer, 16 Septembre 1878.