En 1912, à Villisca, aux États-Unis, Josiah, Sarah Moore, leurs quatre enfants et les deux petites filles qu’ils recevaient pour la nuit furent sauvagement assassinés à coups de hache. Cet effroyable massacre suscita un vif émoi parmi la petite communauté et des enquêteurs se présentèrent de tout le pays pour tenter de résoudre le mystère du tueur à la hache. De nombreux suspects furent arrêtés, des aveux furent signés, mais jamais personne ne fut inculpé. Pendant plus de 80 ans, aucun phénomène ne fut signalé dans la maison du drame mais depuis sa restauration elle serait devenue le théâtre de nombreuses manifestations paranormales.
L’Histoire
Au début des années 1900, la petite ville de Villisca, dans l’Iowa, comptait environ 2500 habitants et elle était en pleine expansion. En ce lundi 10 juin 1912, Mary Peckman s’était levée à 4h du matin, puis elle avait fait sa lessive et elle était sortie étendre son linge avant que la chaleur ne devienne insupportable. Elle se trouvait dans le jardin, suspendant les vêtements sur le long fil tendu entre les deux poteaux, quand soudain le silence l’intrigua. Habituellement, la maison de ses voisins résonnait des rires et des cris de leurs quatre enfants mais en cette matinée printanière, Mary n’entendait aucun bruit. Les rideaux des fenêtres étaient tous tirés et il lui semblait qu’aucune des tâches habituelles n’avait été effectuée, ce qui était surprenant car Josiah, le père de famille, se levait tôt pour s’occuper du bétail avant de partir travailler.
Mary les avait vus la veille au soir, alors qu’ils assistaient à une spectacle de l’Église presbytérienne donné par les enfants, et en toute logique, ils étaient forcément chez eux. Elle se tenait là, immobile, réfléchissant aux différentes possibilités, quand brusquement elle se demanda s’ils n’étaient pas malades. Elle s’approcha de la maison, frappa à plusieurs reprises, puis comme personne ne lui répondait, elle hésita un moment et décida de rentrer. Mais bizarrement, quand elle tenta de pousser la porte, cette dernière resta close et Mary comprit que le verrou avait été poussé de l’intérieur, ce qui était tout à fait inhabituel.
Perplexe, Mary retourna chez elle et reprit son travail mais l’étrangeté de la situation la perturbait tellement qu’elle décida d’en parler quelqu’un. Après une courte réflexion, elle contacta Ross Moore, le frère de Josiah, qui, surpris d’apprendre la nouvelle, téléphona immédiatement à la quincaillerie de son frère et demanda si quelqu’un l’avait vu. Ed Selley, qui était employé au magasin, lui répondit que Joe n’était pas encore arrivé, ce qui lui paraissait étonnant, et qu’il attendait toujours ses instructions. Brusquement inquiet, Ross se dirigea vers la maison de son frère mais en arrivant il s’aperçut que les chevaux avaient été nourris, ce qui le rassura un moment, jusqu’à ce que Mary lui apprenne qu’Ed était passé s’en occuper.
Ross fit le tour de la maison, espérant apercevoir quelqu’un par l’une des fenêtres, mais tous les rideaux étaient encore tirés et le silence qui régnait à l’intérieur lui semblait de mauvaise augure. Il frappa ensuite aux fenêtres, mais comme personne ne se manifestait, alors il décida de rentrer. Constatant que les portes de devant et de derrière étaient toutes les deux verrouillées, ce qui n’était pas dans les habitudes de son frère, il se résolut à utiliser sa propre clef et dévorée par la curiosité, Mary Peckham le suivit jusqu’à la porte d’entrée. Pénétrant dans la maison, Ross appela son frère et Sarah, sa femme, puis s’armant de courage, il traversa la cuisine obscure et ouvrit la porte de la chambre. Pendant quelques secondes il resta là, immobile, puis brusquement il se précipita vers la porte et cria à Mary de prévenir le marshall que » quelque chose de terrible venait de se passer. «
John Henry Horton, que l’on surnommait Hank, était un homme d’une cinquantaine d’années et il occupait le poste de marshall depuis un an. Lorsqu’il reçut l’appel de Mary, Hank se rendit immédiatement sur place et pénétra sans hésiter dans la maison par la porte que Ross Moore avait laissée grande ouverte en s’enfuyant. Les rideaux de la chambre étaient toujours tirés mais en rentrant dans la pièce, le marshall remarqua l’odeur rance qui flottait dans l’air et il comprit qu’un drame venait de s’y dérouler. Puis, alors que ses yeux s’adaptaient à l’obscurité, il distingua les éclaboussures sombres qui s’étalaient sur les murs et les deux formes étendues sur le lit. Un drap blanc maculé de tâches les recouvrait complétement, mais le bras livide qui s’en échappait ne laissait aucun doute sur ce qu’il dissimulait. Contre le mur, reposait une grande hache recouverte d’une substance dont le marshall devina la nature sans même s’en approcher. Une lampe à pétrole sans son verre trainait sur le plancher et quelque chose qui ressemblait à des vêtements déchirés, recouvrait le miroir de la chambre.
Hank s’arrêta un moment devant le grand escalier qui menait au premier étage, puis il commença à grimper mais en arrivant en haut des marches, une odeur familière l’assaillit, l’avertissant de ce qu’il allait y trouver. Tout près de lui s’ouvrait une chambre qui offrait le même terrible spectacle que celle du bas. Sur les murs s’étalaient des tâches d’un rouge sombre et deux silhouettes se devinaient sous les draps ensanglantés. Tirant le rideau pour laisser rentrer un peu de lumière, le marshall regarda autour de lui. Josiah et Sarah Moore étaient allongés sur leur lit, le crâne fracassé. Tout comme dans la chambre du rez de chaussée, une lampe à pétrole sans son verre reposait sur le sol, qu’il évita de toucher. Continuant l’inspection, le marshall se dirigea vers la pièce d’à côté. Les corps de quatre enfants, deux garçons et deux filles, gisaient sur leurs lits. Du sang recouvrait les draps, les murs de la chambre et même le plafond. Tous les membres de la famille Moore, Josiah 43 ans, Sarah 39 ans, Herman 11 ans, Katherine 9 ans, Boyd 7 ans et Paul 5 ans, avaient été assassinés de la même horrible manière. Hank songeait aux quatre enfants des Moore quand soudain il réalisa qu’il se retrouvait avec huit cadavres au lieu de six. Il allait devoir découvrir l’identité des deux victimes de la chambre du bas mais pour cela, il voulait demander de l’aide au chirurgien de la ville, le Dr J. Clark Cooper. Avant de partir le chercher, le marshall avisa un petit groupe qui s’était rassemblé près du porche et il leur donna pour consigne de ne laisser rentrer personne.
Il était maintenant 9h du matin, et dans une petite ville comme celle de Villesca, où il ne se passait jamais rien, la nouvelle du massacre commençait à s’ébruiter. De ce fait, si le marshall ignorait encore l’identité des deux corps retrouvés au rez de chaussée, leur famille n’allait pas tarder à apprendre leur mort de la plus terrible des façons. Joseph et Sara Stillinger étaient des agriculteurs aisés et ils avaient permis à leurs filles, Lena, 12 ans et Ina huit ans, d’aller passer la nuit chez leurs amies.
En début de matinée, voyant que les deux fillettes ne revenaient pas, ils avaient tenté de téléphoner aux Moore, mais personne ne leur avait répondu. Un peu plus tard, ils avaient essayé une nouvelle fois sans succès puis, en fin de matinée, alors qu’ils appelaient pour la troisième fois, un opérateur téléphonique indiscret, qui avait probablement écouté les conversations des uns et des autres, leur répondit que » tout le monde était mort dans cette maison. «
Hank et le Dr Cooper s’empressèrent de retourner sur les lieux du crime. Ils étaient accompagnés du Dr WA Lomas, du Dr FS Williams et du révérend Ewing, qu’Ed Selley avait prévenus, et peu de temps après le Dr AL Linquist, le coroner chargé de l’enquête, les rejoignit.
Après avoir précautionneusement soulevé le drap qui dissimulait les deux victimes de la chambre du bas, le groupe découvrit que la tête de l’une d’entre elles était singulièrement recouverte d’un vêtement, une sorte de manteau gris comme aurait pu en porter un garçon. Le meurtrier s’était tellement acharné sur leurs visages qu’aucune des personnes présentes ne put reconnaitre les fillettes. La plus jeune des deux, qui devait avoir sept ou huit ans, était la moins abimée et un examen rapide leur apprit qu’elle était morte du premier coup. La seconde semblait s’être réveillée et les différentes marques sur sa peau indiquaient qu’elle s’était débattue.
Deux robes blanches trônaient au pied du lit et, tout près d’elles, se trouvaient deux Bibles à l’intérieur desquelles étaient écrits leurs noms: Lena et Ina Stillinger. Certains avaient aperçu les petites filles la veille au soir, alors qu’elles se trouvaient à l’église en compagnie de la famille Moore, et il était aisé d’en conclure qu’elles s’étaient trouvées au mauvais endroit au mauvais moment.
Les médecins et le coroner accompagnèrent le marshall au premier étage et lui confirmèrent que toutes les victimes avaient bien été tuées de la même manière, probablement avec la même arme, cinq ou six heures auparavant. Le meurtrier avait apparemment utilisé le coté plat de la hache pour les assommer, puis il s’était servi de la lame, la balançant à plusieurs reprises pour achever son sinistre ouvrage, ce qui expliquait les traces et le sang au plafond. S’il avait porté 20 ou 30 coups à la tête de chacune des victimes, aucun des vêtements, des draps ou des oreillers n’étaient déchirés et il n’y avait aucune odeur d’anesthésique. Le tueur semblait s’être particulièrement acharné sur Josiah, le frappant avec tant de violence que ses yeux avaient été arrachés de son visage lacéré.
Sur le sol de la chambre du bas, près de la hache, le coroner découvrit un morceau de lard cru enveloppé dans un chiffon et un second de taille identique dans la glacière de la cuisine. Sur la table, se trouvait un bol remplit d’une eau ensanglantée et une assiette de nourriture préparée mais non entamée. Des vêtements déchirés recouvraient une fenêtre et plusieurs miroirs, et dans la chambre parentale, l’une des chaussures de Sarah semblait avoir été remplie de sang. Le Dr Linquist supposait que ce sang était celui de Josiah, qu’il s’était lentement écoulé dans la chaussure suite à ses blessures mais que le meurtrier était revenu lui asséner quelques coups supplémentaires par la suite, et qu’il avait renversé la chaussure par inadvertance. Toujours dans la même pièce, une empreinte de talon était dessinée sur un magasine qui trainait sur le plancher, près du placard.
Après avoir fouillé la maison, le petit groupe sortit inspecter la grange et le Dr Linquist remarqua une dépression dans le foin, de la taille d’un homme. A cet endroit, un trou se trouvait dans l’une des planches que le meurtrier avait probablement utilisé pour espionner ses victimes. A ce moment-là, le shérif Oren Jackson proposa son aide au marshall, bien conscient que le meurtrier avait une bonne longueur d’avance sur eux.
La nouvelle du massacre était maintenant connue et de nombreux curieux affluaient autour de la maison, allant même jusqu’à se faufiler à l’intérieur. Une rumeur courait qu’un homme était rentré à l’insu de tous puis il était ressorti en emportant avec lui un morceau du crâne de Josiah.
A midi, les forces de l’ordre étant débordées, la Garde Nationale vint les seconder, s’occupant de protéger la scène du crime et quelques heures plus tard, au cours de la soirée, un limier du Nebraska se présenta avec ses chiens pour tenter de suivre la piste du tueur. Malheureusement, comme la maison avait été visitée par de très nombreuses personnes, il fut très difficile pour les chiens d’y relever une odeur. Ils suivirent un moment le sentier qui traversait la ville et menait à la rivière, puis ils perdirent la piste et ne purent la retrouver. Apparemment, le tueur avait marché dans l’eau pour en ressortir… quelque part. Cette nouvelle déçut les nombreux journaliste qui avaient convergé vers la ville dans l’espoir d’obtenir de nouvelles informations. De nouveaux enquêteurs vinrent également renforcer le dispositif déjà en place, dont un expert en empreintes digitales, mais tous les objets avaient été tellement manipulés qu’il ne put rien en tirer. Il faut se souvenir qu’en 1912, l’étude des empreintes digitales en était à son tout début et que beaucoup ignoraient encore cette nouvelle technique d’investigation. A 22h, le procureur du comté Ratcliff donna finalement la permission à l’entrepreneur des pompes funèbres d’emmener les corps jusqu’à la caserne des pompiers, où avait été installée une morgue temporaire.
Le lendemain, le mardi 11 juin 1912, quatorze témoins furent appelés à témoigner devant le jury du coroner. Au cours de cette audience, Charles Moore, l’un des frères de Josiah, admit que son frère gardait bien une hache dans son hangar à charbon, mais il ne put la reconnaitre. Il précisa également qu’il croyait que Joe et sa femme avaient pour habitude de verrouiller la maison quand ils allaient dormir car quand il passait les voir le matin, il devait attendre que quelqu’un vienne lui ouvrir. Aucun des témoins ne connaissait d’ennemis à la victime, mais Ed Selley, l’employé de Joe, révéla que son patron lui avait raconté qu’un de ses beaux-frères ne l’aimait pas et l’avait même menacé.
Le lendemain, un service funéraire se déroula sur la place de la ville et des milliers de personnes y assistèrent. Les Gardes Nationaux bloquèrent ensuite la rue pour permettre aux cercueils de sortir de la caserne, puis ils furent transportés jusqu’au cimetière de Villisca, où ils furent enterrés.
En l’absence d’indices, les enquêteurs se penchaient sur leurs informations. Josiah B. Moore habitait Villisca depuis plus de 13 ans. Il avait été l’employé de Frank Jones pendant 9 ans puis il était devenu l’un des hommes d’affaires les plus importants de la ville. Il avait épousé Sarah Montgomery le 6 Décembre 1899 et le couple avait eu quatre enfants Herman, Katherine, Boyd et Paul. Sarah était particulièrement active au sein de la paroisse, et ils étaient tous deux appréciés de la communauté. La veille du drame, le dimanche soir, ils étaient allés à l’église puis ils avaient marché jusqu’à chez eux avec les filles Stillinger, riant et saluant leurs connaissances. Par un curieux hasard, ce soir-là, les lampadaires ne s’étaient pas allumés et les rues étaient particulièrement sombres.
Le massacre avait eu lieu entre minuit et cinq heures du matin, probablement plus tôt que plus tard. Le meurtrier avait pris la hache dans le hangar à charbon, s’éclairant de lampes à pétrole qu’il posait à terre et dont il éteignait la mèche avant de quitter la pièce. Lorsqu’il avait commis ses crimes, il avait du faire un bruit considérable, mais étrangement, toutes les victimes, sauf la malheureuse Lena, avaient été tuées dans leur sommeil.
L’homme leur avait ensuite recouvert le visage, ce qui laissait à penser qu’il les connaissait ou qu’il était particulièrement superstitieux. A cette époque, une légende rapportait que si quelqu’un mourait les yeux ouverts, alors la dernière image qu’il voyait se gravait dans sa rétine et qu’elle était décelable à l’autopsie. D’ailleurs, le 21 août, un journal rapportait que les détectives de Villisca travaillaient à résoudre l’assassinat récent et qu’ils avaient obtenu une photographie de l’assassin dans la rétine de l’œil de l’une des sœurs Stillinger, celle qui s’était réveillée lors de l’attaque.
Après avoir assassiné tout le monde, il avait tiré les rideaux puis il était retourné s’acharner sur leurs visages, utilisant cette fois le côté tranchant de la hache. Les fenêtres sans rideau avaient été masquées par des vêtements, tout comme les miroirs, probablement par superstition une fois encore. En certains endroits il était de coutume de recouvrir les miroirs d’un drap noir car l’on pensait que les âmes des mourants pouvaient y être emprisonnées et peut-être le meurtrier craignait-il une vengeance posthume.
Si le déroulement des faits semblait plutôt limpide, personne ne comprenait les raisons de son geste. Les morceaux de lard laissaient les enquêteurs particulièrement perplexes mais certains suggérèrent que ces crimes étaient peut-être sexuels et que le lard avait servi à des fins masturbatoires, ce qui restait une hypothèse crédible. Comme le tueur avait observé la famille Moore depuis la grange, les enquêteurs en conclurent qu’il n’avait pas agi sous le coup d’une impulsion et que les petites Stillinger n’étaient pas spécialement visées. Les deux fillettes n’avaient pas eu de chance et le sort allait continuer à s’acharner sur les Stillinger car peu de temps après Sara donnait naissance à un enfant mort-né et leur maison disparaissait en fumée.
Les jours suivants, les journaux proposaient déjà plusieurs possibilités quand aux motivations du tueur et de nombreuses rumeurs couraient quand à son identité, dont certaines étaient des plus fantaisistes. Mme Hamilton, médium autoproclamée d’une ville voisine, affirmait avoir vu le meurtrier dans ses feuilles de thé. D’après elle, l’homme était grand, il portait une moustache noire et un chapeau et elle pensait qu’il allait bientôt se livrer à la justice de lui-même. De plus, elle affirmait que l’arme du crime n’avait pas encore été retrouvée et qu’elle se trouvait près d’un autre bâtiment.
Le samedi matin précédent les meurtres, Mlle Van Gilder, 16 ans, la nièce de Josiah et Sarah, avait été accostée par un inconnu qui lui avait demandé si elle savait où se trouvait la maison des Moore. Un peu plus tard, quand elle en avait parlé à sa tante, cette dernière lui avait répondu qu’un homme correspondant à cette description était venu trainer vers chez eux. Le 15 juin, après avoir reçu un télégramme du shérif du comté de Warren, dans l’Illinois, le procureur Ratcliffe se précipita à Monmouth, accompagné de Mlle Van Gilder.
Un homme aux chaussures couvertes de sang avait été arrêté alors qu’il descendait du train et le procureur se demandait s’il n’était pas l’étranger qui avait demandé son chemin la veille des assassinats. Fort heureusement pour lui, en l’apercevant, Mlle Van Gilder fut formelle: il n’était pas l’homme à qui elle avait parlé. Quand à ses chaussures ensanglantées, il expliqua qu’il les avait obtenues en pratiquant son métier de clochard.
Le même jour, Mme Retta Johnson, qui accompagnait Mlle Minnie Moore, l’une des sœurs de Joseph Moore, déclara: » Si M. ou Mme Moore avaient regardé dans le placard de la pièce où dormaient les filles Stillinger, alors ils auraient vu le meurtrier, et probablement empêché le crime. «
Mme Johnson affirmait également que l’identité de l’assassin pouvait être déterminée par un morceau de chaine de montre retrouvé dans le lit où les deux sœurs avaient été tuées. Apparemment, la plus grande des deux avait lutté avec son assassin, la lui arrachant au cours de la lutte.
» Personne ne peut expliquer pourquoi un lit avait été préparé par Mme Moore à l’avant de la maison, et jamais occupé, » poursuivait-elle. » Une théorie est qu’ils avaient prévu qu’un autre invité passerait toute la nuit avec eux, mais leurs amis disent que ça n’est pas vrai. «
Andy Sawyer, le second suspect interpelé, était lui-aussi un vagabond dont le comportement singulier avait attiré l’attention. Selon Thomas Dyer, contremaitre des ponts et chaussées, M. Sawyer s’était approché de son équipe de Creston à 6h du matin, le jour où les corps avaient été découverts. Il était rasé de près, il portait un élégant costume brun mais ses chaussures étaient couvertes de boue et son pantalon mouillé jusqu’aux genoux. Il lui avait demandé un emploi et comme M. Dyer avait besoin de main d’œuvre, alors il l’avait engagé.
Mais un peu plus tard dans la journée, M. Sawyer avait acheté un journal qu’il était allé lire tout seul dans son coin, s’attardant particulièrement sur la page des meurtres de Villisca, ce que certains avaient trouvé étrange. A la nuit tombée il s’était isolé puis il s’était couché tout habillé, sa hache près de lui, et son comportement avait inquiété les hommes de l’équipe.
L’homme se montrait inquiet. Il avait personnellement avoué à Dyer s’être rendu à Villisca le dimanche soir et avoir pris peur en entendant parler de la tragédie. Comme le contremaitre le trouvait bizarre, le 18 juin 1912 il avait décidé de le livrer au shérif mais alors qu’il marchait derrière lui, Sawyer s’était frotté la tête et tout d’un coup il s’était écrié: » Je vais vous couper vos p….. de têtes! » A ce moment-là, il avait balancé sa hache, et commencé à frapper sur des piles en face de lui.
Jr, le fils de Dyer, témoigna également qu’en traversant Villisca, Sawyer lui avait montré par où l’assassin était sorti de la ville. Il lui avait expliqué que l’homme avait sauté par-dessus un tas de fumier, puis, désignant des empreintes, il lui avait dit qu’il avait franchi la voie ferrée à cet endroit et qu’il était rentré dans le ruisseau au niveau du vieil arbre.
Cependant, si de nombreux éléments semblaient l’accabler, il était impossible qu’Andy Sawyer soit coupable des crimes de Villisca car le soir du drame il se trouvait dans la ville d’Osceola, où un shérif l’avait arrêté pour vagabondage et mis dans un train à 23h.
Vu l’ampleur du massacre et l’acharnement dont le meurtrier avait fait preuve, certains des enquêteurs soupçonnaient une vengeance personnelle et leur intérêt s’était rapidement porté sur Frank F. Jones, chez qui Joe Moore avait travaillé. Les deux hommes s’étaient séparés en très mauvais termes et quand Josiah avait ouvert son propre magasin d’outils, il avait débauché quelques uns des gros clients de son ancien patron, ce qui avait attisé sa colère. Frank avait fondé la Banque Nationale de Villisca, mais il était également un homme politique, un sénateur, et il possédait un certain prestige auprès de ses concitoyens qui le décrivaient parfois comme arrogant. De plus, une rumeur insinuait que Josiah avait eu une liaison avec Dona, la belle-fille de Jones, et que cette histoire avait aggravé leur différent.
Bien évidemment, personne n’imaginait que Frank Jones avait lui-même perpétré ces crimes, mais il pouvait avoir engagé quelqu’un pour les commettre à sa place. Le détective Wilkerson, de la Detective Agency Burns, accusa ouvertement Frank et son fils Albert d’avoir engagé William Mansfield pour tuer Joe Moore, mais les deux hommes nièrent avec véhémence toute implication dans ces crimes et jamais ils ne furent arrêtés.
William Mansfield, originaire de Blue Island, dans l’Illinois, était le principal suspect du détective Burns et de James Newton Wilkerson. Selon lui, l’homme était accro à la cocaïne, il était un serial-killer et il avait assassiné les habitants de la maison Moore sur ordre de Frank Jones. Le détective avait remarqué que Mansfield commettait toujours ses meurtres de la même manière, et il prétendait pouvoir prouver qu’il était présent sur le lieu du crime au moment des faits.
Dans chacun des assassinats dont il l’accusait, les victimes avaient été massacrées à coups de hache, les miroirs recouverts, une lampe à pétrole sans son verre laissée au pied des lits et un bassin dans lequel le meurtrier s’était lavé les mains retrouvé dans la cuisine. De plus, lors de ses méfaits, Mansfield, qui savait que ses empreintes digitales se trouvaient dans un dossier de la prison de Leavenworth, prenait grand soin de porter des gants. Le détective le pensait responsable des meurtres à la hache perpétrés à Paola, au Kansas, quatre jours avant l’affaire Willisca, de ceux de Jennie Peterson et Jennie Miller, à Aurora, au Colorado, mais également de assassinat de sa femme, de son enfant, de son beau-père et de sa belle-mère, toujours à l’aide d’une hache, le 5 juillet 1914 à Blue Island, dans l’Illinois.
A force d’insistance, Wilkerson réussit à convaincre un grand jury d’ouvrir une enquête et Mansfield fut arrêté et amené à Kansas City. Cependant, ses bulletins de paie indiquaient qu’il se trouvait dans l’Illinois au moment des meurtres de Villisca, et il fut relâché pour manque de preuves. Pourtant, M. Thorpe, un restaurateur de Shenandoah, l’avait identifié comme l’homme qui lui avait dit venir de Villisca et qu’il avait vu monter dans un train à Clarinda. Le détective pensait que Frank Jones avait fait pression pour qu’il soit libéré. Plus tard, William Mansfield porta plainte contre Wilkerson et obtint 2,225.00$ de dédommagements.
Si certains pensaient que Frank Jones pouvait avoir commandité ces crimes barbares, pour la plupart des habitants de Villisca, il était peu probable qu’un citoyen de leur ville soit impliqué dans dans cette affaire et leurs regards se tournaient vers le malade qui sévissait dans la région et qui se faisait remarquer pour son gout prononcé pour la hache. En effet, neuf mois plus tôt, il y avait eu une série de meurtres à Colorado Springs. Le premier avait eu lieu un dimanche soir, le 17 septembre 1911. Le meurtrier était rentré dans la maison de HC Wayne, où il avait tué trois personnes, puis il s’était rendu chez leurs voisins, et il avait massacré Mme AJ Burns et ses deux enfants à la hache.
Deux semaines plus tard, le dimanche soir, un inconnu avait trucidé William Dawson, sa femme et sa fille avec une hache. Puis, dans le Kansas, le 15 octobre et le 5 juin, quelques jours avant l’affaire Villisca, deux nouvelles familles avaient été victimes du sadique. A Ellsworth, il avait tué les cinq membres de la famille de William Showman pendant leur sommeil, et à Paola, il s’en était pris à Roland Hudson et à son épouse. La pioche utilisée avait été abandonnée dans un autre bâtiment.
Trois mois après le massacre de Villisca, Charles Pfanschmidt, sa femme, sa fille et leur invité furent assassinés. La maison avait été incendiée, mais les corps retrouvés ne laissaient aucun doute: ils avaient tous été tués avec une hache au cours de leur sommeil. Le fils du couple ne vivait plus chez ses parents mais il attendait un héritage considérable et très vite, des rumeurs le désignèrent comme coupable. Tout le monde n’était pas d’accord avec cette théorie, certains pensaient plutôt que le tueur à la hache du Midwest était de retour, mais le fils fut néanmoins condamné.
La nuit des meurtres, à 5h19 du matin, un petit homme malingre avait discrètement quitté la ville en montant dans le train numéro 5, affirmant aux autres voyageurs qu’il y avait huit âmes mortes à Villisca, massacrées pendant leur sommeil. Certains témoins crurent comprendre que l’homme avait eu une vision divine, qui lui avait ordonné de suivre l’injonction divine » Tue, détruis. «
Cet homme s’appelait George Jacklin Lyn Kelly et il était révérend. Il était arrivé à Villisca le 8 juin. Il avait assisté au spectacle que les enfants avaient donné à l’église, ce qui était surprenant car il détestait les enfants, puis il était parti au petit matin. Deux semaines plus tard, il était revenu et, se faisant passer pour un détective, il s’était mêlé aux enquêteurs dans la maison des Moore, prétextant avoir suivi des études à Scotland Yard.
Les autorités s’intéressèrent à lui quelques semaines plus tard, après avoir été alertés par les lettres qu’il leur écrivait. Le révérend Kelly était le fils et le petit-fils de ministres anglais et il souffrait de dépression chronique. En 1894, il avait immigré en Amérique avec Kelly, sa femme, et depuis, il prêchait dans les églises méthodistes du Dakota, du Minnesota, du Kansas et de l’Iowa. Il avait également effectué plusieurs missions dans de petites communautés au nord de Villisca, où il avait la réputation d’être un homme étrange, et dans sa ville d’origine, le pasteur Kelly était connu pour son voyeurisme. Il avait été reconnu coupable d’envoi de matériel obscène par la poste et il avait passé du temps en hôpital psychiatrique.
Inculpé pour l’assassinat de Lena Stillinger, le prêtre fut arrêté et emprisonné au début de l’été 1917. Après deux mois d’interrogatoires, le 31 aout, à sept heures, il signa une confession dans laquelle il avouait:
« Je suis arrivé à Villisca le samedi soir précédant les meurtres. Dimanche, j’ai prêché deux fois dans le pays. Dimanche soir j’ai soupé avec le révérend Ewing qui m’a demandé si je voulais dormir seul dans la maison car lui et sa famille allaient coucher sous une tente. M. Ewing m’a montré ma chambre. Je suis allé au lit, mais je ne pouvais pas à dormir. Je travaillais sur un sermon, dont le texte était » Tue, détruis. » J’avais entendu Gypsy Smith prêcher sur ce sujet. Je me suis habillé et je suis sorti sur le balcon. J’ai entendu un bruit comme un moulin à vent. Je suis retourné au lit, mais je n’arrivais toujours pas à dormir. Ensuite, je me suis levé et habillé puis je suis sorti pour une promenade, étudiant encore mon sermon.
A 02h34, je suis allé à l’Église presbytérienne. Alors que j’étais seul dans l’église, j’ai entendu une voix. Elle disait: » Va plus loin! » Je suis sorti et j’ai marché jusqu’au bout de la rue, où j’ai vu une ombre qui m’a fait signe de la suivre. L’ombre m’a conduit à la maison Moore. J’ai vu une hache sur un tas d’ordures. J’ai pris la hache par la poignée. La voix m’a de nouveau parlé disant: » Allez, suis l’ombre! Tue, détruis! «
L’ombre m’a conduit à la porte de la maison Moore. A l’intérieur la voix a dit: » Monte. » J’ai obéi à la voix. Je pensais que je montais l’échelle de Jacob. Je suis allé dans une salle où quatre petits enfants dormaient. La voix de Dieu m’a dit: » Tue, détruis, souffre que petits enfants viennent à moi! » J’ai répondu à la voix de Dieu et dit: » Oui, Seigneur, ils viennent maintenant. »
J’ai pris le bout du manche de la hache en main et tué les enfants. Je suis sûr que j’ai tué les enfants d’abord. Les enfants m’ont dérangé toute ma vie. Je pense que j’ai mis un drap sur eux par la suite.
La voix de Dieu m’a dit alors: » Continue. Il doit y avoir des sacrifices de sang. » J’ai suivi l’ombre dans une chambre, où M. et Mme Moore dormaient. Je travaillais aussi vite que je le pouvais. Je pense que j’ai tué la mère en premier. Je me sentais fatigué. Je suis allé en bas des escaliers, et pensant que je pourrais trouver un endroit pour m’allonger. J’ai vu les deux filles qui dormaient dans une chambre. La voix de Dieu m’a dit: » Continue, toujours. Tue, détruis! » Les mots résonnaient toujours dans mes oreilles. Je les ai tuées. Je pense que j’ai mis un drap sur elles, mais je ne m’en souviens pas.
Les mots » Tue, détruis » étaient dans mon esprit avant les meurtres et depuis, ils bourdonnaient dans mes oreilles. J’ai eu un moment difficile, tentant de résister à l’envie de tuer. Mon âme est soulagée maintenant pour la première fois en cinq ans. «
Si ces aveux étaient stupéfiants, ils ne suffisaient pas à prouver la culpabilité du prêtre. D’après leurs analyses, les policiers pensaient que le tueur était gaucher et voulant en avoir le cœur net, ils demandèrent à Kelly de couper du bois. L’homme prit alors la hache, et la souleva vers la gauche. Pour de nombreuses personnes, le révérend Kelly était bien le tueur.
Cependant, peu avant le procès, Kelly se rétracta et son avocat, WE Mitchell, fit rejeter ses aveux par le tribunal, expliquant qu’ils avaient été extirpés au bout d’une nuit complète d’interrogatoire, probablement pour protéger quelqu’un. Il déclara également qu’au moment où il les avait signés, » Kelly était plus mort que vif, plus fou que sain d’esprit. «
Le procès du révérend Kelly commença en septembre 1917. Pour son avocat, le défi était de prouver que l’accusé n’avait pas toute sa tête et qu’il avait développé une telle obsession pour l’affaire de Villisca qu’il en était venu à avoir des idées délirantes, se prenant pour le tueur. Apparemment, il était connu pour son obsession sur les meurtres de Villisca et cette lubie lui était venue en juin 1912, quand il avait visité la maison en se faisant passer pour un détective.
La femme de Kelly vint témoigner, expliquant que son mari avait un esprit faible et qu’il lui arrivait de mentir. Il s’était déjà vanté d’être responsable d’un incendie criminel alors que ce jour là, il se trouvait à la maison avec elle. Le révérend Kelly avait peut-être signé une confession, mais même s’il avait une aversion marquée pour les enfants et s’il était gaucher, il n’y avait aucune preuve contre lui. Lors de la délibération les membres du jury ne purent trouver un accord. Onze hommes voulaient acquitter l’accusé mais un préférait le déclarer non coupable pour cause d’aliénation mentale. De ce fait, un second procès se déroula au mois de novembre, et cette fois, il fut acquitté. Cependant, il avait été seulement jugé pour l’assassinat de Lena Stillinger, il était toujours possible de porter d’autres accusations contre lui, mais cela n’arriva jamais. A sa libération, le révérend déclara qu’il écrirait un livre intitulé Un Pion dans le Jeu, mais jamais il ne le fit. Il déménagea à Kansas City, puis à New York, mais les dernières années de sa vie restent un mystère. Certains pensent qu’il a fini ses jours dans un asile psychiatrique, peut-être à raison.
En décembre 1912, six mois après les événements, Henry Lee Moore fut arrêté, poursuivi et reconnu coupable des meurtres de son épouse et de sa grand-mère maternelle à Comumbio, dans le Missouri. Pour les tuer, il s’était servi d’une hache et le père de l’agent fédéral McClaughry, qui était directeur du pénitencier où l’homme était enfermé, raconta l’histoire à son fils. Henry Moore était un vagabond agressif, sujet à de brusques accès de colères, qui pouvait être considéré comme un suspect dans le massacre de la famille Moore. Au moment des faits il avait déjà passé un an en prison pour de petits délits, ses empreintes digitales se trouvaient donc dans son dossier, mais il pouvait avoir porté des gants pour accomplir ses crimes.
Estimant que le profil de Moore correspondait à celui du tueur recherché pour le massacre de Villisca, McClaughry commença à enquêter. Il consulta les dossiers de tous les meurtres à la hache qui avaient eu lieu dans le Midwest au cours des deux dernières années puis il interrogea le suspect et en conclut que Henry Moore était responsable de 23 de ces meurtres. Au moins… En mai 1913, McClaughry annonça qu’il avait résolu le mystère du tueur à la hache, mais pour une étrange raison personne n’y prêta attention et Henry Moore ne fut jamais poursuivi.
Le 19 mars 1917, le révérend JJ Burris, de Yerrillton, en Oklahoma, se présentait devant le grand Jury de Montgomery. Le révérend, qui était pasteur de l’Église du Christ d’Oklahoma, déclara qu’un homme, dont le nom lui échappait, lui avait avoué sur son lit de mort avoir commis les meurtres qui déroutaient les détectives et les officiers d’état depuis plus de quatre ans et demi.
Il expliqua que la confession lui avait été faite dans un hôtel de Radersburg, en juillet 1913, environ un an après le crime. L’homme lui avait dit qu’il vivait à Villisca au moment des faits et qu’il travaillait comme forgeron. C’était un homme d’environ 25 ans au moment de sa mort. Ses parents vivaient toujours à Villisca mais sa sœur avait épousé un médecin et quitté la ville pour vivre dans l’ouest.
En entendant ce témoignage, le détective JN Wilkerson affirma qu’il avait déjà enquêté sur l’histoire mais qu’il avait constaté qu’elle ne tenait pas debout et la cause fut entendue.
Le 28 mars 1931, George Meyers, un prisonnier de 48 ans qui attendait d’être jugé pour cambriolage, reconnut avoir assassiné six personnes à la hache, un homme, sa femme et leurs quatre enfants, à Villisca, 18 ans auparavant. Cette confession survenait après cinq heures d’un interrogatoire musclé mené par les détectives Max Richman et Earl Anderson, qui avaient reçu une lettre anonyme les encourageant à interroger le prisonnier.
Un homme, dont il ne savait pas le nom, lui avait proposé 5000$ pour tuer M. et Mme Moore ainsi que leurs quatre enfants. Meyers avait alors demandé une partie de l’argent avant d’effectuer le travail, et l’homme lui avait donné 2000$, lui affirmant qu’il lui donnerait le reste une fois sa tâche terminée. Meyers avait pris une hache, il était rentré dans la maison vers minuit, et il les avait tous tués, l’homme, sa femme, et leurs quatre enfants. Ils étaient tous endormis. Peu après, il avait à nouveau rencontré le commanditaire et il lui avait dit que le travail était fait. Meyers espérait toucher le reste de l’argent tout de suite, mais l’homme lui avait demandé d’attendre un peu, car il voulait être sur que toute la famille avait bien été tuée. Alors, brusquement pris de peur, Meyers avait fui la ville avant l’aube et n’y était jamais revenu.
S’il avait avoué le meurtre des Moore, George Meyers niait obstinément avoir tué les deux filles Stillinger. Il fut condamné à 15 ans de prison et personne ne crut en ses aveux.
Les crimes du meurtrier à la hache de Villisca ne furent jamais résolus et aujourd’hui encore, l’enquête est officiellement ouverte.
La Hantise
Au cours des 80 années qui suivirent le massacre de Villisca, la maison changea de propriétaire à de nombreuses reprises et chacun la transforma à sa convenance. Puis, en 1994, un agent immobilier proposa à Darwin et Martha Linn, tous deux fermiers, d’acheter la maison Moore. A l’époque, le couple possédait déjà un musée situé sur la place de la ville, et ils virent dans cette proposition un moyen de préserver le patrimoine de Villisca. La maison était dans un tel état qu’elle aurait probablement été rasée s’ils ne s’en étaient pas portés acquéreurs.
Les travaux commencèrent fin 1994, après avoir obtenu les fonds nécessaires à sa rénovation. Utilisant de vieilles photographies, des témoignages et les rapports d’enquête de 1912, les Linn redonnèrent à la maison l’aspect qu’elle présentait lors de la tragédie, allant même jusqu’à y enlever toute trace de modernité tels que les câbles électriques. En 1998, la maison Moore fut classée au registre national des lieux historiques et peu de temps après, commençaient les premières rumeurs de hantise. Il faut savoir qu’étrangement, jusqu’en 1999, jamais il n’y avait eu la moindre observation de fantômes ou de phénomènes étranges mais les rénovations semblaient avoir réveillé les esprits.
Depuis, la maison du tueur à la hache de Villisca est ouverte aux curieux qui peuvent la visiter ou la louer pour quelques jours. Outre les criminologues, des amateurs de sensations fortes et des chasseurs de fantômes y séjournent régulièrement dans l’espoir d’assister à quelque manifestation surnaturelle. La maison a, bien évidemment, été étudiée par une multitude d’enquêteurs du paranormal dont les expériences auraient été similaires et qui en auraient ramené de nombreuses preuves de l’existence d’une activité paranormale telles que des enregistrements de voix, surtout des voix d’enfants, des photographies d’orbes, de silhouettes, de visages etc…
La plupart du temps, les phénomènes commenceraient vers 2h du matin, exactement au moment où un train traverse la ville. La légende raconte qu’en 1912, le tueur se serait servi du sifflet du train pour pénétrer discrètement dans la maison, et qu’aujourd’hui il servirait de déclencheur.
Au moment où il retentirait, apparaitrait parfois un brouillard sombre dans la chambre parentale, qui suivrait les visiteurs ou se promènerait d’une pièce à l’autre. Des voix et des rires d’enfants résonneraient dans la nuit, des objets bougeraient tout seuls, d’autres chuteraient sur le sol, les portes se fermeraient d’elles-mêmes, des coups, des grattements et des bruits de pas se feraient entendre, la flamme des lampes à pétrole s’éteindraient sous d’invisibles souffles, des orbes flotteraient dans l’air et des médiums communiqueraient avec l’esprit des morts.
Récemment, le 7 novembre 2014, un homme de 37 ans qui participait à une enquête sur les manifestations paranormales de la maison Moore se serait poignardé lui-même dans des circonstances qui restent confuses. Au moment des faits, l’homme, qui faisait parti d’un groupe de recherches, se trouvait seul dans une des chambres quand la tragédie est survenue. Vers 0h45, l’heure supposée des crimes de 1912, ses hurlements ont réveillé ses confrères qui ont immédiatement appelé les secours. Poignardé à la poitrine, il se trouvait dans un état grave et il a immédiatement été transporté à l’hôpital par hélicoptère. Il en serait sorti quelques jours plus tard, se refusant à tout commentaire.
Martha Linn, qui s’occupe toute seule de la maison depuis le décès de son mari, expliquait aux journalistes venus l’interroger sur cette surprenante affaire que tous les enquêteurs espéraient que quelque chose allait venir à eux et que parfois, certains tentaient le sort. Elle espérait que cet incident ne découragerait pas les éventuels visiteurs de venir séjourner dans la maison du tueur à la hache de Villisca, mais il est tellement étrange qu’il risque, au contraire, d’en attirer un peu plus encore.