En 1897, Louisa Luetgert fut sauvagement assassinée par son mari Adolph. Le meurtrier fut condamné à la prison à perpétuité, mais peut-être sa femme trouva-t-elle la sentence trop clémente car peu de temps après, elle revint le hanter.
Adolph Luetgert, le Roi de la Saucisse
Adolph Louis Luetgert était né à Gütersloh, en l’Allemagne, le 27 Décembre 1845, au sein d’une famille modeste, et il était le troisième des onze enfants de Christian Lütgert et de Margreta Severin. Le jeune Adolph fut scolarisé de l’âge de sept ans jusqu’à ses quatorze puis il devint l’apprenti de Ferdinand Knabel, qui entreprit de le former au métier de tanneur. A cette époque, il vivait toujours dans la même région, mais il avait déjà quitté sa famille et il était hébergé par son patron. Deux ans et demi plus tard, à la fin de son apprentissage, Adolph commença à voyager en Allemagne, travaillant de-ci de-là, quand il trouvait quelque chose. A l’âge de 19 ans, il se rendit à Londres, en Angleterre, où il resta environ six mois, lavant les sols d’un restaurant pour survivre, puis, faute de trouver un meilleur emploi, il se résolut à partir.
Ayant entendu dire que des milliers de ses compatriotes s’étaient installés en Amérique avec très peu d’argent, le jeune homme, qui était alors âgé d’une vingtaine d’années, embarqua sur un navire en partance pour les États-Unis avec trente dollars en poche. Adolph débarqua à New York mais il n’y resta que de temps, préférant rejoindre des amis à son frère qui vivaient à Quincy, dans l’Illinois. Le jeune homme resta à Quincy pendant environ quatre mois, puis il déménagea à Chicago et commença à chercher un emploi dans une tannerie. Pendant quelques années, il travailla pour diverses sociétés sans parvenir à trouver de place stable, puis en 1872, il décida de monter sa propre entreprise de spiritueux avec les quatre mille dollars qu’il avait économisés. Au cours de la même année, il épousa Caroline Roepke, dont il eut deux enfants. L’histoire ne dit pas de quelle manière elle perdit la vie, mais en 1877 Caroline mourut et deux mois plus tard, le 18 Janvier, 1878, Aldolph se remaria avec Louisa Bricknese, une ravissante jeune femme d’origine allemande dont il était follement épris.
Louisa était de dix ans sa cadette, il avait 32 ans, elle en avait 23, et elle travaillait comme domestique à Chicago. Elle avait rencontré Aldolf par hasard, et il avait été immédiatement transporté en la voyant, fasciné par sa frêle silhouette. Elle mesurait à peine un mètre cinquante-deux pour cinquante-deux kilos, et semblait une enfant aux côtés d’Aldolph, qui était un homme imposant. Comme symbole de leur union il lui offrit un anneau d’or gravé de ses nouvelles initiales, LL.
En 1879, abandonnant son entreprise d’alcool, Adolph ouvrit une petite usine de conditionnement de viande à l’angle de l’avenue de l’Ermitage et du boulevard Diversey, la AL Luetgert Sausage and Packing Company, et juste à côté, il fit construire une maison de trois étages pour Louise et leurs deux fils, Elmer et Louis. L’entreprise connut rapidement le succès et bientôt Adolph devint le plus grand producteur de saucisses de la ville. Grâce à un dispositif ingénieux, il proposait des saucisses tout au long de l’année, ce que les autres fabricants n’étaient pas en mesure de faire. En 1893, venant couronner des années d’efforts, celui qui était alors surnommé » Le Roi de la Saucisse, » devint le fournisseur officiel de saucisses de Francfort pour l’Exposition Universelle de Chicago. Malheureusement, cette bonne fortune fut de courte durée car dès que le salon prit fin la dépression économique qui touchait déjà le reste du pays ravagea Chicago. Les ventes de la Luetgert Compagny commencèrent alors à s’effondrer, puis de nombreux clients se virent dans l’incapacité d’honorer le paiement des commandes déjà reçues, plongeant l’entreprise dans la faillite. L’infortuné fabriquant tenta alors de vendre son usine, mais il se fit escroquer, ce qui acheva de le ruiner.
Adolph avait préservé sa femme aussi longtemps que possible. Louisa était heureuse, elle aimait sa nouvelle vie, tout comme les avantages liés à sa condition sociale, et il craignait à la décevoir. Malheureusement, vint le moment où il fallut lui dire la vérité mais dès qu’il lui annonça la triste réalité de leur situation, le couple commença à se déchirer, toujours pour des histoires d’argent. Leurs disputes étaient si bruyantes et si violentes que tous les voisins furent bientôt avertis de leurs différents. Peu de temps après, Adolph fit installer une petite chambre dans l’un des bureaux de l’usine et fuyant les scènes quotidiennes, souvent il s’y réfugiait. Des rumeurs commencèrent alors à courir, qu’il était infidèle à sa femme, qui furent bientôt confirmées quand un employé de la fabrique surprit M. Luetgert et Mary Siemering, sa servante, en train de s’embrasser. Ce scandale attisa un peu plus encore la curiosité de leurs voisins, qui se régalaient déjà des malheurs conjugaux du couple. Certains prétendirent avoir entendu Louisa menacer son mari de le quitter, et d’autres rajoutèrent qu’en prévision de son départ il courtisait déjà Christine Fields, une riche veuve.
Puis brusquement, le 1er mai 1897, Louisa disparut. Le lendemain, interrogé par ses fils, Adolph leur répondit que leur mère était sortie la veille au soir pour visiter sa sœur et qu’elle n’était toujours pas rentrée, ce qu’ils semblèrent accepter. Le 4 mai, Deidrich Bicknesse, le frère de Louisa, demanda à parler à sa sœur et sans sembler s’en inquiéter, Aldolph l’informa qu’il ne l’avait pas vue depuis trois jours. Il lui expliqua qu’il n’avait pas pris la peine d’en informer la police car il avait la certitude que sa femme l’avait quitté, comme elle le lui avait si souvent promis, et qu’elle était repartie en Allemagne, probablement en compagnie d’un autre homme. Le 7 mai, comme elle ne revenait toujours pas, M. Bicknesse décida d’aller signaler la disparition de Louisa à la police, qui se mit aussitôt à sa recherche. Les journaux se firent l’écho de l’affaire, diffusant le portrait de la jeune femme, et la rivière fut draguée sur une distance considérable, sans rien ni personne ne soit découvert. Le capitaine Herman Schuettler, qui avait été chargé de l’enquête, fit interroger les parents et les voisins de la jeune femme, qui rapportèrent que depuis quelques temps, le couple connaissait de violentes disputes, certains affirmant même que M. Luetgert, qui avait de sérieuses difficultés financières, courtisait déjà une riche veuve avec laquelle il avait prévu de se marier dès qu’il se serait débarrassé de sa femme.
Poursuivant leur enquête, les policiers recueillirent les témoignages des employés de l’usine, et l’un d’eux, Wilhelm Fulpeck leur expliqua que dans la soirée du 1er mai il avait vu Louisa rentrer dans l’usine vers 22h30. Frank Bialk, le vielleur de nuit, confirma son histoire, rajoutant que ce soir là, M. Luetgert et sa femme étaient ensemble et qu’après l’avoir envoyé faire une course, M. Luetgert lui avait donné sa nuit. Plus inquiétant encore, l’examen des factures de l’entreprise révéla que la veille de la disparition de Louisa, son mari avait commandé pour 378£ pour de potasse caustique et 50£ d’arsenic. Ces achats auraient pu passer inaperçu, de nombreux produits chimiques étaient utilisés dans l’usine, mais les locaux avaient été fermés quelques jours auparavant afin de procéder à une réorganisation, ce qui les rendait inexplicables. Le capitaine Schuettler commença alors à suspecter Adolph Luetgert d’avoir tué sa femme, d’avoir dissout son corps dans un bain d’acide et d’avoir brûlé ses restes, quelque part, dans les locaux de la fabrique de saucisses. Mais encore fallait-il le prouver…
Une perquisition de l’usine fut alors décidée, qui se déroula le 15 mai, et à cette occasion, le concierge conseilla aux enquêteurs de fouiller le sous-sol, où se trouvait de grandes cuves qui étaient habituellement utilisées pour cuire les saucisses. Quand ils descendirent dans la pièce en question, les policiers s’aperçurent que l’une des cuves était encore à moitié remplie d’un liquide brun-rougeâtre à l’odeur putride. Intrigués, ils en drainèrent le liquide, laissant apparaitre de petits morceaux d’os gluants, la moitié d’une fausse dent, deux baleines de corset et deux bagues. Sur l’une d’entre elles, les initiales LL se distinguaient très nettement. Puis, comme le capitaine Schuettler pensait que l’assassin avait du faire brûler les restes de Louisa, les enquêteurs inspectèrent la cour où étaient versées toutes les cendres des différents fours et ils y découvrirent de nouveaux os, dont certains semblaient humains, et des morceaux d’acier. Les différents ossements furent ensuite analysés par un médecin légiste qui les identifia comme l’os métatarsien, la phalange d’un orteil, les bouts de côtes et le fragment de crâne d’une femme. Le 18 mai, Aldolph Luetgert, qui ne cessait de clamer son innocence, fut arrêté et quatre jours plus tard, il était inculpé par le Grand Jury. Les détails de ce sordide crime heurtèrent particulièrement les esprits, et bientôt une rumeur courut que M. Luetgert avait tué sa femme et l’avait transformée en saucisses, ce qui fit grandement chuter les ventes de saucisses dans toute la région.
Le Procès
Présidé par le juge Richard Tuthill, le procès d’Adolph Luetgert débuta le 24 août 1897 et il fut un spectacle prisé, autant par les journalistes que par les curieux. Chaque jour, plus d’un millier de personnes se pressaient dans la salle d’audience, surtout des femmes, qui espéraient apercevoir le tueur. L’accusé était défendu par William Vincent, poursuivi par Charles Deneen, qui allait plus tard devenir gouverneur et sénateur de l’Illinois. Toutes les discussions tournaient autour de la disparition de Louisa, le 1 mai 1897. L’alliance marquée LL retrouvée dans l’une des cuves de la fabrique de saucisses était la preuve principale du procureur, qui accusait Adolph d’avoir tué sa femme et d’avoir fait disparaitre son cadavre. De son côté, la défense soutenait que la jeune femme était tout simplement partie de chez elle, une thèse qui était appuyée par les nombreux témoignages de personnes qui l’avaient vue, un peu partout dans le pays. En fait, depuis sa disparition, Louisa avait été aperçue une douzaine de fois. Malheureusement, la plupart de ces témoignages étaient des canulars, et les autres de simples méprises.
Quand ils furent appelés à la barre, Nicolas Faber, Emma Schimpke et Gottliebe Schimpke affirmèrent avoir vu l’accusé entrer dans son usine vers 22 heures la nuit du 1er mai, avec une femme de la taille de Mme Luetgert. Frank Bialk, le gardien de l’usine, qui était fermée depuis le drame, déclara que cette nuit-là, M. Luetgert lui avait ordonné de descendre deux barils de potasse caustique et de les placer dans la chaufferie. Par la suite, il l’avait vu verser le contenu des deux barils dans l’une des cuves. Le gardien était normalement chargé de surveiller la pression des machines à vapeur durant toute la nuit mais vers 22h10, M. Luetgert l’avait envoyé à la droguerie lui chercher une certaine médecine pour les nerfs et quand il était revenu, il avait trouvé la porte de la pièce verrouillée. M. Bialk rapporta également qu’après la fouille de l’usine, M. Luetgert lui avait demandé si les policiers avaient découvert quelque chose et comme il répondait que non, l’accusé avait poussé un soupir de soulagement et s’était écrié: » C’est bon. » Il l’avait ensuite exhorté de rien dire à la police, lui promettant que lorsque l’usine rouvrirait, de meilleurs postes leur seraient proposés, à lui et à son fils.
Mme Agatha Tosch, dont le mari tenait une taverne juste en face de l’établissement, déclara avoir vu de la fumée sortir des cheminées de l’usine la nuit du 1er mai, alors qu’elle était arrêtée depuis un certain nombre de jours. Elle affirma également que M. Luetgert lui avait rendu visite le lendemain, lui demandant de ne rien dire au sujet de la fumée sous peine de lui causer des ennuis. Puis, comme elle refusait de se taire, un homme avait tenté de l’intimider au début du procès, qui avait été interpelé par la suite. M. Hengst vint raconter qu’en passant près de l’usine le 1er mai vers 22h, il avait entendu un bruit, semblable au cri d’une personne, et Carl Voelker, qui était chimiste, expliqua que de la potasse caustique n’avait rien à faire dans une usine de saucisses. Mme Christina Feldt, la veuve que l’accusé avait un moment courtisée, déclara que son prétendant exprimait souvent la haine qu’il ressentait envers sa femme, laissant entendre qu’il allait se débarrasser d’elle, et le capitaine Schuettler souligna l’indifférence manifeste dont avait fait preuve Adolph, tant sur le sort de sa femme que sur le résultat de l’enquête officielle.
L’accusation fit appeler des experts, qui démontrèrent que les fragments d’os retrouvés dans l’usine étaient ceux d’une femme de petite taille, mais la défense avait elle-aussi ses spécialistes, qui prétendirent qu’il était impossible d’affirmer que ces ossements étaient bien humains. Le procureur expliqua que le 7 août, ayant obtenu un cadavre, il l’avait placé dans une cuve identique à celle de l’usine, et qu’il l’avait fait bouillir dans de la potasse caustique pendant deux heures. A l’expiration de ce délai, il ne restait rien des parties charnues du corps mais juste un fluide, et tous les os, à l’exception des plus grands, avaient été complétement détruits. Cependant, l’avocat de la défense affirma qu’il avait également fait le même test, que le processus n’avait pas réussi à dissoudre le corps, et personne ne sut quoi en penser.
Le 25 septembre, Mary Seimmering témoigna en faveur d’Adolph, expliquant qu’il s’était toujours montré bon envers sa femme. Elle nia avoir eu une relation intime avec lui, ce qui était en contradiction avec les propos qu’elle avait tenus au Grand Jury, à qui elle avait avoué sa relation avec l’accusé. William Charles, le partenaire d’affaires d’Adolph, suggéra que la potasse caustique avait été achetée dans le but de fabriquer du savon doux, car ils pensaient nettoyer l’usine avant de la vendre. Venant contrer cette affirmation, le shérif adjoint Frank Moan jura que lorsqu’il avait visité la place, il y avait plus de 100 boîtes de savon en stock, ce qui semblait amplement suffisant pour nettoyer le bâtiment. Une lettre fut alors montrée, qui avait été reçue par le magistrat Schalke et qui était signée Louisa Luetgert, dans laquelle la jeune femme expliquait vivre avec des amis à Chicago. Cependant, l’écriture ne ressemblait en rien à celle de la disparue, et les autorités en conclurent que cette missive avait été envoyée afin de troubler les esprits.
Le 18 octobre, le cas fut soumis aux membres du jury qui, après avoir délibéré pendant 66 heures, échouèrent à s’entendre, neuf votant pour une condamnation, et trois en faveur d’un acquittement. Un nouveau procès fut alors décidé, qui commença le 29 Novembre 1897. Adolph, qui se trouvait probablement à court d’argent, lança alors un appel au public pour une aide financière, mais peu de personnes y répondirent. Le 19 Janvier 1898, l’accusé, ayant décidé de se défendre lui-même, fut appelé à la barre, et la police connut beaucoup de difficultés à maintenir la foule qui s’entassait devant le tribunal dans l’espoir d’assister à la séance. Adolph Luetgert plaida son innocence pendant dix-huit heures et demi, mais apparemment, ce ne fut pas suffisant car le 9 Février 1898, il fut reconnu coupable de l’assassinat de sa femme et condamné à la réclusion à perpétuité à la prison de Joliet. Alors, dans les rues de Chicago, les enfants chantèrent une comptine, qui résumait ce que personne n’osait dire:
» Le vieil homme Luetgert a fait de la saucisse de sa femme!
Il a tourné la vapeur
Sa femme a commencé à crier
Il fera chaud dans la vieille ville ce soir! «
La Hantise
Après sa condamnation, Adolph Luetgert fut transféré à la prison de Joliet, et brusquement, il sembla perdre l’esprit. Il balbutiait de façon incohérente, et même s’il continuait à clamer son innocence, il se plaignait aux gardiens, affirmant que sa défunte épouse le hantait et qu’elle voulait se venger. Peu de temps après, les voisins de la maison Luetgert rapportèrent que le fantôme de Louisa se montrait parfois dans son ancienne demeure. Le 27 juillet 1899, Adolph retourna dans sa cellule avec son petit-déjeuner mais comme il était sur le point de manger, soudain il s’effondra, victime d’une crise cardiaque.
Quelques mois plus tard, Frank Pratt, membre du barreau de Chicago, déclara que lors d’une visite à Joliet en Février 1898, il avait discuté avec Chris Merry, l’un de ses clients qui était un peu chiromancien, et qu’à cette occasion, il lui avait avoué avoir proposé à Adolph Luetgert de lui lire les lignes de la main. Ce dernier y avait consentit et après avoir fait usage de son don, Chris lui avait dit qu’il avait un tempérament violent et que parfois, il perdait le contrôle de lui-même. A ce moment-là, Adolph avait pratiquement admis avoir tué sa femme alors qu’il était possédé par le diable. Le chiromancien considérait cet aveu comme un secret professionnel et il ne s’était senti libre de le divulguer qu’après sa mort.
Lawrence Harmon, qui avait été l’avocat d’Adolph lors de son second procès, était persuadé que son client disait la vérité et qu’il n’avait pas tué sa femme. Il pensait qu’elle avait disparu, tout simplement. Il en était tellement sur qu’il dépensa plus de 2000$, qu’il préleva sur sa fortune personnelle, afin de le prouver, consacrant le reste de sa vie à tenter de retrouver Louisa. Il finit par sombrer dans la folie et mourut dans un établissement psychiatrique.
Après la disparition de son mari, Louisa continua à hanter leur ancienne demeure. Parfois, certains l’apercevaient, vêtue d’une longue robe blanche, accoudée à la cheminée du salon, furtive et silencieuse. Puis la maison fut louée, mais aucun des locataires n’y resta bien longtemps. Puis le 4 avril 1901, le journal le Des Moines Daily News, rapporta cette étrange histoire, de deux policiers qui avaient vu le fantôme de Louisa dans l’usine Luetgert:
» Près de quatre années se sont écoulées depuis l’assassinat de Mme Louisa Luetgert par son mari, et maintenant son fantôme apparait dans le bâtiment de l’usine sur l’avenue Diversey, où elle a été tuée. Plusieurs personnes qui vivent dans la rue peuvent témoigner de ce fait. John Seifert, le gardien de l’usine, August Beck, le tenancier du bar juste en face de l’immeuble, et Gustaf Haas, qui vit dans la maison anciennement occupée par Adolph Luetgert, sont trois des nombreuses personnes qui ont vu l’apparition.
Seifert a signalé l’incident à la police le mercredi, le fantôme étant apparu pour la première fois mardi. Mercredi soir, le capitaine Herman Schuettler, de la brigade de l’avenue Sheffield, a envoyé les détectives John Quinn et William Blaul à l’usine. Une lumière est bientôt apparue à l’une des fenêtres de l’usine, et les officiers ont décidé d’enquêter. Avec leurs revolvers tirés de leurs étuis et portant chacun une lanterne, ils sont entrés dans l’usine en compagnie de Seifert.
Immédiatement, une lumière s’est précipitée devant eux, comme si elle était une trainée de foudre. Puis prenant l’escalier, elle est descendue du premier étage au sous-sol. Les agents l’ont suivie, et quand ils sont arrivés au sous-sol, ils ont vu à nouveau la lumière. Elle était à l’endroit même où se trouvait la fameuse cuve dans laquelle le corps de Mme Luetgert avait été désintégré. Quinn s’est précipité sur elle, mais elle a disparu, et avant qu’il ne réalise, elle était dans un coin, à quinze mètres de distance. L’officier s’est à nouveau approché, et cette fois il a été en mesure d’arriver à quelques centimètres de l’apparition, qui était en tout typiquement celle d’une femme. L’officier a bondi sur elle, mais ses bras se sont heurtés à un petit baril et sa tête a traversé une vitre. La lumière a disparu, mais une foule d’hommes et de femmes qui étaient à l’extérieur du bâtiment à regarder ont dit qu’à peine avaient-ils entendu le fracas d’une vitre qu’ils avaient vu la lumière apparaitre vers le haut de l’usine. Les policiers sont retournés au poste, et ils croient fermement aux fantômes. «
Certains prétendent que l’usine Luetgert a complétement brûlé en 1902, et pourtant elle est toujours debout, au 1700, West Diversey Parkway. Un incendie a effectivement eu lieu le 26 Juin, 1904, mais par un curieux hasard, seules les cuves à saucisses ont brûlé, laissant la structure du bâtiment intacte. Si aucun témoignage ne semble avoir été recueilli depuis l’incendie, la légende raconte que chaque 1er mai, pour l’anniversaire de sa mort, Louisa apparait à ceux qui se viennent se perdre dans la vieille ville, au nord-ouest de Chicago.
Sources: Murder By Gaslight, Le Huffington Post.