En ce samedi pluvieux du mois de mai 1978, Ed et Lorraine Warren, enquêteurs du paranormal, passèrent l’après-midi à planifier leur prochain voyage en Angleterre, où ils se rendaient souvent pour leur travail, puis ils sortirent diner au restaurant. Depuis quelques jours, Lorraine, qui était médium, sentait que quelque chose allait bientôt arriver. Elle percevait cette tension familière qui l’envahissait avant chaque affaire.
En revenant chez eux, près après minuit, Lorraine écouta les différents messages laissés sur leur répondeur téléphonique, celui de l’un de leurs amis de Los Angeles, un autre de leur fille Judy, qui était en vacances en Virginie, un troisième d’un jeune homme qui demandait un rendez-vous avec Ed puis il y eut toute une série de cliquetis et de vrombissements étranges, et la voix affolée d’une femme résonna dans le haut parleur: » J’espère que vous pouvez m’entendre. Mon nom est Foster, Mme Sandy Foster. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé ici, mais mes enfants ont été touchés et poursuivis par quelque chose… » La femme hésita un moment, cherchant ses mots, puis elle reprit: » Et il y a quelqu’un ou quelque chose dans la maison, à l’étage, dans l’une des chambres des enfants. S’il vous plait, appelez-moi dès que vous le pourrez. «
Ed et sa femme écoutèrent silencieusement le message, et bien qu’il soit déjà fort tard, Lorraine décida de rappeler immédiatement Mme Foster. Le téléphone sonna un moment puis brusquement, la connexion sembla s’interrompre. Elle raccrocha et rappela une nouvelle fois, mais le téléphone sonnait maintenant occupé et les tentatives suivantes n’eurent pas plus de succès. Elle contacta alors le centre des communications où un employé complaisant effectua quelques vérifications avant de lui dire: » Tout marche bien avec le téléphone, votre appel devrait aboutir. » Lorraine insista pendant un moment, puis se doutant du problème, elle abandonna. Malheureusement, les problèmes de ce genre étaient particulièrement fréquents lors de manifestations maléfiques.
Le lendemain, dimanche 14 mai, Ed et Lorraine se rendaient à l’église comme à leur habitude quand soudain une inexplicable odeur d’excréments vint empester leur voiture. Au retour, le même phénomène se répéta mais sur le moment, ils ne firent pas de lien avec l’appel de la veille. En arrivant chez elle, Lorraine s’empressa de téléphoner à Mme Foster, qui lui répondit dès la deuxième sonnerie, et elle lui raconta les difficultés qu’elle avait eu la joindre la veille au soir. Surprise, la femme lui expliqua: » Le téléphone était en état de marche, mais il n’a pas sonné après minuit. Je le sais car j’attendais votre appel. » Cette histoire de téléphone parut la bouleverser un peu plus encore et Lorraine, qui s’inquiétait pour elle, proposa de passer la voir dans l’après-midi avec son mari, ce que Mme Foster accepta.
Ed et Lorraine Warren arrivèrent chez les Foster à 14 heures. La maison, typique de Cape Cod, était située sur un grand terrain boisé et la famille l’occupait depuis treize ans. Al Foster, qui travaillait pour la compagnie téléphonique, était un homme de trente cinq ans qui faisait moins que son âge mais sa femme, avec qui Lorraine avait parlé au téléphone, semblait bouleversée et ses traits étaient tirés.
Une fois à l’intérieur, Ed disposa son matériel d’enregistrement sur la table du salon et Lorraine demanda la permission de visiter la maison. Dans ce genre de cas, elle commençait toujours par inspecter le sous-sol et elle remontait petit à petit vers les étages, s’arrêtant dans chaque pièce pour tenter d’y débusquer une présence. Comme elle quittait le salon, Ed commença à discuter avec M. et Mme Foster qui lui affirmèrent clairement n’avoir jamais été témoins des phénomènes dont se plaignaient leurs trois enfants, Meg, 15 ans, Joel, 14 ans, et Erin, 11 ans. Pourtant, Mme Foster culpabilisait. Meg, leur fille aînée, s’était toujours montrée fascinée par la sorcellerie, l’occulte, les sortilèges, enfin ce genre de choses. La jeune fille disposait d’une petite bibliothèque où elle rangeait ses livres, et comme aucun ne parlait d’invocation, à Noël dernier, elle avait décidé de lui acheter un ouvrage traitant de l’invocation des démons.
Meg expliqua à Ed qu’elle avait choisi un livre de poche qui expliquait comment évoquer soixante-quinze démons. Il décrivait le rituel et indiquait le prix à payer en cas de réussite. La jeune fille ne se souvenait pas des noms des démons, mais elle avait effectué quelques uns de ces rituels, les plus simples, ceux dont elle possédait les ingrédients, et comme rien ne semblait se produire, elle avait rapidement arrêté. Ed lui expliqua alors que la réponse aux invocations venait des jours, des semaines, des mois, parfois des années plus tard, puis il lui demanda de lui décrire les problèmes qu’elle avait rencontrés, ce qu’elle fit sans se faire prier:
» La première fois, c’était jeudi dernier. Papa et maman étaient allés chez leurs amis. Nous étions restés à la maison car nous avions école le lendemain. Erin et Joel étaient déjà au lit. Je venais de prendre une douche. Je suis descendue pour m’assurer que les portes étaient bien verrouillées, puis j’ai éteint la radio et les lumières d’en bas avant de remonter. Quand je suis arrivée dans ma chambre, j’ai entendu de l’eau couler dans la salle de bain. Au début, je n’y ai pas prêté attention, mais quelques minutes plus tard je suis allée dans le couloir et là j’ai que tous les robinets étaient ouverts. Je les ai fermés, puis j’ai de nouveau entendu la radio en bas. Les lumières aussi étaient allumées! J’ai crié Qui est là? mais personne ne m’a répondu.
Avant de descendre, j’ai regardé dans la chambre d’Erin, elle dormait dans son lit. J’ai également regardé dans la chambre de Joel, mais il ne dormait pas encore. Je lui ai demandé s’il avait allumé la radio d’en bas et il m’a répondu qu’il ne l’avait pas fait. Donc je suis descendue pour éteindre les lumières et la radio une deuxième fois. Quand je suis revenue à l’étage, l’eau de salle de bain coulait à nouveau! Je me suis mise en colère car j’étais sure que c’était Joel qui faisait ça. Mais quand je suis ressortie de la salle de bain, la radio était vraiment forte et toutes les lumières du rez-de-chaussée étaient à nouveau allumées! Je suis allée dans la chambre de Joel et je lui ai dit: Joel, il y a quelqu’un dans la maison.
De l’étage, je pouvais entendre les stations de radio changer, alors je suis retournée en bas, pensant que mes parents étaient peut-être revenus. Quand je suis arrivée là-bas, cette fois, j’ai vu que le bouton de la radio allait et venait tout seul. Je me tenais là, je regardais, et c’est alors que j’ai commencé à avoir peur. J’ai éteint la radio et les lumières une nouvelle fois, mais arrivée à mi-chemin, dans l’escalier obscur, j’ai senti une main glaciale me toucher à l’épaule, juste une seconde. J’ai failli crié mais je l’ai pas fait. Je suis allée droit dans ma chambre, j’ai fermé la porte et j’ai éteint la lumière. Je n’étais pas arrivée à mon lit quand j’ai entendu des bruits de pas, comme si quelqu’un traversait ma chambre pour sortir dans le couloir, mais la porte ne s’est jamais ouverte!
Une fois dans mon lit, je me suis allongée et j’ai fermé les yeux et brusquement, j’ai entendu une porte claquer en bas, très fort. Après, j’ai entendu des meubles être poussés et s’écraser, comme s’ils étaient jetés par quelqu’un qui était très en colère. Je pensais vraiment qu’il y avait quelqu’un dans la maison, mais j’avais trop peur pour bouger alors je gardais mes yeux fermés. Cependant, même si mes yeux étaient fermés, je distinguais ma chambre à travers mes paupières! J’ai ouvert les yeux, mais rien n’était différent, alors je les ai refermés. A travers mes paupières, j’ai vu une lumière d’argent sortir des bois et se glisser dans ma chambre. Elle était là aussi quand j’ai ouvert les yeux. Puis quelque chose, une sorte de main, m’a tiré les cheveux trois fois, à chaque fois un peu plus fort, jusqu’à ce que les larmes me montent aux yeux. Alors j’ai crié et j’ai couru jusqu’à la chambre de Joel. «
Joel avait tout entendu lui-aussi, mais il avait eu bien trop peur pour bouger. Erin avait été brusquement réveillée par le vacarme et quand sa grand sœur avait crié, alors elle avait couru dans la chambre de son frère. Une fois les trois enfants réunis dans la même pièce, les bruits ne s’étaient pas arrêtés, bien au contraire, ils étaient devenus encore plus forts encore. Terrifiés, ils avaient alors commencé à se disputer. Meg aurait voulu appeler la police mais Joel s’y était opposé car il savait qu’il n’y avait personne. Finalement, ils avaient décidé de téléphoner à leurs parents mais quand ces derniers étaient arrivés, tout s’était mystérieusement arrêté. En entendant leur histoire, Mr. et Mme Foster avaient pensé que les trois enfants, fatigués, s’étaient imaginés des choses. De leur côté, ils n’avaient jamais rien remarqué de bizarre. Sauf peut-être un oiseau. Depuis trois semaines maintenant, toutes les nuits, le chant d’un oiseau, juste devant leur fenêtre, troublait leur sommeil.
A ce moment-là, Lorraine redescendit et d’un hochement de tête discret elle indiqua à Ed qu’elle avait senti la présence de quelque chose de sombre. S’approchant de la table de la salle à manger, elle prit alors un siège et Joel commença à raconter la suite de leur histoire: » La deuxième fois, c’était la nuit dernière. J’étais seul avec Meg, et c’était presque exactement la même chose que jeudi. Cette fois, Meg était dans sa chambre, et j’avais pris une douche. Quand je suis sorti de la salle de bain, j’ai entendu la radio en bas. Les stations changeaient, lentement, et j’ai crié Laisse celle-là mais quand j’ai descendu les escaliers, il n’y avait personne, à l’exception du chien. Il était en train de grogner contre quelque chose dans la pièce. C’était vraiment bizarre parce qu’il ne pouvait pas avoir entendu quoi que ce soit. Notre chien est sourd! Puis brusquement, je me suis souvenu de l’autre soir. J’ai couru à l’étage et je me suis couché. Environ cinq minutes plus tard, des bruits de pas ont commencé à retentir en bas, faisant vibrer toute la maison. Et les meubles ont commencé à être projetés à nouveau. La première fois j’avais eu peur, mais cette fois, j’étais terrifié. «
Meg prit alors le relai: » J’ai crié à Joel: Tu as entendu? mais il m’a répondu: Tais-toi! Plus je me sentais terrifiée, plus le vacarme devenait intense en bas. Puis j’ai remarqué un nuage violet foncé dans ma chambre. Je n’arrivais jamais à le regarder directement, je le voyais toujours du coin de l’œil. Une boule pourpre est ensuite apparue, et j’ai fermé les yeux pour ne pas la voir. Je restais là, immobile, les poings serrés, et tout d’un coup, j’ai senti qu’une main essayait de forcer la mienne à s’ouvrir! C’était une main très forte, comme celle d’un homme adulte. Comme il n’arrivait pas à ouvrir mon poing, il m’a attrapé le bras et a tenté de me faire sortir de mon lit. Il avait presque réussi quand j’ai crié à l’aide. Alors il m’a lâchée et j’ai couru dans la chambre de Joel « .
A ce moment là, Meg et Joel auraient voulu appelé la police, ou leur parents, ou quelqu’un… mais ils n’osaient pas sortir de la pièce. Meg avait alors raconté l’épisode de la main à son frère, et ils avaient compris qu’il allait se passer quelque chose. Le mal semblait rôder partout autour deux. Ils devaient sortir de la maison. Meg avait proposé de sauter de la fenêtre de la chambre, mais Joel avait trouvé son idée idiote et ils avaient décidé de tenter une sortie en force. Elle avait alors emprunté quelques vêtements à son frère, et ils avaient ouvert la porte de la chambre. Au rez-de-chaussée, toutes les lumières étaient allumées et des bruits de pas résonnaient, qu’ils avaient décidé d’ignorer. Ils devaient partir de là. Alors, après avoir dévalé les escaliers aussi vite que possible, ils s’étaient précipités vers la porte d’entrée sans regarder autour d’eux et ils étaient sortis de la maison.
Jamais ils ne pourraient oublier cette nuit-là. Ils avaient alors commencé à courir vers le campus, espérant y trouver de l’aide. Dehors, il y avait des chiens, et en les voyant courir, ils avaient commencé à courir après eux mais en arrivant à leur hauteur, ils avaient brusquement fait demi-tour, effrayés. Il y avait aussi des oiseaux… les bois sur leur gauche étaient remplis de crissements d’oiseaux. Leurs cris les terrifiaient. Derrière eux, quelque chose semblait courir. Quelque chose qui les chassait. La chose qui se trouvait dans la maison les avait suivis.
Les deux adolescents avaient alors essayé de se diriger vers le lampadaire le plus proche, pensant qu’ils y seraient en sécurité, mais ils n’arrivaient pas à l’atteindre. Ils avaient l’impression de courir sur place, ils sentaient une résistance, comme si un champ de force les ralentissait. Puis la chose les avait rattrapés. Elle était lourde, et elle avait essayé de les entrainer vers le bas de la route. Meg était persuadée que s’il n’y avait pas eu la lumière, elle les aurait tués car à ce moment-là, elle s’était sentie étouffer. Luttant désespérément, Meg et son frère étaient finalement parvenus à se réfugier sous le lampadaire. D’où ils étaient, ils pouvaient voir leur maison. Ils n’étaient pas aussi loin qu’ils l’avaient cru. Les oiseaux s’étaient tus, la force qui avait essayé de les entrainer vers le bas avait disparu, et ils se sentaient presque rassurés. Puis étrangement, la lumière avait commencé à faiblir et ils avaient décidé de courir jusqu’au campus sans jamais s’arrêter.
Lorsqu’ils avaient quitté la leur vacillante du lampadaire, le crissement des oiseaux était revenu, plus fort qu’avant encore. Ils avaient couru longtemps, de toutes leurs forces. Finalement, ils étaient arrivés à une intersection où passaient des voitures et pour la première fois, ils s’étaient sentis en sécurité. Après avoir marché un moment le long de la route, ils avaient fini par trouver un magasin encore ouvert malgré l’heure tardive. Joel avait un billet d’un dollar sur lui, il avait demandé de la monnaie puis ils étaient montés sur le campus pour chercher un téléphone. Meg, qui portait les chaussures de son frère, avait les pieds couverts de cloques. Elle s’était assise sur une marche pendant que son frère appelait ses parents, qui se trouvaient chez leurs amis: » J’ai demandé maman et papa à la maison de leurs amis, et je leur ai raconté ce qui s’était passé, mais ils ont dit que nous rêvions et que nous ferions mieux d’aller nous coucher. Je leur ai répondu que nous étions pas à la maison mais sur le campus et que nous ne rentrerions pas chez nous! Pendant que je parlais, j’ai vu un flic du campus monter et commencer à parler à Meg. Maman m’a dit de lui demander de nous ramener à la maison, et elle m’a assuré qu’ils nous retrouveraient là-bas. Après ça, rien d’autre n’est arrivé, du moins jusqu’à aujourd’hui. «
Lorraine expliqua à Ed qu’elle avait découvert une superpositions de vibrations négatives en allant en bas. Mais il semblait également y avoir quelque chose à l’étage, dans l’une des chambres des enfants. Alors qu’elle se trouvait dans la chambre de Joel, Lorraine s’était sentie extrêmement confuse, comme si elle avait été gazée. » Nous avons ressenti ça aussi! » s’exclama Meg, surprise. Lorraine rapporta un autre incident étrange: » Lorsque je suis sortie de cette pièce, je suis allée à la porte de ce que je supposais être la chambre de Meg. Debout près de la porte, j’ai senti une pression sur la tête et les épaules me forçant à reculer vers le bas des escaliers. J’ai décidé de ne pas aller dans cette chambre. C’était une présence inhumaine et je considère qu’elle se trouve dans la chambre de Meg. T’est-il déjà arrivé d’avoir des bougies noires d’invocation dans ta chambre? » » Oui « , répondit la jeune fille, étonnée de cette question.
Ed regarda les membres de la famille Foster rassemblés autour de la table. Ils avaient l’air effrayés et complétement perdus. Il leur dit: » Pourquoi ne prendriez-vous pas votre dimanche après-midi? Partez pour une heure. Et pendant que vous y êtes, s’il vous plait, ne discutez pas ou même ne pensez pas aux événements de ces derniers jours. Lorsque vous reviendrez, alors nous pourrons en parler. » Ils semblaient soulagés d’entendre que quelque chose pouvait être fait. M. Foster rassembla rapidement sa famille devant la porte et moins d’une minute plus tard, ils étaient tous partis.
Ed et Lorraine restèrent à l’intérieur. Ils savaient que les enfants n’avaient pas inventé leur histoire: elle contenait trop de détails spécifiques qui ne pouvaient être connus que par expérience. Ce qu’ils leur avaient dit cadrait parfaitement avec une activité démoniaque qu’ils avaient déjà rencontrée dans le passé. Maintenant, ils devaient arriver à discerner la véritable nature de l’esprit en présence afin de pouvoir le dissiper. Ed avait proposé à la famille de partir car pour déterminer si l’esprit était humain ou inhumain, il devait recourir à la provocation religion, ce qui était parfois dangereux mais souvent révélateur.
Dans la maison des Foster, Ed et Lorraine travaillèrent ensemble. Après avoir provoqué l’entité, Ed armé d’un crucifix et d’eau bénite, descendit au sous-sol. Il dispersa l’eau bénite aux quatre coins de la cave puis il dit à haute voix: » Au nom de Jésus-Christ, je commande à tous les esprits, qu’ils soient humains ou diaboliques, de quitter ce lieu et de ne jamais y revenir. » Ils attendirent une réponse, mais rien ne se manifesta. Ils montèrent alors au premier étage, et Ed répéta la même procédure dans chacune des chambres. Ce processus, devait obliger l’esprit à se montrer ou à partir.
Après avoir « lié » la cave et les chambres d’en bas sans incident, les Warren décidèrent d’aborder le second étage, où ils savaient que la créature se cachait. Mais alors qu’ils se tenaient en bas des marches, une puissante terreur s’abattit sur eux et une odeur de moisissure emplit l’atmosphère. Soudain, ils aperçurent un mouvement en haut des escaliers puis une porte claqua violemment, faisant vibrer le sol. Ils commencèrent à grimper l’escalier mais, malgré tous leurs efforts, ils ne purent aller plus loin: une force inébranlable, impénétrable les empêchait d’avancer. Selon Lorraine: » C’était comme si nous marchions épaule contre épaule dans un fleuve aux eaux puissantes et rapides. » Plus ils tentaient de résister, plus la force exercée contre eux semblait se renforcer. Alors lentement, afin de ne pas être renversés, ils commencèrent à reculer.
Lorsqu’ils arrivèrent au bas de l’escalier, durant un bref instant, retentit un rire diabolique. Agacé, Ed jeta de l’eau bénie sur les marches, ce qui diminua assez la pression pour leur permettre de passer. Le deuxième étage était divisé en chambres et un long couloir traversait la maison. Ed aspergea la chambre d’Erin d’eau bénite, puis il récita ensuite une prière d’exorcisme, et rien ne sembla s’y opposer. Cette pièce liée, les Warren se dirigèrent vers la chambre de Joel dont la porte, qui était ouverte auparavant, s’était mystérieusement fermée. Ed tourna la poignée et poussa la porte du bout des doigts. La pièce était vide et il put répéter le rituel sans effet secondaire notoire. La porte de la chambre de Meg s’était elle-aussi fermée toute seule. Ce qui les attendait de l’autre côté, les Warren l’ignoraient, mais ils savaient que la chose était là. Ed tourna la poignée et brusquement, il ouvrit la porte en grand. Ed et Lorraine reculèrent instinctivement d’un même mouvement. Il y avait quelque chose dans cette chambre. Bien qu’elle soit invisible, il en émanait un terrible sentiment de misère. C’était une émotion absolument déchirante projetée par une entité condamnée à périr.
Mais ce sentiment n’était qu’une ruse destinée à les tromper qu’ils ne connaissaient que trop bien. Ed pénétra dans la salle, une croix dans la main. Bien qu’aucune présence physique ne puisse être soulignée, la chambre était glaciale. Il jeta de l’eau bénite aux quatre coins de la pièce et déclara: » Au nom de Dieu, montre-toi maintenant ou pars. « … Un silence de mort lui répondit. » Donne-nous un signe de départ, ou un exorcisme sera mené ici en ce jour « . Immédiatement, le sentiment morbide de misère commença à s’éloigner d’eux et la température de la chambre revint progressivement à la normale. L’entité s’était retirée.
En regardant autour d’eux, les Warren comprirent rapidement pourquoi cet esprit avait choisi cette pièce pour y résider. la chambre de Meg était remplie de bougies noires, d’objets occultes, de livres de rituels etc… Ed mit toutes ces choses dans la poubelle de la jeune fille et les déposa dans le couloir puis il » scella » la pièce en lisant une prière de sanctification. Après quoi, ils redescendirent, satisfaits.
Pour eux, ce dimanche était un bon dimanche. En regardant par la fenêtre du salon, Lorraine remarqua que la famille Foster était assise dans leur voiture, dans l’allée. Elle leur ouvrit la porte et leur fit signe de rentrer. A l’intérieur, Ed se tourna vers Meg et lui dit: » Il ne faut plus de rituels, d’aucune nature! Tous les livres occultes et tout l’attirail d’invocation qui étaient dans ta chambre sont partis à la poubelle. » Puis, se tournant vers ses parents, il leur conseilla: » Ceci mis à part, je vous recommande de demander à un prêtre de bénir cette maison. Ce qui s’est passé, vous voyez, c’est que l’ingérence de votre fille avec le surnaturel par l’intermédiaire des rituels a attiré un esprit négatif dans notre maison. La bénédiction doit être faite par mesure de précaution contre le retour de cet esprit. Toutefois, il ne sera efficace que si vous arrivez à garder une atmosphère émotionnelle qui n’attire pas de pareilles entités dans votre maison une nouvelle fois. Mon avis est qu’il vous faut prendre des dispositions pour que cette bénédictions ait lieu aujourd’hui, pas demain. Lorraine et moi avons fait tout notre possible. La suite vous appartient. «
Arrivé à la porte d’entrée, Ed se retourna vers les Foster et leur donna un dernier avertissement: » Par ailleurs, l’esprit dans cette maison est en sommeil, mais il n’a pas disparu. «
A ce moment-là, les lunettes de Lorraine bondirent brusquement de sa main, firent une boucle dans l’air et s’écrasèrent sur le sol sous les regards sidérés des Foster, qui ne semblaient pas vraiment avoir compris ce qui venait de se passer chez eux. Ils avaient vu le surnaturel comme un jeu, mais finalement, ils en avaient été le jouet.