En 2010, au Royaume-Uni, Sean Robinson hérita d’une peinture à l’huile que sa grand-mère gardait dans son grenier depuis vingt-cinq ans. Il connaissait bien l’histoire de ce tableau, que la vieille dame qualifiait de maléfique et dont elle lui avait souvent parlé. Elle disait que l’une de ses amies le lui avait offert en lui expliquant que l’artiste avait mélangé son propre sang aux pigments de peinture et que peu de temps après l’avoir terminé, il s’était suicidé. Sa grand-mère, qui n’appréciait guère la toile, l’avait néanmoins suspendue à l’un de ses murs et son calvaire avait commencé. La nuit, elle entendait des sanglots, des bruits inexplicables et parfois elle surprenait la silhouette sombre d’un homme qui se glissait furtivement dans l’obscurité de la maison. Alors, comme le début des étranges phénomènes coïncidait avec l’arrivée du tableau, elle avait décidé de l’enfermer dans le grenier et de ne plus s’en approcher. Sean n’avait aucun moyen de vérifier les allégations de sa grand-mère mais il n’y croyait guère et comme il aimait vraiment le portrait, qui représentait un homme tourmenté par ses propres démons, il accepta l’héritage sans se poser de questions.
Sean aurait voulu accrocher The Anguished Man quelque part dans sa maison mais sa femme le prit en horreur dès qu’elle le vit, aussi dut-il se résoudre à le mettre à la cave. Quelque temps plus tard, de fortes pluies inondèrent le sous-sol et il dut déplacer tous les objets qui y étaient stockés dans le garage de ses parents. Quelque temps plus tard, une fois la cave sèche, il récupéra ses affaires, parmi lesquelles se trouvait le tableau, et trouvant regrettable de le laisser ainsi caché, il décida de le suspendre dans la chambre d’amis, au deuxième étage, où son épouse n’allait que rarement. Peu de temps après, des bruits étranges commencèrent à résonner en différents endroits la maison, des coups et des sortes de frottements, comme si quelqu’un avait gratté un morceau de tissu avec ses ongles. D’une étrange manière quand la peinture était à la cave leur chien refusait toujours d’y descendre, il s’arrêtait à la porte et grognait depuis le palier, et maintenant qu’elle se trouvait à l’étage il ne voulait plus y monter, alors que d’habitude il suivait son maître partout où il allait.
La nuit, Sean et sa femme entendaient souvent des pleurs et des sanglots. Au début, il leur sembla que ces lamentations venaient de l’extérieur de la maison et ils soupçonnèrent quelque chat d’en être responsable, mais en écoutant plus attentivement ils acquirent la certitude qu’elles venaient de l’intérieur, sans pouvoir leur trouver d’explication. Cependant, s’ils ne comprenaient pas l’origine de ces bruits, ils ne s’en inquiétaient guère, pensant qu’ils étaient dus à des phénomènes naturels quelconques. Parfois, Sean apercevait une silhouette sombre qui se glissait furtivement dans la maison et qui disparaissait dès qu’il tournait la tête vers elle, et bientôt sa femme et leurs enfants la remarquèrent aussi. Ils se l’imaginaient peut-être, mais à chaque fois qu’ils la voyaient, elle leur semblait terriblement réelle.
Au cours des semaines suivantes les bruits se firent de plus en plus forts, et parfois ils leur semblaient tellement proches que Sean et sa femme avaient l’impression que quelqu’un pleurait dans leur chambre. L’idée qu’un chat rôdait sous la fenêtre leur effleura une nouvelle fois l’esprit, mais Sean connaissait assez bien leurs miaulements pour ne pas les confondre avec les sanglots d’un être humain. Une nuit, il se réveilla brusquement et ouvrant les yeux, il aperçut la silhouette sombre d’un homme qui se tenait debout au pied de son lit et qui les regardait silencieusement, sa femme et lui. La silhouette était celle d’un homme d’âge moyen de grande taille, mais ses traits n’étaient pas vraiment distincts. Étrangement, Sean n’en fut pas effrayé mais il se sentit plutôt intrigué. Le lendemain matin, il se demanda s’il n’avait pas rêvé mais une fois encore, l’homme lui avait paru des plus réels et songeant que la maison était peut-être le théâtre d’une certaine activité paranormale, il en vint à reconsidérer l’histoire de sa grand-mère.
De nombreux points froids étaient apparus dans la maison, et ses occupants avaient souvent le sentiment d’être observés. A une occasion, Sean avait même eu l’impression que quelqu’un se tenait juste derrière lui et il avait entendu des murmures qui lui avaient semblé extrêmement proches. Un soir, alors que sa femme était allée se coucher tôt, elle sentit quelqu’un se glisser sous les draps mais quand elle se retourna, ses yeux rencontrèrent le regard d’un inconnu et brusquement terrifiée, elle poussa un terrible hurlement. Sean, qui était au rez-de-chaussée, se précipita dans les escaliers et il retrouva complétement bouleversée. Elle lui raconta l’incident, et même si elle reconnut que l’hypothèse du rêve n’était pas exclure, elle resta néanmoins convaincue que quelqu’un s’était vraiment trouvé là, allongé sur le lit, tout près d’elle. Après cette expérience la femme de Sean, qui soupçonnait depuis longtemps The Anguished Man d’être responsable des phénomènes étranges qu’ils observaient dans la maison, réussit à convaincre son mari de mettre la toile à la cave. Les manifestations se calmèrent presque immédiatement. Le chien recommença à suivre son maître à l’étage, et il refusa à nouveau de descendre au sous-sol.
Sean en était venu à croire que quelque chose de mauvais hantait le tableau et résumant vaguement son histoire, il posta des vidéos de L’Homme Angoissé sur YouTube. Intrigués, certains lui suggérèrent d’envisager une expérience en plaçant une caméra juste en face du tableau et en la laissant tourner pour tenter d’enregistrer une éventuelle activité paranormale. Trouvant l’idée intéressante, Sean, qui cherchait à comprendre ce qui se passait chez lui, remonta la peinture dans la chambre d’amis, puis il la posa sur le lit et il installa son caméscope de manière à ce qu’il ne filme que la toile… ou presque… Il le laissa tourner pendant trois nuits consécutives. Au matin du premier jour, quand il arriva devant la porte de la chambre, il eut la surprise de la retrouver fermée, alors qu’il était persuadé de l’avoir laissée ouverte la veille au soir.
Après avoir passé plusieurs heures à regarder les images du film, Sean remarqua qu’il avait enregistré beaucoup de bruits. La plupart venaient de l’extérieur de la maison et ils étaient facilement explicable, mais quelques uns étaient différents et ils semblaient provenir de l’intérieur même de la pièce. Il y avait, par exemple, un étrange raclement semblable aux grattements qu’ils avaient déjà entendus mais également une forte détonation, comme si quelque chose était tombé, et pourtant quand il était rentré dans la chambre tout lui avait semblé en ordre. Alors, fort de cette première expérience, il décida de changer l’angle de la caméra afin d’obtenir des plans plus larges de la pièce. Le lendemain, quand Sean visionna le film de la seconde nuit, il découvrit qu’il avait réussi à enregistrer le mouvement de la porte de la chambre, qui s’était mystérieusement fermée. A ce moment-là tout le monde dormait et il n’y avait aucun courant d’air dans la pièce. La troisième nuit, il ferma la porte derrière lui, espérant qu’elle se rouvrirait pendant la nuit, mais en se réveillant il retrouva désespérément close.
Sean décida alors de laisser le tableau dans la chambre d’amis et d’observer les événements. Peu de temps après, alors qu’elle se trouvait dans la salle de bain, sa femme sentit une main lui caresser les cheveux. Une nuit, Sean montait à l’étage quand soudain un brouillard étrange apparut en haut de l’escalier, qui l’enveloppa de sa vapeur glacée, puis brusquement sa vision devint floue, il se sentit légèrement étourdi et le nuage disparut comme il était venu. Quelque temps plus tard, les bruits se firent à nouveau entendre et le couple recommença à se sentir observé. Sean se sentait inexplicablement angoissé, il faisait de terribles cauchemars et certaines nuits, il avait l’impression d’être violemment tiré de son lit et jeté au sol. Parfois il rêvait de la peinture et de l’homme d’âge moyen qu’il avait aperçu près de son lit, mais jamais il n’arrivait à distinguer son visage.
Au bout de quelques semaines, Sean décida de remettre son caméscope dans la chambre d’amis, qui était éclairée par une petite lampe et pourvue d’épais rideaux, et après l’avoir laissé tourner pendant cinq nuits d’affilé, il passa des heures à étudier les images, découvrant de nouveaux phénomènes. A certains moments, des orbes apparaissaient qui ne pouvaient être expliquées. Elles n’étaient pas comme les orbes habituelles, les grains de poussière ou les tâches lumineuses qui se remarquent parfois sur les photographies. Elles semblaient avoir une conscience et se déplacer autour de la toile. Sean avait également également réussi à capturer de nombreux bruits semblables à ceux de sa première vidéo, et un incident qui le troublait fortement. Une nuit, à 3h32 du matin, la peinture était tombée sur le lit où elle était posée, et immédiatement après une petite orbe lumineuse était apparue au-dessus du tableau, qui s’était volatilisée aussitôt.
Quelques jours plus tard, Sean écoutait ses fils descendre l’escalier quand soudain l’un d’eux trébucha et dégringola les quatre ou cinq dernières marches. A son grand soulagement l’enfant n’était pas blessé, juste un peu secoué, mais toute la journée il se montra étrange et lui trouvant l’air soucieux Sean finit par lui demander ce qui le préoccupait. Au début, le garçon se montra réticent, il avait peur de paraître stupide, mais comme son père insistait il finit par lui avouer que quelque chose l’avait poussé dans les escaliers, appuyant dans son dos avec une telle force qu’il n’était pas parvenu à se retenir. Troublé, Sean prit alors conscience de son inconscience et se demandant s’il ne mettait pas sa famille en danger en gardant la peinture dans la maison, il décida de la redescendre à la cave. Alors brusquement, toutes les manifestations s’arrêtèrent.
Sean, qui avait décidé d’effectuer des recherches sur The Anguished Man, posta son histoire un peu partout sur Internet, espérant que quelqu’un reconnaîtrait l’artiste ou la toile, sans succès. De nombreuses personnes proposèrent alors de lui acheter le tableau, mais il n’avait aucune envie de le vendre. Le mystère l’intriguait.
Certains pensaient que l’esprit tourmenté de l’artiste hantait la toile maudite car il avait utilisé son propre sang pour la concevoir et d’autres affirmaient que tous les phénomènes étaient l’œuvre d’une sorte de démon. Sean n’avait jamais rien senti de mauvais ou de malveillant en regardant L’Homme Angoissé, mais depuis la chute de son fils, il ne savait plus quoi penser. Ils lui conseillaient de brûler la peinture, de l’enterrer ou de la faire exorciser, mais Sean ne voulait pas la détruire. Il se disait que si la peinture était effectivement hantée, alors peut-être l’esprit essayait-il de communiquer avec eux, de leur faire comprendre quelque chose. Sean questionna également les membres de sa famille, pensant que sa grand-mère leur avait peut-être donné des détails qu’il ignorait, mais personne ne savait rien de plus sur le tableau.
The Anguished Man fut ensuite l’objet de nombreuses enquêtes paranormales, Sean le prêta à des groupes de recherche dont certains l’utilisèrent à des fins discutables, et des émissions télévisées et radiophoniques lui furent consacrées. Au début de l’année 2013, alors qu’il était en voyage, Sean s’arrêta chez ses parents pendant quelques jours et il apporta la toile hantée avec lui. Des bruits étranges commencèrent alors à se faire entendre, les mêmes que ceux qu’il avait enregistrés dans la chambre d’amis, puis son père tomba dans les escaliers, exactement comme son fils l’avait fait peu de temps auparavant, et Sean décida de laisser la toile au grenier durant son séjour. Il travaillait alors en étroite collaboration avec John Blackburn et Ian Lawman, du groupe Mysteria Paranormal, qui prévoyait d’amener le tableau dans certains des endroits les plus hantés du Royaume-Uni. Quelques temps auparavant, John Blackburn avait reçu un e-mail de Sean Robinson, un homme qu’il ne connaissait pas et qui affirmait avoir capturé des images d’une entité fantomatique sur son caméscope. Après avoir regardé la vidéo en question, l’enquêteur, qui était convaincu de son authenticité, avait décidé de présenter The Anguished Man au public et de faire quelques expériences.
Lors de cet événement, différents phénomènes purent être observés, mais les plus surprenants se produisirent au Château de Chillingham. Le soir du 18 mai 2013, John Blackburn demanda à douze personnes de s’isoler cinq minutes dans un petit donjon avec la peinture et de ne pas parler de leurs observations jusqu’à la fin de la nuit. A cette occasion, toutes virent les mêmes orbes lumineuses bleues et un homme sentit même quelqu’un lui taper sur la tête.
John Blackburn réunit ensuite ses invités dans la pièce la plus hantée du château puis il leur proposa de se mettre en cercle et posant la peinture en son centre, il demanda à parler à l’entité qui lui était liée. Alors brusquement, un lourd banc de bois qui se trouvait dans la salle souleva deux de ses pieds puis il se laissa retomber sur le sol dans un bruit sourd. Un code fut alors établi pour tenter de communiquer avec l’esprit, un coup pour oui deux coups pour non, puis l’enquêteur lui demanda s’il était l’artiste qui avait peint le tableau, mais à sa grande surprise, la réponse fut négative. La femme de Sean Robinson, qui considérait toujours la peinture comme terriblement maléfique, posa alors la question suivante: » Êtes-vous… vous considérez-vous comme le mal incarné? » Un coup fut alors frappé sur le sol, qui confirma ses inquiétudes, et la température de la pièce se mit à tomber de façon spectaculaire, comme si la porte d’un congélateur venait de s’ouvrir.
Soudain, une grande silhouette sombre apparut au milieu du cercle, qui se dirigea vers John Blackburn et se plaça derrière lui. Elle était si proche qu’il sentait son énergie lui picoter le corps. L’enquêteur lui demanda si elle avait un message pour lui et le banc donna un coup sec sur le sol mais l’apparition se dissipa sans lui laisser le temps de poser une autre question. Le groupe discutait de l’entité, qu’ils pensaient différente mais tout aussi puissance que la première, quand soudain le banc se retourna violemment, retombant sur le sol dans un bruit de tempête, les quatre pieds en l’air. Certains supposèrent alors que John Sage, l’un des esprits résidant au château de Chillingham, leur faisait part de sa contrariété car ils avaient amené The Anguished Man et l’esprit qui le hantait dans sa demeure, lequel n’avait été invité.
Par la suite, Sean continua à chercher des réponses. Il espérait qu’un jour, il découvrirait le nom de l’artiste et qu’il pourrait vérifier l’histoire que lui avait racontée sa grand-mère. Il répondait souvent aux questions et aux remarques des visiteurs qui s’arrêtaient sur sa page YouTube, et si certains semblaient le croire, d’autres étaient persuadés que toute l’histoire n’était qu’une vaste plaisanterie qu’il avait imaginée pour une raison quelconque, probablement pour se faire de l’argent.
En février 2016, Sean Robinson réalisa une nouvelle vidéo qui le mettait en scène, lui et The Anguished Man, et expliquant que le tableau n’était pas à vendre comme certains le prétendaient mais qu’il était conservé dans un endroit sûr, il annonça qu’il allait à nouveau tenter de le filmer.
Poupées Hantées et Autres Objets Maléfiques
Sources: Week in Weird, Mysteria Paranormal.