Richard Ramirez, le Night Stalker

Né le 29 février 1960 à El Paso, au Texas, Richard Ramirez était le plus jeune des cinq enfants de Julian et Mercedez Ramirez. Son père, un ancien policier mexicain, travaillait comme ouvrier pour les chemins de fer de Santa Fe. Il était un homme laborieux sujet à des accès de colère qui pouvaient devenir violents. Sa mère était employée dans une usine et les vapeurs chimiques avaient rendu sa grossesse particulièrement difficile. Au cours de son enfance, Richard, que sa famille surnommait affectueusement Richie, subit deux blessures graves à la tête. A l’âge de deux ans, une commode lui tomba dessus provoquant une commotion cérébrale et une déchirure au front qui nécessita trente points de suture, et trois ans plus tard, il se retrouva assommé par une balançoire dans un parc. Richard était un enfant calme et solitaire. Ses parents, très religieux, l’emmenait souvent à l’église et la religion jouait un rôle important dans sa vie. Alors qu’il était en cm2, les médecins découvrirent qu’il était sujet à l’épilepsie, ce qui lui valut d’être retiré de son poste de quart-arrière de l’équipe de football de l’école. A l’âge de 10 ans, il se mit à sniffer de la colle, à fumer de la marijuana, et ses notes commencèrent à baisser. Souvent, il passait ses nuits dans un cimetière voisin, fuyant la violence de son père.

Richard avait 11 ans quand son cousin Miguel, que tout le monde appelait Mike, revint du Vietnam et l’ancien combattant devint rapidement son idole. Miguel vantait souvent ses macabres exploits au jeune garçon et lui montrait des photos de ses victimes, des hommes qu’il avait tués comme des femmes qu’il avait violées. Sur l’un de ces clichés, Miguel posait avec la tête coupée d’une femme dont il venait d’abuser. Parfois, tout en partageant un joint avec lui, le vétéran lui apprenait des techniques militaires, lui expliquant comment tuer discrètement et disparaitre rapidement ou l’entrainait à la chasse, lui apprenant à se faufiler et à traquer des animaux avec un fusil ou un couteau.

Le 4 mai 1973, Richard vit son cousin tuer sa femme Jessie d’une balle dans la tête et son visage se retrouva éclaboussé de son sang. Étrangement, le jeune garçon ne fut pas traumatisé par ce drame, mais troublé. Un peu plus tard, comme son cousin était en prison, il retourna dans l’appartement chercher quelques-unes de ses affaires avec son père. Le lit était couvert de sang, mais la chambre était paisible, irréelle. En allant au salon, il aperçut le sac à main de sa belle-sœur et il entreprit de le fouiller. Il y avait son porte-monnaie, sa carte d’identité… c’était un sentiment étrange. Richard venait de croiser la mort pour la première fois et il était fasciné. A ce moment-là, il sentait un lien avec la mort qui confinait au mystique.

Miguel

À cette époque, Richard avait déjà commencé à faire l’école buissonnière, il était devenu dépendant au cannabis, il commettait de petits larcins et cambriolait des maisons. Lors de ces cambriolages, il aimait à se promener au domicile de ses victimes après avoir revêtu leurs effets personnels. Au cours de la même année, Richard aménagea chez sa sœur ainée Ruth et son mari Roberto, un voyeur obsessionnel qui l’entrainait dans ses virées nocturnes. Peu après, lors d’une visite chez son frère Ruben, un petit délinquant qui vivait à Los Angeles, le jeune garçon apprit de nouvelles techniques de cambriolages. A son retour à El Paso, il s’inscrivit au lycée Jefferson, où il ne brilla en rien sauf en éducation physique, et commença à assister à des réunions des Témoins de Jéhovah. Au début de son adolescence, Richard avait peur des filles. Il aurait voulu s’inscrire à des écoles de danse mais il restait juste là à les regarder, incapable de les aborder. À l’âge de 15 ans, alors qu’il était au lycée, il occupa un emploi dans un Holiday Inn pendant quelques mois avant d’être congédié pour être rentré dans la chambre d’une femme et avoir tenter de la violer. Fort heureusement, son mari était intervenu mais comme le couple était pressé de sortir de l’état et qu’ils ne pouvaient être présents pour témoigner contre lui, les charges furent abandonnées.

Richard Adolescent

Comme beaucoup d’adolescents de son âge, Richard aimait les films d’horreur et le Heavy Metal, particulièrement Black Sabbath et Judas Priest. Il était déjà un cambrioleur habile : à plusieurs reprises, il fut suspecté de vol mais jamais la police ne put rien prouver. Alors qu’il était âgé de 17 ans, sa mère, fatiguée de ses frasques, le mit à la porte, l’obligeant à passer plusieurs mois dans un camp de redressement. A son retour, comme il n’avait changé en rien, elle le remit dehors une fois encore. Son statut de vétéran ayant été considéré comme une circonstance atténuante, Mike Ramirez avait été déclaré non coupable de l’assassinat de Jessie pour cause d’aliénation mentale. Il fut donc libéré en 1977, après quatre ans d’incarcération en l’hôpital psychiatrique.

Peu après ses dix-huit ans, Richard déménagea définitivement à Los Angeles. Au cours des premières semaines, qu’il vécut comme une transition, il gagna une importante somme d’argent en revendant de la marijuana qu’il avait achetée à bas prix à El Paso et apportée avec lui. Il volait également des voitures, uniquement pour les éventuels objets de valeur qu’elles renfermaient, et il continuait les cambriolages. Richard dépensait son argent en nourriture, il se nourrissait exclusivement de fast-food et de sucreries, en hôtel et en cocaïne, une drogue très populaire à l’époque. En 1978, une nuit d’été, il agressa une lesbienne avec qui il avait l’habitude de fumer et la viola à plusieurs reprises. Pour la police, il n’était qu’un vagabond. Parfois il était arrêté pour possession de drogues ou pour vol de voitures, il passa même quelques mois en prison pour ce dernier motif, mais jamais rien de plus grave. Durant ce séjour, il fit la connaissance d’un adorateur de Satan avec qui il resta enfermé durant deux mois. Cette rencontre allait changer sa vision de la vie. En sortant de prison, Richard n’arrêtait pas de penser aux mots que l’homme lui avait dit : « Pourquoi adorer le bon gars quand les choses que tu fais ne sont pas si bonnes ? » Ces paroles résonnaient en Richard, elles avaient du sens pour lui. Il devait vénérer celui qui le protégerait dans ses actes. Alors il commença à lire des livres et à rencontrer des satanistes. Selon lui, les satanistes avaient besoin de plus de foi que les chrétiens car le Christ était descendu sur Terre alors que Lucifer jamais. Mais cependant, chacun pouvait le ressentir au fond de son âme.

Richard n’aimait pas les rassemblements mais il avait assisté à une messe noire, à une occasion. Il ne faisait pas partie de leur groupe mais il y était allé avec un ami, par curiosité, et il avait soigneusement gardé ses distances. La cérémonie s’était tenue dans un cimetière et il n’aurait pas su dire ce qu’ils faisaient dans l’obscurité. Il n’avait pas confiance en personne, mais en ceux-là moins encore que les autres.

Richard Ramirez lors de son arrestation

En 1983, sa sœur Ruth vint le visiter à Los Angeles et tenta de le convaincre de revenir à El Paso, mais il refusa. Richard ne faisait pas grand-chose de ses journées. Quand il ne volait pas, il trainait dans les bars, parlant de Satan, écoutait de la musique ou prenait de la cocaïne qu’il achetait grâce à l’argent de ses cambriolages. Son mode de vie était tel que malgré son jeune âge, ses dents étaient complètement pourries ce qui lui donnait une haleine fétide qui convenait probablement à son personnage sulfureux. En effet, Richard s’habillait souvent en noir et il aimait à entretenir une image inquiétante. Il voulait être le mal.

Le 28 juin 1984, le corps de Jennie Vincow, une vieille dame de 79 ans, fut découvert par son fils dans son appartement de Glassell Parc. Elle avait été violée et poignardée à plusieurs reprises. Sa gorge avait été tranchée si profondément qu’elle en était presque décapitée.

Le 17 mars de l’année suivante, Richard acheta le revolver qu’il allait utiliser dans plusieurs de ses meurtres. Le même jour, il agressa Maria Hernandez, 22 ans, devant son domicile à Rosemead, lui tirant une balle dans le visage de son nouveau pistolet de calibre 22. Lorsqu’il fit feu, la jeune femme leva machinalement les bras pour protéger son visage et ce geste lui sauva miraculeusement la vie : les clefs qu’elle tenait dans ses mains arrêtèrent la balle. Dans la maison, Dayle Okazaki, sa colocataire de 34 ans, avait entendu le coup de feu et elle plongea derrière le comptoir quand elle vit un homme armé entrer dans la cuisine. Quand elle releva la tête, il lui tira une balle dans le front.

Dans l’heure qui suivit, il fit feu à deux reprises sur Tsai-Lian Yu, une jeune femme de 30 ans, alors qu’elle se trouvait en voiture à Monterey Park puis il s’enfuit. Elle fut déclarée morte en arrivant à l’hôpital. Les témoins rapportèrent que le meurtrier était un homme de grande taille, brun, aux cheveux frisés, aux yeux espacés et exorbités et aux dents pourries.

Sur les lieux du crime, une casquette de base-ball noire portant la griffe du groupe de rock AC/DC avait été retrouvée. A l’époque, de nombreux groupes de Hard Rock étaient montrés du doigt et des extrémistes religieux les accusaient d’être des suppôts de Satan. Les paroles de leurs chansons étaient décryptées, analysées, et leurs disques étaient joués à l’envers. Bien évidemment, certains y trouvaient des messages satanistes, des appels au meurtre ou que sais-je encore… Se faisant l’écho de son temps, le journal le Los Angeles Times fit paraitre un article où on pouvait lire : « Les autorités se concentrent sur l’album d’AC/DC Highway to Hell et notamment la chanson Night Prowler qui dit : « Quel est ce bruit à ta fenêtre ? Quelle est cette ombre sur l’abat-jour ? Tu es étendue là nue comme un corps dans un tombeau, vie suspendue, alors que je me glisse dans ta chambre. » » Ils ignoraient encore que Richard adorait cette chanson et que son engouement allait plonger le groupe AC/DC au cœur de la tempête.

Le tueur en série allait semer la terreur durant de longs mois. Ses meurtres se ressemblaient tous mais ils semblaient gagner en violence avec le temps. Durant la nuit, toujours habillé de noir, il s’introduisait au hasard dans une maison de la banlieue de Los Angeles, tuait les hommes endormis d’une balle dans la tête, puis il torturait, violait et battait les femmes, quel que soit leur âge, ne les tuant que rarement. Avant de partir, il leur demandait de lui révéler où se trouvaient dissimulés leurs biens de valeur et s’en emparait, les faisant « jurer sur Satan » qu’elles ne leur cachaient rien ou qu’elles ne crieraient pas. S’il utilisait généralement un pistolet pour agresser ses victimes, il pouvait également se servir d’un couteau, d’un marteau, d’un démonte-pneu ou de fils téléphoniques suivant son inspiration. Parfois, il traçait des pentagrammes sataniques, sur les corps où sur les murs, ou se livrait à quelques mutilations sur les cadavres avec un couteau ou la hachette qu’il avait achetée tout spécialement. Richard se voyait comme un démon ténébreux, un être impitoyable, cruel, insaisissable, qui décidait à sa guise de la vie et la mort de chacun.

La panique avait rapidement gagné Los Angeles et ses environs. Même si de nombreuses victimes étaient d’origine asiatique, le tueur s’en prenait à n’importe qui, sans distinction aucune, dans les soixante kilomètres autour de la ville, et la police semblait impuissante. Pourtant, elle travaillait avec acharnement à son identification. Un groupe spécial avait même été créé, rassemblant des enquêteurs de tout le comté qui collaboraient et échangeaient leurs informations, mais leurs efforts restaient vains. Grâce aux divers témoignages des victimes, un portrait-robot du tueur avait été établi. Le suspect était d’origine hispanique, il avait entre 25 et 30 ans, la peau mate, des cheveux noirs assez longs, gras et ébouriffés. Il était maigre, il avait une mauvaise peau, un menton carré, des lèvres minces et des dents pourries. De plus, il était toujours habillé de noir, il avait probablement un lien avec le satanisme et une empreinte retrouvée dans un parterre de fleurs leur avait appris qu’il portait des baskets Avia de taille 45. Les journaux l’avaient baptisé le Night Stalker, le Rôdeur de la Nuit, et ce surnom allait lui rester.

Portrait Robot du Night Stalker

En août 1985, Richard Raminez quitta Los Angeles pour la baie de San Francisco. Le 18 aout, il pénétra dans la maison de Peter Pan, âgé de soixante-dix ans, l’abattant d’une balle dans la tête alors qu’il dormait. Après avoir battue et violée Barbara, la femme de Peter, il lui tira une balle dans la tête et la laissa pour morte. Sur le mur de la chambre, il griffonna un pentagramme et signa « Jack the Knife » sur le mur de la chambre. Lorsque la police découvrit que les meurtres de M. et Mme Pan avait été commis par le Night Stalker, alors Dianne Feinstein, maire de San Francisco, divulgua l’information, parlant des expertises balistiques identiques et des empreintes de chaussures, lors d’une conférence de presse retransmise par la télévision. Cette annonce rendit furieux les enquêteurs, qui savaient que le tueur suivait attentivement tout ce qui se disait sur lui. Ils avaient peur que cette révélation ne le pousse à détruire des preuves cruciales. Et ce fut le cas. Le soir même, Richard, qui avait suivi la conférence de presse, se rendit sur le Golden Gate Bridge et envoya ses baskets Avia par-dessus le pont. Il resta dans la région quelques jours de plus puis il retourna à Los Angeles.

Le 24 août 1985, Richard vola une Toyota orange dans la ville de Mission Viejo et il pénétra dans la maison de Bill Carns, 30 ans, et de sa fiancée Inez Erickson, 29 ans, par une porte arrière. Il entra dans la chambre du couple endormi, réveilla Bill en armant son pistolet et lui tira plusieurs balles dans la tête avant de tourner son attention vers Inez. Là, Richard dit à la femme terrifiée qu’il étant le Night Stalker puis, alors qu’il la tapait à coups de poing et l’attachait, il la força à jurer qu’elle aimait Satan. Après avoir volé tout ce qui pouvait l’être, il entraina la jeune femme dans une autre pièce et la viola. Il lui demanda ensuite de l’argent en espèce et plus de bijoux, et Inez dut « jurer sur Satan » qu’il n’y en avait plus. Avant de quitter la maison, il lui dit : « Dites-leur que le Stalker était ici. » Comme il partait dans sa Toyota, James Romero III, un voisin de treize ans, remarqua un homme bizarre habillé tout en noir, le même que celui qu’il avait déjà vu un peu plus tôt. Comme il le trouvait suspect, le jeune homme tenta alors d’écrire autant de numéros de la plaque d’immatriculation qu’il le pouvait. Pendant ce temps, Inez était parvenue à se détacher de ses liens et elle était allée chercher de l’aide chez un voisin. Son fiancé était gravement blessé mais les chirurgiens parvinrent à lui retirer les deux balles de la tête et il survécut à ses blessures.

À ce moment-là, 200 hommes avaient été mobilisés pour traquer le Night Stalker, des experts du FBI avait dressé son profil psychologique, des portraits robots avaient été distribués et les enquêteurs avaient effectué des recherches dans les milieux satanistes, interrogeant les membres de la communauté, sans succès. Quand la nouvelle de l’agression des Erickson devint publique, le jeune James parla à ses parents de l’homme étrange à la Toyota orange et les Romero contactèrent immédiatement la police, leur donnant le numéro partiel de la plaque d’immatriculation que leur fils était parvenu à noter.

Dans la matinée du 28 août, la voiture fut retrouvée sur le parking d’un centre commercial de Wilshire, une petite ville de la banlieue de Los Angeles. Richard prenait toujours grand soin d’effacer toutes ses traces mais cette fois, il avait oublié une empreinte digitale unique sur le rétroviseur. Cette empreinte fut rapidement identifiée comme appartenant à Richard Muñoz Ramirez, qui était décrit comme un vagabond de 25 ans originaire du Texas. Son casier judiciaire était fourni car il avait été interpellé à de nombreuses occasions. Le Night Stalker avait enfin un visage. Lors d’une conférence de presse la police s’adressa directement au tueur, lui annonçant : « Nous savons qui vous êtes maintenant, et bientôt tout le monde le saura. Il n’existera aucun endroit où vous pourrez vous cacher. »

Deux jours plus tard, des photos de Richard Ramirez furent diffusées à la télévision nationale et imprimées sur la couverture de tous les grands journaux de Californie. Le 30 août, Richard prit un bus pour Tocson, en Arizona, pour visiter son frère, ignorant qu’il était devenu le sujet principal de tous les grands journaux et des programmes télévisés. Comme son frère était absent, il retourna à Los Angeles le 31 au matin, passant sans encombre devant les agents qui surveillaient la gare routière dans l’espoir d’attraper le tueur, si jamais il tentait de fuir la ville en bus.

Vers 8h30, alors qu’il venait de rentrer dans une épicerie pour y acheter une bouteille de whisky, Richard aperçut soudain sa photo sur les couvertures des journaux et il s’enfuit en courant, paniqué. Mais des clients l’avaient reconnu et déjà ils se mettaient à crier, alertant les passants, dont certains appelèrent la police et d’autres se lancèrent à sa poursuite. Richard descendit l’avenue en courant puis il tenta de voler la voiture d’une femme mais il dut se remettre à courir en voyant la foule approcher. Après avoir sauté plusieurs clôtures, il tentait de s’emparer d’une autre voiture quand l’un de ses poursuivants le frappa à la tête avec une barre de métal. La foule l’entourait, prête à le lyncher et il n’eut la vie sauve que grâce à l’intervention de policiers qui arrivèrent à ce même moment.

Arrestation Richard Ramirez

Richard était un grand gan d’AC/DC. Il avait affirmé écouter la chanson Night Prowler quand il tournait en voiture à la recherche de ses prochaines victimes et les journaux avaient sous-entendu que cette chanson inspirait directement ses crimes. Outre la casquette, la police avait retrouvé un tee-shirt à l’effigie du groupe, ce qui semblait signifier quelque chose pour les fondamentalistes religieux qui pensaient que les initiales du groupe AC/DC signifiaient Anti-Christ Devils’Children. L’histoire d’un serial killer inspiré par les chansons du groupe confirmaient leurs soupçons : les membres du groupe AC/CD étaient les enfants du diable et ils incitaient les jeunes qui les écoutaient au satanisme. Cet incident nuit gravement à l’image du groupe. Des associations de parents firent campagne contre leurs disques et durant plus de deux ans, leurs concerts en Californie durent être annulés. Lors d’une interview, le groupe déclara que si la chanson avait des connotions meurtrières pour Ramirez, elle parlait d’un garçon qui se faufilait dans la chambre de sa petite amie pendant la nuit. Bien évidemment, s’il se reconnaissait probablement dans Night Prowler, Richard n’avait pas besoin d’être motivé par les paroles d’une chanson pour se livrer à ses barbaries. Cependant, la chanson incriminée contenait des paroles étranges qui cadraient mal avec les explications du groupe, ce qui alimenta encore la rumeur :

« Quelqu’un marche sur ta tombe

Et tu voudrais que le soleil se lève

Personne ne va te prévenir

Personne ne va hurler attaque

Et tu ne sens même pas l’acier

Qui traine derrière ton dos !

Je suis ton rôdeur de la nuit, endormi la journée

Je suis ton rôdeur de la nuit, casse-toi de mon chemin !

Fais attention au rôdeur de la nuit ! Il te regarde ce soir

Oui je suis le rôdeur de la nuit, quand tu éteins la lumière

Trop effrayé pour éteindre ta lumière

Car tu as un mauvais pressentiment

Était-ce un bruit derrière ta fenêtre ?

Quelle est cette ombre dans le noir ?

Alors que tu t’étends là nue

Comme un corps dans une tombe

L’ambiance est suspendue

Alors que je me glisse dans ta chambre. »

Richard Ramirez avait été capturé trois jours avant le début de la tournée d’AC/DC et malgré les accusations qui émanaient de diverses associations parentales, cette publicité avait valu de nouveaux fans au groupe. Les ventes de billets dépassèrent toutes les espérances si bien que de nouvelles dates durent être ajoutées.

Richard Ramirez montre un pentagramme
Richard Ramirez dans la provocation

L’audience préliminaire débuta le 24 février 1987 et se termina le 7 mai. La famille Ramirez avait eu du mal à trouver un avocat qui convienne à leur fils, qui soit d’accord pour assurer sa défense et qui continue à le vouloir après avoir vu le comportement de Richard face à la cour. L’inculpé était un client difficile. Lors de sa première comparution devant le tribunal, toujours égal à lui-même, Richard Ramirez leva une main avec un pentagramme dessiné sur sa paume et il s’écria : « Je te salue, Satan. »  Au cours des audiences, il riait souvent, parlait fort, menaçait le juge, insultait l’accusation et se moquait des témoins avec le plus grand mépris. Lorsque des photos de ses crimes étaient présentés, Richard se montrait satisfait, presque fier. Ses parents, assis derrière lui, pensaient qu’il était une victime de la drogue, et ils semblaient lui vouer un soutien inconditionnel, ce qu’ils continuèrent à faire tout au long de son incarcération. Reconnu coupable, ses avocats l’avertirent qu’il risquait la peine de mort et Richard, insouciant leur répondit : « Je serai en enfer alors, avec Satan. »

Richard avait lu les articles des journaux qui parlaient de lui comme du diable et il aimait cette peur qu’il inspirait, tout comme la célébrité que ses crimes avaient engendrée. Chacun de ses mots, chacune de ses provocations étaient rapporté par la presse et il jouait de ce succès qui lui valait de nombreuses admiratrices qui lui écrivaient des lettres enflammées ou lui rendaient visite en prison. « J’aime tuer les gens. J’aime les regarder mourir. Je leur tire dans la tête et ils se tortillent dans tous les sens puis ils s’arrêtent. Ou je les égorge avec un couteau et je regarde leurs visages devenir vraiment blancs. J’adore tout ce sang. J’ai dit à une dame de me donner tout son argent. Elle a dit non. Alors je l’ai égorgée et je lui ai arraché les yeux, » déclara-t-il au shérif Jim Ellis.

Tout le monde espérait que le procès du Night Stalker débuterait rapidement, mais il y avait tant de témoins et tant de preuves que la sélection du jury ne débuta que le 22 Juillet 1988. Le jour de l’ouverture du procès, la salle était pleine de journalistes et de caméras de télévision. Richard s’était habillé d’un costume noir et il portait des lunettes noires accentuaient le côté mystérieux qu’il aimait se donner. Au premier rang se tenaient les victimes, leurs familles et les policiers ayant participé à l’enquête. Les parents de Richard se tenaient derrière leur fils, et, près d’eux, se trouvaient des admiratrices du Night Stalker. Richard se retournait souvent pour regarder ses fans, leur faisant de petits signes ou des sourires.

Richard salue ses fans
Richard salue ses fans

Le 3 Août 1988, le Los Angeles Times rapporta que certains employés de la prison avaient entendu l’inculpé planifier une attaque à l’arme à feu contre le procureur. Par conséquent, un détecteur de métaux avait été installé à l’entrée de la salle d’audience et des fouilles intempestives étaient menées sur les personnes entrantes.

Le 14 Août, le procès fut interrompu car l’un des jurés, Phyllis Singletary, ne s’était pas présentée à la salle d’audience. Un peu plus tard, elle fut retrouvée morte dans son appartement. Les membres du jury, qui se demandaient si Ramirez n’avait pas dirigé cet assassinat de sa cellule de prison, étaient terrifiés. Un juré suppléant fut alors désigné pour remplacer la disparue mais elle était tout aussi affolée que les autres et elle en venait à voir peur de rentrer chez elle. Lors de l’enquête, il apparut qu’elle avait été tuée par son partenaire James Menton, 51 ans, qui s’était suicidé par la suite dans un motel à proximité. Souvent, Richard se donnait en spectacle, se montrant arrogant, riant des témoignages, présentant encore une fois son pentagramme aux photographes et faisant des déclarations qu’il jugeait fracassantes : « Je suis au-delà de votre expérience, je suis au-delà le bien et le mal. Légions de la nuit… ne répétez pas les erreurs du Night Stalker, et ne montrez aucune pitié. Je serai vengé. Lucifer habite en chacun de nous. C’est tout. »

Le 20 septembre 1989, Richard Ramirez fut reconnu coupable de 13 assassinats, 5 tentatives de meurtres, 11 agressions sexuelles, 14 cambriolages et condamné à mort. En entendant la sentence, Richard se tourna vers les journalistes et se faisant deux petites cornes au-dessus de sa tête il chuchota : « Mauvais… » Après avoir annoncé le verdict, le juge lui fit remarquer que ses actes montraient de  » la cruauté, l’insensibilité, et la méchanceté au-delà de toute compréhension humaine.  » Mais pour Richard, les hommes étaient comme ça depuis toujours. Quand il regardait la société, il voyait les gens utiliser ce qu’il appelait ces qualités pour toutes choses. Personne n’avait pas à le juger. Il faisait ce qu’il devait faire à tous les égards, et il était fier de lui. La nécessité d’être lui-même dépassait toutes les barrières morales. Alors qu’il se dirigeait vers le bus qui devait le ramener à la prison, songeant à sa sentence, il se mit à rire puis, regardant les journalistes qui s’entassaient derrière la grille de sécurité il murmura : « Grande affaire… La mort a fait toujours partie du voyage. Je vous reverrai à Disneyland. »

En prison, Richard avait pour habitude de s’exhiber devant les enfants et de se masturber devant le personnel pénitentiaire, les avocats et les jeunes filles. Sholly, sa propre nièce, en fit les frais quand elle vint le visiter pour la première -et la dernière- fois. Son oncle avait été arrêté lorsqu’elle avait 7 ans à peine et elle ignorait ce qu’il avait fait. Lors de cette visite, il lui dit des choses infâmes et se mit en colère parce qu’elle portait un collier en or avec une croix : « Il a dit que les satanistes ne portaient pas d’or et il voulait que je l’enlève. » Cette rencontre affecta terriblement la jeune fille qui n’eut plus jamais aucun contact avec lui.

Depuis le début son incarcération, l’éditrice du magazine le Doreen Lioy, 41 ans, avait écrit plus de soixante-quinze lettres à Richard. Le 3 octobre 1996, Doreen et Richard se mariaient à la prison de Californie. Bien évidemment, Richard avait choisi un anneau en argent. La jeune mariée le trouvait charmant, drôle, et elle disait de lui qu’il s’agissait d’une personne formidable. Elle semblait sincèrement le penser innocent et elle déclarait qu’elle se suiciderait si jamais il était exécuté.

Mariage de Richard et Doreen

Le 10 avril 1984, Mei Leung, 9 ans, avait été retrouvée dans le sous-sol de l’hôtel où vivait Richard. La petite fille avait été battue, violée, poignardée à mort et son corps avait été pendu à tuyau. Il fallut attendre 2009 pour que Richard Ramirez soit identifié comme étant l’auteur de ce meurtre, grâce à l’ADN trouvée sur les lieux du crime. « J’ai tué 20 personnes, mec. J’aime tout ce sang, » criait-il en prison.

Richard passait son temps à regarder la télévision, appréciant tout particulièrement les programmes présentant des athlètes féminines et regrettant que leurs vêtements ne soient pas plus suggestifs. Il adorait l’acteur Ted Levine, surtout dans le rôle de Buffalo Bill, le serial killer du film Le Silence des Agneaux, et il réclamait souvent des revues avec des filles asiatiques. Il refusait toutes les visites de ses amis et de ses parents et ne communiquait que rarement avec le monde. Il ne voulait même pas recevoir sa femme.

En 2006, il fit appel et la Cour suprême de Californie confirma les condamnations et la sentence. En 2007, elle refusa de réexaminer le dossier. Richard Ramirez mourut d’une insuffisance hépatique le 7 Juin 2013, à l’âge de 53 ans, sans jamais avoir exprimé le moindre remords pour ses crimes.

« Vous ne me comprenez pas. Vous n’êtes pas censés me comprendre. Vous en êtes incapables. Je suis au-delà de votre expérience. Je suis par-delà le bien et le mal. »

Richard Ramirez
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