Je suis une fidèle du paranormal, une fille plutôt intéressée qui lit des histoires, se pose des questions et en invente les réponses. Ça ne m’a pas empêchée plus que ça d’être une ado normale, avec tout de même ce petit penchant pour l’occulte et tous ces trucs qui m’ont valu le surnom affectif de « petite sorcière » auprès de mes amis de lycée.
Quand j’ai eu mes 16 ans, je me suis sentie prête à rentrer plus profondément dans ce monde étrange du paranormal. Je me suis dit qu’il serait peut être « sympa » de passer à de la pratique. Bien sur j’ai toujours connu la dangerosité de certains actes et rituels faits pas des ados cherchant juste le frisson, mais pour moi c’était différent. Je ne voulais pas me faire peur, ou même me prouver que les fantômes existaient, non je voulais ressentir de choses, rentrer en contact, je sais pas vraiment comment l’expliquer. J’ai toujours été attirée par ces choses et c’est quasiment comme si je me sentais « obligée » de m’y mettre.
J’avais dit à certains de mes meilleurs amis ce que je m’apprêtais à faire: me procurer une planche Ouija et tenter de rentrer en contact avec un esprit. Certains d’entre eux en rigolaient, me disant d’essayer de parler à des stars connues et mortes, tandis que d’autres étaient pétrifiés. L’une de mes amies particulièrement superstitieuse m’avait directement prévenue de ne pas faire ça, de ne pas me mettre en danger de façon stupide et inutile, mais je savais qu’elle n’avait jamais supporté mon attrait et ma passion pour ce genre de choses alors je lui avais répondu en souriant que j’irai bien et que je passerai le bonjour à l’un de ses ancêtres si elle le souhaitait.
J’avais réussi à m’acheter une planche Ouija dans une petite boutique correspondant entièrement à ma passion et l’avait cachée dans ma chambre pendant plus d’un mois. Je m’étais posée d’innombrables questions. Sur le lieu, la date, l’esprit… Je ne voulais pas reculer mais je ne savais plus franchement quoi faire. Je me disais que j’avais été trop loin, que je n’aurais même pas du prendre cette planche dans un premier temps et que cette idée de parler aux esprits était stupide mais je l’ai tout de même fait.
Naïve comme tout, j’avais décidé de prendre les clés, que gardait mon père, de chez mon arrière-grand-mère qui était morte un tout petit peu plus d’un an auparavant, chez elle à 97 ans. Du peu que je l’avais connue lorsque j’étais petite j’en ai toujours gardé ce souvenir d’une vielle dame malade, assez râleuse mais gentille et fatiguée. Au final deux amis m’avaient accompagnée, l’un étant venu après avoir rigolé sur le fait que rien ne se passerait du tout et l’autre ayant été curieuse. Alors on y avait été tous les trois. Lorsqu’on était arrivés il y avait cette odeur de renfermé et de » vieux » mais rien n’avait changé depuis sa mort. Ni la disposition des meubles, ni les bibelots, ni les photos. Tout était parfait comme si elle n’avait jamais quitté la pièce où qu’elle allait apparaître d’un instant à l’autre dans l’embrasure de la porte de sa chambre, normalement.
J’étais déterminée et c’était sans bruit et sans parole que l’on avait tout mis en place. On avait fermé les volets, allumé des bougies, j’avais même fait brûler de l’encens censé apaiser. Tout était en place et on était prêts. On avait joint nos mains et au début, personne n’avait rien dit. On était concentrés. Du moins pour ma part car je savais que mes amis m’avaient simplement accompagnée en étant sceptiques. Alors on a commencé. Rien ne s’est passé. Puis sans savoir exactement dans quel but, j’ai demandé à haute si elle me reconnaissait. Nos mains, frôlant la goutte, se mirent à bouger en même temps que celle-ci. Les lettres pointées avaient successivement été: M, A, P, E, T, I, T, E, R, E, V, E, U, S, E. Et cela n’a pas été compliqué de deviner » ma petite rêveuse « .
Cela n’avait pour sûr pas pu être une farce de mes amis qui ne savaient même pas le sens de ces paroles, de ce surnom. En référence à la célèbre histoire d’Alice aux Pays des Merveilles, c’était mon arrière grand-mère qui m’avait surnommée ainsi. La séance s’était terminée après ce seul signe donné. Mes amis avaient douté de moi, disant que j’avais tout manigancé et ils en avaient rigolé.
Quant à moi j’avais été la plus bouleversée, je savais que je n’avais absolument rien fait, je n’étais pas la cause du phénomène. J’avais définitivement contacté mon arrière grand-mère.
Après ça j’ai revendu ma planche Ouija et j’ai continué à m’intéresser au paranormal mais sans plus rien tenter de ce genre. Cet épisode de ma vie m’avait marquée dans le bon sens du terme et cela m’avait suffit. Comme quoi une séance de spiritisme ne ressemble pas forcément au vulgaire scénario d’un mauvais film d’horreur.
Alice.
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