Les États-Unis sont riches en légendes urbaines que ses habitants se transmettent de génération en génération. Souvent présentées sous la forme de contes, parfois inspirées de faits réels, parfois purement imaginatives, ces histoires populaires nous parlent de leur époque et elle visent à prévenir les adolescents, les jeunes femmes en particulier, des dangers de la vie. Comme en France, les américains possèdent eux-aussi leurs histoires de Dame Blanche, mais leur légende urbaine la plus réputée est probablement celle de Bloody Mary, à laquelle j’ai consacré une page.
La Mort de la Colocataire
J’ai entendu l’histoire d’une fille qui était rapidement passée dans son dortoir pour y prendre quelques affaires avant d’aller retrouver son petit-ami dans sa chambre. Ce soir-là, il était déjà tard, aussi était-elle rentrée dans la pièce sans allumer la lumière, sachant que sa colocataire dormait. Elle avait tâtonné dans l’obscurité pendant plusieurs minutes, ramassant ses livres, des vêtements et une brosse à dents puis elle était ressortie de la chambre le plus discrètement possible.
Le lendemain matin, quand elle avait voulu retourner dans son dortoir, des policiers l’avaient empêchée de passer. Ils lui avaient demandé si elle vivait là, elle avait répondu que c’était le cas et ils l’avaient alors conduite jusqu’à sa chambre. Là, elle avait compris. Sur le mur, des lettres de sang grossièrement tracées formaient ces mots: » N’es-tu pas heureuse de ne pas avoir allumé la lumière? » Sa colocataire avait été assassinée alors qu’elle prenait ses affaires.
Cette vieille légende, qui aurait plus de 40 ans, connaitrait plusieurs variantes, et elle serait très populaire dans les universités américaines. Elle serait purement imaginative et elle servirait d’avertissement aux jeunes adultes, leur conseillant de se méfier du monde extérieur.
L’Odeur dans la Chambre d’Hôtel
Un homme et une femme étaient allés à Las Vegas pour leur lune de miel et ils avaient réservé une suite dans un hôtel. Mais quand ils arrivèrent dans la chambre, immédiatement ils remarquèrent qu’elle empestait. Le mari appela alors la réception et demanda à parler au directeur. Il lui expliqua que la chambre sentait très mauvais, qu’ils désiraient une autre suite et le directeur, gêné, lui répondit qu’il était vraiment désolé mais que l’hôtel était complet à cause d’une convention qui se tenait en ville. En compensation, il proposait de leur offrir un repas dans le restaurant de leur choix, leur expliquant que pendant leur absence, une femme de ménage passerait nettoyer la chambre de fond en comble et qu’elle tenterait d’en chasser l’odeur.
Après un bon déjeuner, le couple regagna sa suite mais dès qu’ils ouvrirent la porte, la même odeur fétide envahit leurs narines. Agacé, le mari téléphona à la réception pour signaler que leur chambre sentait toujours aussi mauvais. Le directeur, ennuyé, lui proposa alors de leur trouver une suite dans un autre hôtel. Il appela plusieurs établissements de la ville, mais tous affichaient complets du fait de la convention. Voyant qu’il n’arrivait à rien, le malheureux directeur proposa de faire nettoyer la pièce une nouvelle fois et les jeunes mariés donnèrent leur accord. Ils comptaient visiter la ville, peut-être même tenter leur chance au casino et ils leur donnaient deux heures pour régler le problème.
Dès que le couple eut quitté l’hôtel, la directeur et l’ensemble du personnel affecté au ménage se rendirent dans la chambre pour essayer de découvrir la source de cette terrible odeur. Ils fouillèrent la pièce, les femmes de ménage changèrent les draps, les serviettes, les rideaux puis le tapis et la suite furent nettoyés avec les plus forts détergents en leur possession.
Deux heures plus tard, quand le couple regagna la chambre, l’odeur était tout aussi forte. Le mari était dans une colère noire. S’ils étaient incapables de trouver l’origine du problème, il allait s’en charger lui-même. Il commença à tout envoyer promener dans la pièce, puis entreprit de fouiller le lit. Mais comme il tirait le matelas, il découvrit un cadavre de femme.
Cette surprenante histoire est vraiment arrivée, et à plusieurs reprises. En effet, des cadavres ont été retrouvés, dissimulés entre le matelas et le sommier, à Las Vegas, mais également à Kansas City, à Memphis, à Atlantic City, dans le New Jersey, en Floride et en Californie. L’une de ses chambres aurait été louée cinq fois avant que la direction ne parvienne à trouver la source de l’odeur. La morale de l’histoire: il faut regarder sous le matelas quand on va dormir dans un hôtel aux États-Unis.
Des Alligators dans les égouts new-yorkais
Il y a quelques années, il était à la mode parmi les new-yorkais qui passaient leurs vacances en Floride de ramener des bébés alligators à leurs enfants pour qu’ils les élèvent comme animaux de compagnie. Mais ces bébés alligators finissaient par grandir, leurs instincts reprenaient le dessus et les parents, désespérés, finissaient par les jeter dans les toilettes pour s’en débarrasser.
Cachées dans les égouts humides de Manhattan, certaines de ces créatures auraient réussi à survivre et se serait alors développée une nouvelle race d’alligators albinos géants. Se dissimulant sous les rues de New-York, leurs descendants continueraient à se multiplier.
D’après certains écrits, dans les années 1930, les employés municipaux étaient armés et ils tuaient les crocodiles qu’ils trouvaient dans les égouts. Teddy May, un fonctionnaire à la retraite, affirmait que durant son service, dans les années 30, des travailleurs avaient étudié les sauriens qui vivaient sous la ville et qu’il en avait personnellement vu une colonie de ses propres yeux. Il prétendait même avoir supervisé leur éradication. Si j’ai pris la liberté de citer ce témoignage, rien ne prouve qu’il soit vrai. Par contre, il existe tout de même un fond de vérité derrière la légende des alligators dans les égouts. Le 10 février 1935, un crocodile de 2m40 fut découvert au fond d’un trou près de la rivière Harlem. A l’époque, l’on supposa que la créature avait du tomber d’un bateau à vapeur qui visitait le nord-est des Everglades et qu’il avait nagé jusqu’à la rivière. Comme ses camarades des égouts, ce crocodile connut une fin malheureuse après que Salvatore Conduluci, un adolescent, et ses amis l’aient extirpé du trou où ils l’avaient trouvé.
La Fuite du Cerveau
Une vieille dame tout à fait charmante faisait souvent les courses pour les personnes âgées et les infirmes de sa paroisse. Une chaude journée d’été, une dame lui demanda de passer chercher quelques affaires et de les lui ramener chez elle, dans un quartier dangereux de Baltimore. Cette demande n’enchantait guère la vieille dame mais elle ne pouvait pas refuser même si elle était terrifiée à l’idée de conduire dans cette partie de la ville où les pires violences étaient fréquemment rapportées.
Après avoir récupéré les sacs à l’épicerie, elle se dirigea vers l’adresse indiquée mais alors qu’elle entrait dans le quartier de la dame, elle remarqua de jeunes voyous à l’angle de la rue. En fait, il semblait y en avoir partout. Immédiatement, et même si sa voiture ne possédait pas de climatisation, elle s’empressa de fermer les fenêtres et supporta en silence la chaleur de plus de 32 degrés.
Elle conduisait toujours quand soudain, elle sentit un fort impact à l’arrière de sa tête puis un suintement humide commença à couler lentement sur ses cheveux et brusquement elle comprit: on lui avait tiré dessus et quelque partie de son cerveau s’écoulait de son crâne. Paniquée, elle s’empressa de faire demi tour et fonça jusqu’à l’hôpital le plus proche. Rassemblant ses dernières forces, elle parvint à se trainer jusqu’à l’accueil des urgences et à prévenir le personnel qu’on venait de lui tirer dessus. Immédiatement, la vieille dame fut prise en charge et transportée vers une salle d’examens. Les médecins tourbillonnaient autour d’elle, cherchant la blessure mais ne voyant pas de sang, ils finirent par lui demander où elle avait été touchée.
La vieille dame leur répondit qu’elle avait été touchée à la tête et ils aperçurent alors l’étrange masse blanche qui semblait sortir de son crâne mais dès qu’ils l’examinèrent, ils réalisèrent que cette substance ne faisait pas partie de son cerveau. La malheureuse avait été touchée par un morceau de pâte à biscuit, après que la boite ait explosé sous la chaleur de la voiture.
Cette légende serait née vers le milieu des années 1990 et elle viendrait d’une histoire qu’une comédienne aurait racontée sur un forum. L’histoire se serait rapidement répandue, et elle aurait même finit par apparaitre dans les colonnes de certains journaux.
La Baby-Sitter et l’Homme en Haut de l’Escalier
M. et Mme Murphy, qui devaient sortir, avaient demandé à Linda, une adolescente, de garder leurs trois enfants. Quand la jeune fille se présenta à leur domicile, ils lui précisèrent qu’ils pensaient revenir tard, que les enfants dormiraient probablement et qu’il ne serait inutile de les réveiller à leur retour.
Après leur départ, la baby-sitter, qui espérait un appel de son petit-ami, commença à faire des devoirs, et peu de temps après, le téléphone se mit à sonner.
Linda, pensant que son petit-ami l’appelait comme il l’avait dit, décrocha immédiatement le combiné mais de l’autre côté il n’y avait personne, juste le silence. Au bout de quelques minutes, la sonnerie du téléphone résonna une nouvelle fois dans la maison mais quand elle répondit, une voix d’homme lui dit d’une voix glaciale: » Êtes-vous allée voir si les enfants allaient bien? «
Elle pensa que l’appel venait du père qui s’inquiétait pour ses enfants, mais la communication fut brutalement interrompue et elle décida de l’ignorer. Sans perdre de temps elle recommença à travailler mais quelques instants plus tard, le téléphone sonna à nouveau et, au bout du fil, la même voix effrayante lui répéta: » Êtes-vous allée voir si les enfants allaient bien? «
» M. Murphy? « , demanda-t-elle timidement. Mais aussitôt l’homme raccrocha. Intriguée, elle décida d’appeler le restaurant où le couple devait passer la soirée mais quand elle demanda à parler à M. Murphy, on lui apprit que M. Murphy et sa femme avaient quitté le restaurant 45 minutes plus tôt. Cette nouvelle inquiéta la jeune fille qui finit par se convaincre qu’elle ferait mieux d’appeler la police. Au standardiste qui lui répondit, elle expliqua qu’un étranger avait appelé à plusieurs reprises et qu’il avait raccroché. » Vous a-t-il menacée? », s’enquit son interlocuteur. » Non, » avoua-t-elle. » Et bien, nous ne pouvons rien y faire. Vous devriez essayer d’expliquer que quelqu’un vous fait des blagues à la compagnie du téléphone. »
Quelques minutes plus tard, quand la baby-sitter posa le combiné téléphonique contre son oreille, la même voix cynique lui reprocha: » Pourquoi n’êtes-vous pas allée voir si les enfants allaient bien? » Puis, alors qu’elle demandait à l’inconnu de décliner son identité, il raccrocha brusquement. Terrifiée, la jeune fille composa le 911 et dit: » J’ai peur. Je sais qu’il est là, qu’il me regarde.
– L’avez-vous vu? » lui demanda le standardiste. Elle répondit que non et il enchaina: » Et bien, il n’y a pas grand chose que nous puissions faire. » La baby-sitter commença alors à supplier et l’homme finit par céder. » Ça va aller. Donnez-moi votre numéro et votre adresse, et si vous pouvez garder ce type au téléphone pendant au moins une minute, nous allons essayer de retracer l’appel. Quel est votre nom?
– Linda.
– D’accord Linda. S’il rappelle, nous ferons de notre mieux pour retracer l’appel. En attendant, restez calme. Pouvez-vous faire cela pour moi?
– Oui, » répondit-elle et elle raccrocha. Pensant que son mystérieux interlocuteur l’observait peut-être par les fenêtres, la jeune fille décida de baisser les lumières et aussitôt, le téléphone se mit à sonner.
» C’est moi, » annonça la voix familière. » Pourquoi avez-vous baisser les lumières?
– Pouvez-vous me voir? » demanda la jeune fille, en proie à la panique.
– Oui, répondit-il après un long silence.
– Regardez, vous m’avez fait peur. Je tremble. Êtes-vous heureux? C’est ce que vous vouliez?
– Non.
– Alors que voulez-vous? «
Après une longue pause, l’inconnu murmura: » Votre sang. Partout sur moi. «
La baby-sitter raccrocha le téléphone, terrifiée mais immédiatement, il se remit à sonner. » Laissez-moi tranquille!, » cria-t-elle dans le combiné. Mais c’était le standardiste, et à sa voix, ce qu’il avait à dire était urgent:
» Linda, nous avons tracé l’appel. Il vient d’une autre pièce de la maison. Sortez de là! Maintenant!!! «
La jeune fille courut vers la porte d’entrée, déverrouilla, mais quand elle voulut ouvrir la porte, cette dernière resta résolument bloquée. Elle avait oublié d’enlever la chaine. Alors qu’elle décrochait la sécurité, elle tourna brièvement la tête et aperçut une lueur en haut des escaliers. La porte de la chambre des enfants était entrouverte et la silhouette d’un homme se découpait dans l’embrasure. Quand elle réussit à ouvrir la porte d’entrée, elle vit que des policiers se tenaient sur le palier, leurs armes à la main, et elle poussa un soupir de soulagement: elle était sauve. Mais quelques minutes plus tard, quand l’intrus passa devant elle avec ses menottes aux poignets, elle remarqua qu’il était couvert de sang. Le sang des trois enfants qu’elle n’était jamais montée voir.
Cette légende urbaine, qui n’a rien de réel et qui cherche juste à effrayer, court depuis la fin des années 1960. Elle reste populaire de nos jours grâce au film de 1979, When a Stranger Calls, et à son remake de 2006.
Le Bon Samaritain
Quand elle sortit sur le parking, une jeune femme qui faisait ses courses dans un centre commercial découvrit que l’un de ses pneus était à plat. Alors qu’elle se tenait près de sa voiture, désemparée, un homme en costume d’affaires s’approcha d’elle et lui demanda si elle avait besoin d’aide. Elle lui répondit qu’elle allait appeler un garage mais il s’y opposa vivement, lui expliquant qu’elle en avait pour une heure, alors que si elle lui permettait de l’aider, elle pourrait rapidement repartir chez elle. Quand la femme, qui avait une journée chargée, lui donna son accord, l’homme posa sa mallette dans le coffre et commença à réparer le pneu crevé. Une fois le travail terminé, il lui demanda si elle pouvait l’amener de l’autre côté du centre commercial, où était garée sa voiture mais regardant sa montre, la femme réalisa qu’elle était en retard et elle lui répondit que ça n’allait pas être possible. Elle lui lui expliqua qu’elle devait rentrer chez elle le plus rapidement possible car c’était l’anniversaire de sa fille et que son mari et ses deux enfants l’attendaient. Après avoir entendu ses excuses, l’homme partit sans insister.
En arrivant chez elle, la jeune femme raconta sa mésaventure à son mari qui sortit vérifier le pneu. Là, il s’aperçut que l’homme avait, par inadvertance, oublié sa mallette dans le coffre du véhicule. Il la rapporta au salon, la montra à sa femme et après une courte discussion ils décidèrent de l’ouvrir, pensant qu’ils y trouveraient peut-être le nom ou le numéro de téléphone du bon samaritain. Mais le porte-documents était bien loin de contenir ce à quoi ils s’attendaient car à l’intérieur ne se trouvaient qu’un couteau et une corde.
Cette légende urbaine se décline en de très nombreuses versions. Souvent, la femme détecte le danger par quelque signe révélateur et parfois elle échappe à la mort par pur hasard, comme dans cette version. L’histoire est fort ancienne et elle existait déjà à l’époque où les voitures étaient tirées par des chevaux. Elle racontait qu’un cocher ayant accepté de faire faire une promenade à une dame s’apercevait que ses bras étaient particulièrement velus pour une femme. Soudain effrayé, le malheureux s’arrangeait pour faire descendre sa passagère et s’enfuyait. Une fois en sécurité, il s’apercevait que la dame avait oublié son sac à main sur le siège passager et en l’ouvrant, il y découvrait un unique objet: une hache.
En 1998, l’histoire connut une nouvelle variante, localisant les faits au centre commercial Tuttle, à Columbus, qui devint rapidement populaire et de nombreux clients affolés appelèrent le supermarché en question. Les médias, alertés, estimèrent alors que l’histoire devait être inspirée d’un événement de la vie réelle et bientôt la rumeur prit une telle ampleur que la police dut de Columbus dut lancer une enquête pour apaiser les esprits. Bien évidemment, aucun incident de ce genre n’avait jamais été rapporté.
Le Tueur sur la Banquette Arrière
Un soir, une femme sortit boire un verre avec ses copines. Elle quitta le bar assez tard dans la nuit, s’installa au volant de sa voiture et s’engagea sur le chemin qui devait la ramener chez elle. Elle roulait sur la route déserte depuis quelques minutes quand soudain elle remarqua dans son rétroviseur une paire de phares qui semblaient se rapprocher rapidement. Quand la voiture arriva à son niveau, la femme aperçut le clignotant et elle en conclut que le conducteur allait la doubler mais brusquement le véhicule se rabattit derrière elle, la frôlant dangereusement.
Maintenant, elle se sentait nerveuse. Les phares s’éteignirent un moment, puis s’allumèrent à nouveau et la voiture bondit en avant. Effrayée, la femme avait du mal à garder les yeux sur la route. Elle devait lutter pour se concentrer et ne pas regarder la voiture derrière elle. Quand elle aperçut enfin sa sortie, elle se sentit soulagée mais quand elle tourna à l’embranchement, la voiture continua à la suivre, faisant clignoter ses phares et l’angoisse lui resserra la gorge.
L’inconnu la poursuivait toujours quand elle s’engagea son allée. La jeune femme se disait que son seul espoir était de se précipiter dans la maison et d’appeler les secours mais alors qu’elle sortait de sa voiture, le conducteur du véhicule en fit autant et il lui cria vivement: » Verrouillez la portière et appelez la police. Appelez le 911! «
Lorsque la police arriva, la femme comprit brusquement la situation. L’homme dans la voiture avait voulu la sauver. Il roulait derrière elle, phares allumés, quand soudain il avait aperçu la silhouette d’un homme avec un couteau se lever de la banquette arrière. Comprenant qu’il allait la poignarder, l’homme avait fait clignoter ses phares pour l’alerter et la silhouette s’était recroquevillée.
Cette légende urbaine, qui date des années 1950, connait plusieurs variantes. Parfois, la femme s’arrête à une station-service et un homme en profite pour se dissimuler à l’arrière de sa voiture alors qu’elle est en train de payer. L’employé de la station tente alors de la faire rentrer dans le bâtiment par tous les moyens, mais la femme prend peur et refuse jusqu’à ce qu’il lui avoue avoir vu un homme se glisser sur le siège arrière de sa voiture. La morale de l’histoire est toujours la même: Il faut toujours vérifier la banquette arrière de sa voiture.
La légende initiale rapportait que des hommes se glissaient sous les voitures des femmes seules alors qu’elles se trouvaient au supermarché et qu’ils leur coupaient les jambes avant de les voler. Depuis les années 1990, l’histoire a évolué, et ces hommes se glissent maintenant sur les banquettes des voitures dans le but de couper leurs malheureuses victimes en morceaux. Ce serait là un rite d’initiation demandé par certains gangs. Suivant les folkloristes, ces deux versions n’ont aucune base réelle.
Les Dangers du Micro-Onde
L’ami d’un ami avait une grand-mère qui était très spéciale. Un jour, la vieille dame venait de baigner son caniche quand soudain le téléphone sonna. A l’autre bout du fil se trouvait sa fille, qui souhaitait lui rappeler qu’elles avaient rendez-vous pour le déjeuner, trente minutes plus tôt. La grand-mère présenta ses excuses et lui répondit qu’elle arrivait aussi vite que possible.
Elle séchait fastidieusement son chien avec une serviette, quand soudain lui vint une idée: si elle le mettait au micro-onde, il serait sec instantanément. Elle mit donc son animal à l’intérieur du four, tourna le bouton sur décongeler et l’alluma. Trente secondes plus tard, la grand-mère enfilait son manteau pour partir quand elle entendit une explosion sourde dans la cuisine. Le caniche n’était plus.
Milagros Esteves était une jolie fille, mais pas très maligne. L’homme qu’elle aimait lui avait proposé un rendez-vous, et à cette occasion, elle voulait être la plus belle possible.
Malheureusement, le jour venu, jamais elle ne se présenta. Puis, comme le temps passait, le garçon, qui n’avait pas de nouvelles, commença à s’inquiéter. La jeune femme ne répondait pas aux appels téléphoniques et l’homme, qui voulait comprendre ce silence soudain, finit par lui rendre visite. Il sonna à sa porte et attendit une réponse, en vain. Faisant le tour de la maison il tenta alors de jeter un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine, et là il l’aperçut, étendue sur le plancher.
Lors de l’enquête qui suivit, les policiers parvinrent à reconstituer les derniers instants de la malheureuse. Alors que l’heure du rendez-vous approchait, la jeune fille avait apparemment remarqué que ses cheveux étaient trop humides et une idée l’avait alors traversée. Elle était allée à la cuisine, elle avait pris un couteau, puis elle avait simulé la fermeture de la porte de son micro-onde et mis sa tête à l’intérieur. Les médecins diagnostiquèrent une mort par cerveau bouilli.
Ces effroyables histoires, dont la seconde peut prêter à sourire tant elle est invraisemblable, ne sont pas tirées de la rubrique faits divers d’un quelconque journal. Elles traduisent simplement la peur face aux nouvelles technologies. Bien qu’ayant été inventés dans les années 1940, les fours micro-ondes ne devinrent abordables qu’à la fin des années 1960 et, peu de temps après, ces légendes urbaines commencèrent à circuler.
Le Crochet
A Lane Rover, un adolescent et sa petite-amie s’isolèrent dans un endroit tranquille puis le garçon alluma la radio de sa voiture, se pencha à l’oreille de la jeune fille pour lui murmurer quelque chose et commença à l’embrasser. Quelques minutes plus tard, la musique s’arrêta brutalement et, après un moment de silence, la voix du speaker s’éleva, expliquant d’une voix sinistre qu’un meurtrier venait de s’échapper de l’asile d’aliénés où il était enfermé, un asile qui se trouvait à moins d’un kilomètre de la ville. Les autorités demandaient à quiconque remarquerait un homme portant un crochet en acier inoxydable à la place de sa main droite manquante de signaler immédiatement l’individu à la police.
En entendant cela, la jeune fille prit peur et demanda à être ramenée chez elle mais le garçon, intrépide, verrouilla toutes les portes en lui assurant qu’ils seraient en sécurité puis il tenta de l’embrasser une nouvelle fois. La fille, soudain frénétique, le repoussa brutalement et insista pour qu’ils partent. Maussade, le garçon sortit du parking et fonça sur la route. Quand ils arrivèrent à la maison de la jeune fille, elle sortit précipitamment de la voiture et se retourna pour refermer la portière. Mais alors qu’elle esquissait son geste, soudain elle se mit à hurler. Là, suspendu à la poignée de la porte, se trouvait un crochet ensanglanté.
Cette fable naïve, qu’il faut replacer dans son contexte, date des années 1950 et le message est très clair: le sexe, c’est mal. De nombreux films d’horreur populaires se sont inspirés de l’histoire de l’homme au crochet ou de l’une de ses déclainisons, comme, par exemple Candyman ou Souviens-toi l’été dernier. Une autre version de cette même histoire, qui s’appelle La Mort du Petit-Ami, est particulièrement connue. Le garçon et la jeune fille vont dans les bois pour être tranquilles. Là, ils font ce qu’ils avaient prévu de faire puis le garçon va satisfaire un besoin naturel pendant que la fille l’attend dans la voiture. Au bout de quelques minutes, comme il ne revient pas, la jeune fille commence à s’inquiéter et elle décide de partir à sa recherche mais en sortant de la voiture elle aperçoit une silhouette dans la forêt et elle abandonne son projet. Quelques secondes plus tard, elle entend un étrange grincement: scritch, scritch, sans parvenir à déterminer d’où il vient. Paniquée, elle démarre la voiture mais inexplicablement, cette dernière refuse de bouger. Tout près d’elle, le grincement continue, insistant. La jeune fille, à bout de nerfs, sort alors du véhicule et là, elle voit son petit-ami se balancer au bout d’une corde, juste au-dessus de la voiture. A chaque mouvement, ses chaussures frottent sur le toit du véhicule, produisant le sinistre scritch.
Le Sèche-Lapin
Un jour, en rentrant dans son jardin, un homme retrouva son chien avec un morceau de fourrure sale dans la gueule. S’approchant, il s’aperçut que le morceau de fourrure en question était un lapin de concours appartenant à son voisin. Toutefois, il y avait un détail étrange. Le lapin était mort mais aucune blessure n’était visible.
L’homme était horrifié, et il se sentait très mal à l’idée que son chien ait tué cet animal. Il ramena le lapin chez lui, le lava, le sécha, puis le remit discrètement dans sa cage avant que son voisin ne revienne.
Quelques jours passèrent sans qu’aucune allusion au lapin ne soit faite mais le week-end suivant, alors qu’il parlait à son voisin par dessus la clôture, ce dernier lui rapporta qu’il lui était arrivé une chose étrange. Un soir, en rentrant du travail, il avait retrouvé son lapin de concours mort dans sa cage.
» Oh, non, » s’exclama l’homme. » Quelle horreur! «
– Attendez, ce n’est pas le fait qu’il soit mort qui est étrange, » dit son voisin. » Ce qui est bizarre c’est qu’il était mort plus tôt le matin, et que je l’avais enterré avant d’aller travailler. «
Selon certaines sources, cette excellente histoire, qui était extrêmement populaire en Amérique vers la fin des années 1980, se serait réellement produite.
La Statue de Clown
Une jeune fille avait été engagée par une famille de Newport Beach, en Californie, pour garder leurs enfants. La famille était riche, leur maison était immense et elle proposait un nombre indécent de chambre. Les parents avaient prévu d’aller au restaurant et au cinéma mais avant de partir, le père indiqua à la baby-sitter que dès que les enfants seraient couchés, elle devrait se rendre dans une pièce spécifique pour y regarder la télévision. Ils ne voulaient pas que la jeune fille vadrouille à sa guise dans toute la maison.
Une fois les enfants endormis, la jeune fille se rendit dans la salle comme on le lui avait signifié et elle alluma la télévision. Elle aurait bien voulu regarder un film et ne plus penser à rien, mais dans l’angle de la pièce, se trouvait une statue de clown, et cette statue la perturbait. Au début, elle tenta l’ignorer, mais malgré ses efforts, son regard quittait sans cesse l’écran pour revenir sur la statue. Sans vraiment savoir pourquoi, peut-être une vieille peur enfantine, cette statue l’angoissait et bientôt sa peur devint si intense qu’elle ne parvint plus à se contrôler.
La baby-sitter, qui n’en pouvait plus, finit par téléphoner au père de famille pour lui faire part de son tourment: » Hum… Les enfants sont au lit, mais me permettriez-vous de changer de pièce? La statue de clown que vous avez dans celle-là me terrifie. «
Le père répondit alors, le plus sérieusement du monde: » Va chercher les enfants, fonce dans une autre pièce et appelle la police. «
» Que se passe-t-il? » s’étonna la baby-sitter. » Fais ce que je t’ai dit, » lui répondit le père. Et une fois que tu auras appelé la police, rappelle-moi. «
La jeune fille, troublée, monta directement chercher les enfants puis elle les amena dans une autre pièce et téléphona à la police, comme on le lui avait demandé. Après quoi, elle rappela le père et lui dit: » Mais que se passe-t-il? «
L’homme répondit alors: » Nous n’avons jamais eu de statue de clown. » Et il lui expliqua que depuis quelques temps, les enfants se plaignaient, affirmant qu’un clown les regardait pendant qu’ils dormaient. Pensant qu’ils faisaient des cauchemars, ni sa femme ni lui n’y avaient prêté attention.
Quand les policiers se présentèrent sur les lieux, ils appréhendèrent un homme de petite taille déguisé en clown. Cet homme, était un sans-abri. Il avait réussi, on ne sait comment, à pénétrer dans la maison et depuis plusieurs semaines, il s’y dissimulait. Comme la maison était particulièrement grande, il pouvait aisément éviter ses occupants, et il survivait grâce à la nourriture qu’il subtilisait.
Il expliqua à la police qu’il était entré dans la pièce juste avant que la baby-sitter ne s’y rende. Comme il n’avait pas eu le temps de se cacher, alors il s’était figé sur place, espérant qu’elle le prendrait pour une statue.
Une fois encore, cette légende urbaine, invraisemblable par certains côtés (pourquoi le père demanderait-il à la baby-sitter, qui ne sait encore rien de l’histoire, d’appeler la police? Il le ferait lui-même), connait plusieurs variantes dont la plupart sous-entendent que le clown était un pédophile, même s’il se transforme parfois en un délinquant sexuel ayant des vues sur la jeune fille. Bien que certaines légendes urbaines s’inspirent d’événements de la vie réelle, il ne semble y avoir aucun précédent pour La Statue de Clown. Selon les folkloristes, cette histoire récente pourrait être inspirée de John Wayne Gacy, le serial killer qui s’habillait en clown pour distraire les enfants du quartier, d’un fait divers de 1990, où une femme a été abattue devant sa porte par un clown en Floride, ou de films d’horreur mettant en scène des clowns, en particulier l’inoubliable CA, de Stephen King.
Le Doberman
A Las Vegas, une femme qui rentrait du travail découvrit son doberman gisant sur le sol. Apparemment, il étouffait. Comme elle adorait son chien, la femme s’empressa de charger l’animal dans sa voiture et elle l’amena directement chez un vétérinaire.
Le vétérinaire examina le chien mais ne trouvant aucune raison évidente à ses difficultés respiratoires il expliqua à la femme qu’il allait devoir procéder à une trachéotomie et insérer un tube dans la gorge de l’animal pour lui permettre de respirer. Il l’informa que cette opération n’était pas un spectacle agréable et lui conseilla de rentrer chez elle. Bien évidemment, le doberman resterait à la clinique pour la nuit.
A peine la femme venait-elle de franchir la porte de son appartement, que le téléphone se mit à sonner. Elle répondit et fut surprise de constater que le vétérinaire l’appelait déjà. Il lui dit: » Sortez de chez vous immédiatement. Allez chez un voisin et appelez la police! «
Lorsque le vétérinaire avait effectué l’opération, il avait découvert la raison des difficultés respiratoires du chien: au fond de la gorge, étaient coincés trois doigts humains. Il avait alors pensé que l’homme à qui appartenaient ses doigts se trouvait peut-être encore dans la maison, et il avait téléphoné à la propriétaire de l’animal.
Quand les policiers se présentèrent au domicile de la femme, il découvrirent un homme, inconscient, couché dans le placard. Il lui manquait tous les doigts d’une main.
Le journal le Phoenix New Times, qui fit paraitre cette histoire, la tenait d’un employé d’une grande usine industrielle de la vallée, qui l’avait entendue d’un autre employé qui connaissait une femme dont les parents, à Las Vegas, savait qui était la propriétaire du chien. Bien évidemment, personne n’était vraiment en mesure d’identifier la femme.
Cette légende urbaine se décline en plusieurs versions et elle évolue avec les années. Par exemple, en 1980, le chien était un doberman, en 1990, quand la race a été montrée du doigt, il est devenu un pit-bull. Si l’histoire de doigts dans la gorge de chien circula énormément durant l’été 1981, de multiples rumeurs existent quand à ses origines, que personne ne connaitrait réellement.
Les Humains Peuvent Lécher Aussi
Comme les parents de Lisa travaillaient tard et que leur fille restait souvent seule une grande partie de la nuit, ils lui avaient acheté un chien pour la protéger et lui tenir compagnie. Mais une nuit, les rêves de Lisa se retrouvèrent brusquement interrompus par le bruit agaçant d’un robinet qui gouttait. La jeune fille se leva péniblement, puis elle se rendit à la cuisine, à moitié endormie, tourna le robinet et retourna se coucher. Une fois dans son lit, elle laissa pendre sa main et son chien la lécha, rassurant.
Elle venait de fermer les yeux quand elle se rendit compte que le bruit continuait. Comme elle avait déjà fermé le robinet de la cuisine, elle se dirigea vers la salle de bain et serra le robinet aussi fort qu’elle le pouvait. Puis, elle retourna dans la chambre et glissa une main sous son lit, à la recherche de son chien, qui donna quelques vigoureux coups de langue.
Elle était sur le point de se rendormir quand elle s’aperçut que l’eau continuait à couler, goutte après goutte, goutte après goutte. Maintenant bien réveillée, la jeune fille écouta attentivement, cherchant la source du problème, et, à sa grande surprise, elle s’aperçut que la fuite semblait provenir de sa penderie. Quand elle ouvrit la porte, le corps de son chien lui apparut. Il était suspendu par les pattes et sa tête avait été tranchée. Sur le miroir intérieur de l’armoire, était écrit en lettres de sang: Les humains peuvent lécher aussi.
Cette légende urbaine date de la fin des années 1960, il en existe de nombreuses variantes et bien évidemment, elle est un pur produit de l’imagination humaine. D’ailleurs, la jeune fille meurt à la fin, ce qui est clairement indiqué dans certaines versions, et l’on peut se demander comment une histoire dont le seul témoin a été assassiné pourrait nous parvenir avec autant de détails. Mais dans les légendes, rien n’est impossible.