La Maison qui Saigne

La maison qui Saigne

En 1986, de mystérieuses tâches de sang commencèrent à apparaitre sur les murs, les meubles et le linge d’une petite maison de Saint-Quentin, dans l’Aisne. Ni l’enquête de la police ni les investigations d’une médium n’allaient parvenir à mettre fin au phénomène qui allait finir par chasser les locataires des lieux.

Lucie Belmer
Lucie

En août 1985, Lucie et Jean-Marc Belmer, un jeune couple qui venait tout juste de se marier, s’installèrent dans une petite maison du quartier de Remicourt, à Saint-Quentin, et durant quelques temps, ils y vécurent heureux. Jean-Marc exerçait la profession de routier, il se levait particulièrement tôt et quittait souvent la maison sans avoir vu sa femme, qui ne travaillait pas et aimait à flâner durant les premières heures de la journée. Un matin, alors qu’elle préparait son petit-déjeuner comme à son habitude, Lucie remarqua d’étranges traces brunâtres sur la table de cuisine. Intriguée, elle en toucha une du bout de son doigt, et constatant que la substance était déjà sèche, elle en conclut que son mari avait probablement du renverser quelque chose sans s’en rendre compte. Puis, sans plus y penser, elle monta dans sa chambre afin de s’habiller mais en prenant un tee-shirt propre dans un tiroir de sa petite commode, elle s’aperçut qu’il était maculé de petites tâches. Elles étaient de la même couleur que celles de la cuisine, et les observant plus attentivement, la jeune femme eut l’impression qu’elles ressemblaient à du sang. Brusquement mal à l’aise, elle se retourna mais son regard se posant sur son lit, elle remarqua que ses draps étaient auréolés de la même manière. Inspectant toute la maison, elle découvrit que des tâches identiques parsemaient les murs du couloir et de la salle à manger, sans parvenir à en déterminer l’origine. Le soir venu, quand elle en parla à son mari, ce dernier lui conseilla de ne pas s’inquiéter, suggérant que de la peinture, ils avaient repeint la maison peu après leur arrivée, avait du éclabousser leurs affaires sans qu’ils s’en aperçoivent.

Taches de Sang sur le Mur

Les jours suivants, le même phénomène se reproduisit, au grand désespoir de Lucie. La jeune femme avait beau nettoyer ces tâches, inlassablement elles réapparaissaient. Au cours de cette même période, Jean-Marc et Lucie commencèrent à entendre des bruits étranges, qu’ils attribuèrent tout d’abord à leurs voisins, avant de comprendre que ces derniers n’y étaient pour rien. Parfois, quand ils dormaient, des bruits de vaisselle cassée, des claquements de portes, des gémissements d’agonie ou le frottement de meubles trainés sur le sol les réveillaient en sursaut mais quand ils descendaient vérifier, le vacarme s’arrêtait brusquement et tout était toujours en ordre. Alors ils remontaient se coucher et là, semblant les narguer, les manifestations recommençaient. Une nuit, un bruit effroyable retentit dans la cuisine et une fois encore, Jean-Marc descendit l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. Il se trouvait au bas des marches quand soudain, Lucie se mit à hurler. Le jeune homme remonta précipitamment et en pénétrant dans la chambre à coucher il aperçut sa femme assise sur le lit, le visage livide, les yeux écarquillés. D’une main tremblante, elle pointait du doigt le mur où de nouvelles tâches de sang venaient d’apparaitre. Terrifiés par ces manifestations qu’ils comprenaient pas Jean-Marc et Lucie décidèrent alors de prévenir la police.

Le lendemain matin, la jeune femme expliqua la situation à ses parents qui lui proposèrent alors de l’emmener jusqu’aux bureaux de la police municipale. Une fois sur place, Lucie raconta son histoire à des agents incrédules qui lui promirent néanmoins de passer inspecter la maison, principalement pour la rassurer. Ses parents la ramenèrent ensuite chez elle mais effrayée à l’idée de rester seule, la jeune femme demanda à sa mère et à sa sœur de lui tenir compagnie en attendant l’arrivée des policiers. Quand ils se présentèrent sur les lieux, le brigadier chef Guy Piette et son adjoint Pierre Cepparo remarquèrent que des tâches brunâtres parsemaient les murs un peu partout dans la maison. Inspectant ces traces, les deux hommes se demandèrent si le chien de la maison ne s’était pas blessé à la queue et si, en se secouant, il n’avait pas éclaboussé la tapisserie, mais après l’avoir examiné, ils constatèrent qu’aucune blessure n’était visible sur l’animal.

Guy Piette et Pierre Cepparo
Guy Piette et Pierre Cepparo

A ce moment-là, des bruits sourds, qui ressemblait à des coups, résonnèrent au premier et le chef Piette demanda alors à son subalterne de monter vérifier. Pierre Cepparo grimpa les escaliers quatre à quatre mais après avoir fouillé l’étage, il affirma que personne ne s’y trouvait. Pendant ce temps, se demandant si ces bruits ne provenaient pas d’une maison mitoyenne, Guy Piette alla sonner chez leur voisin le plus proche mais l’homme lui répondit qu’il n’avait rien fait de spécial et qu’il n’avait entendu d’inhabituel. Troublés par ce surprenant phénomène qui s’était produit en leur présence, les policiers décidèrent alors de mener une enquête.

Le lendemain matin, à 5h, quand Jean-Marc partit travailler, sa femme le supplia de ne pas la laisser seule mais le jeune homme, qui n’avait pas vraiment le choix, la rassura comme il le put, lui disant que la police s’occupait maintenant du problème, puis il quitta la maison. Lucie, qui ne parvenait plus à faire taire sa peur, poussa alors le divan contre la porte de la chambre, puis elle alluma toutes les lumières avant de se recoucher. Étrangement, la plupart des manifestations se déroulaient lorsqu’elle se trouvait seule et elle en était venue à penser que quelqu’un lui voulait personnellement du mal. Au bout de quelques heures, épuisée, elle parvint enfin à se rendormir mais peu de temps après, les aboiements du chien retentirent dans la maison, la réveillant brusquement. La jeune femme se leva précipitamment puis elle poussa le sofa mais en voyant la porte elle se mit à hurler. La peinture était recouverte d’éclaboussures sanglantes.

Peu de temps après, en revenant des courses, Lucie s’aperçut que la porte de la cave, qui restait habituellement fermée, était maintenant grande ouverte. Intriguée, elle descendit prudemment les escaliers, tentant de percer l’obscurité de la pièce, mais brusquement, la porte se referma violemment derrière elle, l’encourageant à remonter rapidement. La jeune femme raconta l’incident à sa mère et à sa sœur, qui purent constater que dès que Lucie descendait à la cave, la porte se refermait lentement derrière elle. Mais, de manière surprenantes, si quelqu’un d’autre tentait la même expérience, alors la porte de la cave ne bougeait pas.

La rumeur que la maison était hantée commença alors à se répandre et bientôt des journalistes et des curieux se rassemblèrent devant la porte du jeune couple, demandant une interview, criant  » Esprit es-tu là  » et espérant apercevoir le fantôme. Cette notoriété nouvelle inquiétait Lucie, qui chassait souvent les visiteurs, craignant d’être ridiculisée dans les journaux et à la télévision. A la nuit tombée, quand son mari rentrait du travail, souvent le jeune homme interpellait les badauds, mais rien ne semblait venir à bout de leur patience. Lucie, qui avait déjà terriblement peur des phénomènes qui se produisaient dans la maison, vivait très mal cette situation, ce qui accentuait encore son angoisse.

Dépassés par les événements, Jean-Marc et Lucie finirent par se demander si quelqu’un, qui leur voulait forcément du mal, ne s’acharnait pas contre eux et comme l’enquête n’aboutissait à rien, les deux policiers qui s’occupaient de l’affaire leur conseillèrent de quitter la maison, proposant à Lucie de l’accompagner à chaque fois qu’elle aurait besoin de s’y rendre pour prendre quelque chose. Pour parvenir à déterminer la nature de leur harceleur, Guy Piette et Pierre Cepparo mirent en place un dispositif très particulier. Après s’être assurés que toutes les traces brunâtres avaient bien été nettoyées, les deux hommes saupoudrèrent le plancher de la maison de farine, depuis le premier étage jusqu’au vestibule, puis le brigadier chef verrouilla la porte d’entrée et mettant le trousseau de clefs dans sa poche, il l’emporta avec lui.
Le lendemain matin, à 8h30, les policiers ouvrirent la porte en présence de Jean-Marc, de Lucie et de sa famille et ils constatèrent que si la farine était toujours intacte, de nouvelles tâches étaient apparues sur le sol, sur la table de la cuisine et sur le papier peint du couloir. Face à cet incroyable phénomène, les deux  hommes décidèrent de prélever quelques échantillons de cette étrange substance afin de la faire analyser.

Jacques Chancé, le biologiste chargé de l’expertise, rapporta qu’il s’agissait de sang, et plus précisément de sang humain, spécifiant qu’il n’excluait pas une origine surnaturelle. Cependant, ce sang avait subi une altération protéique, biologique ou chimique, et il ne réagissait pas comme du sang frais. A l’annonce de ces résultats, de nombreux spécialistes du paranormal proposèrent leur aide aux enquêteurs, qui finirent par accepter. Après en avoir discuté avec Jean-Marc et Lucie, les policiers leur présentèrent une médium, qui, après avoir exploré toute la maison et interrogé les esprits grâce à un pendule, déclara que l’origine du phénomène se trouvait au sous-sol. Une fois à la cave, la médium, s’aidant toujours de son pendule, désigna un point précis et déclara:  » C’est ici qu’il faut creuser.  » Lorsque la mère de Lucie lui demanda ce qu’il pensait y trouver, elle répondit:  » A mon avis, ce sont des ossements humains charriés par une rivière souterraine. Ou alors, un crime a été commis dans cette maison, et les ossements sont enterrés ici. « 

Le Trou dans la Cave
Le Trou dans la Cave

Alors qu’il se trouvait à l’arrière, surveillant les opérations, le brigadier chef Piette sentit à plusieurs reprises la phalange d’un doigt sur son bras gauche, comme si quelqu’un essayait d’attirer son attention, mais lorsqu’il se retourna, il s’aperçut qu’il n’y avait personne et brusquement ses cheveux se hérissèrent sur son crâne.

Malheureusement, les fouilles ne donnèrent aucun résultat et, comme aucune autre solution ne s’offrait à eux, Jean-Marc et Lucie décidèrent de quitter les lieux. Par la suite, la maison fut louée à de multiples reprises, sans que jamais les locataires ne signalent quoi que ce soit. De jour comme de nuit, les curieux continuent à se présenter devant la porte de  » La Maison qui Saigne,  » espérant avoir la chance de la visiter. Lucie, quand à elle, reste traumatisée par ce qu’elle a vécu et ne souhaite plus en parler.

Sources: Rares, malheureusement. Principalement FR3 Limousin, et l’Émission Mystères: La Maison qui Saigne.

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