Le Jelangkung est un jeu indonésien qui consiste à inviter des esprits à posséder des poupées dans l’espoir de communiquer avec eux. Le principe est le même que celui du Ouija, mais dans le Jelangkung, les poupées se font les messagères de l’esprit des morts. Le rituel est considéré comme particulièrement dangereux et il est fortement déconseillé de le pratiquer sans une connaissance approfondie du monde de l’occulte.
Le Jelangkung ou Jailangkung est inspiré d’un ancien jeu chinois vieux de 1500 ans, le Cy Lan Gong, dont le nom signifie » l’Esprit du Panier. » Autrefois, les jeunes garçons y jouaient les soirs de la fête de la lune, invitant les dieux Poyang et Moyang à posséder des mannequins de bois, qui servaient alors de support divinatoire. Des morceaux de craie étaient attachés aux mains de la poupée, qui était déposée dans un étui accroché à la hanse d’un panier. Les participants faisaient ensuite brûler de l’encens et quand la poupée commençait à s’alourdir, alors ils considéraient qu’elle était possédée par l’un des dieux. Si la divinité acceptait de répondre à leurs questions, la poupée manifestait son accord d’un mouvement de tête puis les jeunes hommes lui demandaient ce qu’ils voulaient et utilisant les craies, le dieu écrivait les réponses sur un tableau qui lui était présenté. Une chanson existait alors, qui décrivait le rituel et expliquait les mouvements de la poupée, qui pouvaient également être considérés comme des réponses.
Le rituel du Cay Lan Gong a complétement disparu en Chine, mais il a été absorbé par la culture indonésienne où il est devenu le jeu du Jelangkung, dont le nom apparait pour la première fois dans un texte du Ve siècle. Au début, le Jelangkung n’était qu’une simple distraction, un jeu auquel les enfants de certains archipels se livraient, invoquant des divinités et leur proposant de répondre à des questions en écrivant sur des morceaux de papier, d’ardoise ou de calcaire. Peu à peu, l’engouement a gagné le reste du pays et le Jelangkung a été repris par des guérisseurs, qui se servaient des poupées pour invoquer les dieux, leur demandant de les aider à établir des diagnostics. De nos jours, le Jelangkung n’a plus de jeu que nom, il s’est transformé en un rituel sulfureux auxquels se livrent les adolescents qui espèrent parvenir à invoquer un esprit, n’importe lequel sans distinction, dans l’espoir de communiquer avec lui.
Pour organiser une séance de Jelangkung, une certaine préparation est nécessaire car les participants doivent confectionner eux-mêmes des poupées » chargées de puissance surnaturelle » qui serviront ensuite de réceptacles aux revenants. Traditionnellement, les têtes des poupées sont fabriquées à partir d’une coque de noix de coco sur laquelle les traits d’un visage sont sommairement dessinés et leurs corps, semblables à ceux des épouvantails, consistent en deux morceaux de bois croisés recouverts d’un vêtement personnel, souvent une chemise. Deux crayons, dont l’esprit se servira pour communiquer, doivent être ensuite attachés au morceau de bois qui leur sert de mains et parfois un collier avec une clef en pendentif est passé autour de leur cou.
Afin de permettre aux esprits de répondre aux questions qui leur seront posées, il convient de préparer des feuilles de papier, ou mieux encore, une page recouverte des lettres de l’alphabet, suivant le modèle d’une planche de Ouija, avec les mots OUI et Non écrits dans les angles. Certains préfèrent utiliser un tableau noir plutôt que du papier, et dans ce cas, deux morceaux de craie doivent être accrochés aux mains de la poupée.
Les intéressés doivent se réunir aux heures les plus sombres de la nuit, habituellement entre vingt-deux heures et minuit, de préférence dans un endroit supposé hanté. Les nuits de pleine lune sont à privilégier. Habituellement, le jeu se joue à trois, un organisateur et deux participants qui amènent leurs poupées, mais le nombre importe peu et le rituel peut s’adapter aux besoins de chacun. En début de cérémonie, certains aiment à faire brûler de l’encens pour attirer les esprits, mais son utilisation reste accessoire. Lorsque les joueurs sont prêts, alors ils doivent s’assoir en rond, poser les poupées juste devant eux, en les tenant eux-même ou en les plaçant sur un socle prévu à cet effet, puis répéter à haute voix une incantation qui a pour but d’inviter les éventuels esprits à prendre possession du mannequin de bois. Il existe plusieurs versions de la formule, qui varie suivant les régions, mais voici l’une d’entre elles:
» Viens Jelangkung, Viens Jelangkung, Viens me chercher, Rentrer à la maison sera une délivrance, Viens Jelangkung , Viens Jelangkung «
Cette invitation doit être répété autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que la poupée se mette à bouger de façon explicite ou qu’elle devienne plus lourde. En effet, suivant le Jelangkung, des mouvements inexplicables ou une brusque augmentation du poids de la poupée sont considérés comme les signes que l’invocation a réussi. Souvent, les esprits qui se présentent ont vu leur vie se finir dans des circonstances tragiques, accidents, suicides, meurtres, etc…, mais ils ne sont pas toujours bienveillants et parfois des démons se manifestent, qui se font passer pour les âmes de défunts et qui prennent le contrôle de la poupée à leur place. Les participants doivent être en mesure de deviner la nature de l’entité, il existe plusieurs méthodes, et agir en fonction.
Lorsque la poupée montre des signes de possession, il convient d’inviter à l’esprit à se présenter, et ce dernier doit se plier gracieusement à la demande, en s’aidant des crayons et du morceau de papier tenu devant lui ou en pointant les lettres déjà inscrites sur la feuille. Une fois l’esprit identifié, en espérant qu’il en soit vraiment un, il est judicieux de lui témoigner quelque intérêt en le questionnant sur son passé, les âmes ainsi invoquées aimant à raconter les circonstances de leur mort. Les participants peuvent ensuite poser des questions plus personnelles, auxquelles l’esprit répondra de la même manière que précédemment, en s’aidant des crayons et du papier mis à sa disposition.
Certains joueurs utilisent une méthode plus simple mais moins précise, inscrivant OUI et NON sur un tableau, et ne posant que des questions pouvant appeler l’une de ces deux réponses. Dans le même style, parfois deux verres remplis de différents liquides sont posés devant le mannequin de bois, qui indiquent le OUI et le NON, et l’esprit doit tremper la clef suspendue au cou de la poupée dans le verre correspondant à la réponse qu’il veut donner.
Comme pour le Ouija, avant de quitter le jeu, il est conseillé de dire Au Revoir aux esprits qui se sont manifestés sous peine de les mettre en colère. Cependant, certains pensent que les joueurs de Jelangkung sont toujours possédés par le fantôme qu’ils invoquent, qui continue à les hanter après la fin du jeu, quoi qu’ils fassent. Selon les anciens, considérer le Jelangkung comme un jeu serait une terrible erreur car autrefois, seules les personnes ayant des connaissances en magie se risquaient à pratiquer le rituel. De plus, il serait très difficile de parvenir à déterminer si un fantôme ou un démon possède la poupée, et un simple Au Revoir serait loin d’être suffisant pour renvoyer un esprit qui refuse de partir.
Le rituel du mystérieux Jelangkung est profondément ancré dans la culture indonésienne, et il a inspiré des films d’horreur, dont certains ont été de grands succès : Jelangkung (2001), Tesuk Jelangkung (2003), Jelangkung 3 (2007), Kalung Jailangkung (2011), Tumbal Jailangkung (2011).
Sources: Mysterious Puppet, The Creepy Game of Possessed Dolls, etc…