Le comte de Saint-Germain apparut un jour à la cour du roi de France et jamais il ne voulut rien révéler de son âge, de sa famille, ou de ses origines. Lors de ses voyages et de ses rencontres, il se présentait sous diverses identités, dont celle du comte de Saint-Germain, qui est restée la plus célèbre. Voici son histoire, ou du moins ce que l’on en sait.
De 1737 à 1742, le comte de Saint-Germain se serait trouvé à la cour du Shah de Perse, où il y aurait appris de nombreux secrets. Alors qu’il était à Vienne, en Autriche, le comte de Belle-Isle, alors en proie à une mystérieuse maladie, fut présenté au comte de Saint-Germain, un homme dont personne n’avait jamais entendu parler. Lorsqu’il revint de Prague, le maréchal de Belle-Isle était accompagné du comte, lequel l’avait miraculeusement guéri et, pour le remercier de ses services, il l’introduisit à la cour. Là, le comte de Saint-Germain se lia rapidement d’amitié avec la marquise de Pompadour, qui le présenta au roi Louis XV en décembre de l’année suivante. À ce moment-là, le comte vivait à Londres, en Angleterre, fréquentant la haute noblesse et se distinguant par ses talents exceptionnels de violoniste. Au cours de l’automne 1744, le roi, qui avait été fortement impressionné par le comte de Saint-Germain, lui demanda de guérir sa favorite, Mme de Châteauroux, victime d’un empoisonnement. Malheureusement, rien ne put la sauver. Un peu plus tard, l’écrivain britannique Horace Walpole rapporta dans l’une de ses lettres qu’un homme étrange résidant à Londres depuis deux ans connaissait quelque différent avec la justice. Cet homme, qui se faisait appeler le comte de Saint-Germain, avait avoué porter un nom d’emprunt, mais il refusait de décliner sa véritable identité. Soupçonné d’espionnage, le comte de Saint-Germain avait été arrêté, mais comme aucune preuve n’avait pu être établie à son encontre la police s’était contentée de l’assigner à résidence. Durant toute cette période, le comte fréquenta assidûment la cour de Vienne. Il allait d’ailleurs s’y rendre régulièrement tout au long de sa vie.
En 1746, le comte de Saint-Germain disparut pendant trois ans. La rumeur le disait aux Indes ou en Perse mais peut-être était-il sur ses terres, en Allemagne, s’adonnant à sa grande passion, la chimie. En 1749, le comte réapparut en France et Louis XV, qui semblait lui vouer une véritable admiration, lui confia quelques missions diplomatiques qu’il réussit brillamment. Par la suite, le comte de Saint-Germain fit un voyage en Inde, comme l’indique l’une de ses lettres: » Je dois ma connaissance dans la fusion des bijoux à mon deuxième voyage en Inde, en 1755, avec le général Clive, qui était sous le vice-amiral Watson. Lors de mon premier voyage, je n’avais qu’une idée très vague du merveilleux secret dont nous parlons. Toutes les tentatives que j’ai faites à Vienne, Paris et Londres sont sans valeur comme expériences; le grand travail a été interrompu au moment où je l’ai mentionné « .
À son retour en France, en 1758, le comte de Saint-Germain adressa une requête au marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi, demandant qu’une maison royale soit mise à sa disposition afin qu’il puisse y installer un laboratoire de chimie, promettant à Louis XV la plus riche et la plus rare des découvertes. Tout d’abord sceptique, le ministre lui attribua finalement le château de Chambord et le comte y installa ses assistants, ses ouvriers et son laboratoire. Au cours de plusieurs séjours, il expérimenta de nouvelles teintures alliant la chimie et l’alchimie, mais également des verres de couleur, des pierres précieuses artificielles et des colorants. Puis, contre toute attente, en décembre de la même année, la manufacture de Chambord, ferma ses portes. Pourtant, le comte de Saint-Germain semblait avoir connu quelque réussite dans ses recherches comme semblait le prouver la magnifique collection de portraits de femmes sertis de pierreries qu’il conservait chez lui. Il avait découvert un procédé permettant de fabriquer des couleurs extraordinaires et il s’en servait dans les tableaux qu’il peignait. De nombreux artistes célèbres lui en avaient demandé le secret mais jamais le comte n’avait voulu le révéler.
Quand il ne séjournait pas à Chambord, le comte de Saint-Germain vivait à Paris, chez son ami le maréchal de Belle-Isle. Il fréquentait assidûment les bals, les fêtes et les dîners de la haute société aristocratique parisienne où il s’était rapidement fait remarquer. Le comte était décrit comme un homme d’une cinquantaine d’années, mince, de taille moyenne, aux cheveux noirs et à la peau mate. » Il ressemble à un espagnol de haute naissance « , écrivait l’un de ses contemporains.
Le comte de Saint-Germain entretenait une image mystérieuse, refusant obstinément de révéler son âge, son lieu de naissance, son véritable nom ou quelque détail que ce soit sur son passé. Il se flattait de posséder la jeunesse éternelle et se disait vieux de plusieurs siècles, ce qui amusait son auditoire. Quand on lui demandait quel était le secret de son immortalité le comte répondait parfois qu’il possédait la faculté d’arrêter, durant son sommeil, les battements de son cœur et les mouvements de sa respiration. Après que le comte de Saint-Germain eut avoué son immortalité, son valet de chambre affirma qu’il avait partagé ce secret avec lui. Lorsqu’on lui demanda s’il était vrai que son maitre avait été présent en Cana et en Galilée, où Jésus-Christ avait transformé l’eau en vin, le valet de chambre répondit: » Vous oubliez, Monsieur, que je ne suis au service du comte que depuis un siècle « .
Un jour, lorsque la mère de la comtesse de Genlis, qui était alors une toute jeune fille, l’interrogea sur ses origines, le comte prit un air mystérieux et, poussant un profond soupir, il lui répondit:
» Tout ce que je puis vous dire sur ma naissance, répondit-il, c’est qu’à sept ans j’errais au fond des forêts avec mon gouverneur… et que ma tête était mise à prix! La veille de ma fuite, ma mère, que je ne devais plus revoir, attacha son portrait à mon bras! « . Les yeux de la jeune comtesse s’emplirent alors de larmes et, en voyant celà, le comte parut s’attendrir. » Je vais vous le montrer « , reprit-il. A ces mots, il retroussa sa manche, et détacha un bracelet en émail représentant une très belle femme. Lorsque le comte prit congé, la jeune comtesse entendit sa mère rire de ces affirmations, qui sous-entendaient qu’il était le fils d’un roi.
Le comte se vêtait avec une élégante simplicité, mais il se montrait toujours couvert de pierreries. Il en avait à ses doigts, sur sa tabatière, à sa montre, et parfois même sur son col, sur sa poitrine ou à ses boucles de souliers. Il changeait constamment de bijoux mais n’en portait jamais de médiocres ou d’ordinaires et Mme de Pompadour, contemplant sa tenue en une certaine occasion, lui avait dit qu’elle ne croyait pas que le roi eût d’aussi belles pierres. Tout le monde ignorait d’où il tenait une telle fortune, ce qui attisait la curiosité, mais si le comte de Saint-Germain intriguait, il fallait néanmoins se garder de médire de lui en présence de Louis XV ou de Mme de Pompadour, qui le tenaient en grande estime.
Un jour, intrigué, le baron de Gleichein lui posa la question qui brûlait toutes les lèvres: » Mais d’où proviennent des pierres aussi belles, aussi rares? « . Ce à quoi Saint-Germain répondit: » Les plus petites m’ont été offertes par les rajas et les mages de l’Inde; quand aux plus grosses, c’est moi qui les ai fabriquées « .
Lors d’une discussion entre Mme de Pompadour, quelques seigneurs et le comte de Saint-Germain, du secret qui faisait faire disparaitre les taches des diamants, Louis XV fit apporter un diamant médiocre qu’une tâche gâchait. On le fit peser, et le roi dit au comte: » Il est estimé à six mille livres mais il en vaudrait dix sans la tache. Voulez-vous vous charger de me faire gagner quatre mille francs? « . Après l’avoir attentivement examiné, Saint-Germain répondit: » Cela est possible, et dans un mois, je le rapporterai à Votre Majesté. « . Un mois plus tard, le comte rapportait au roi sidéré un diamant pur. Le comte de Saint-Germain affirmait connaitre le secret de la fusion des diamants, de telle sorte qu’il pouvait en faire un grand de dix ou douze petits, sans perdre une parcelle de leur poids et il se flattait également de savoir faire grossir les perles. Casanova, qui fit la connaissance du comte de Saint-Germain en 1757, à Paris, rapportait qu’à une occasion, le comte lui avait demandé une pièce de cuivre de quelques sols qu’il avait posée sur une sorte de graine noire. Puis il avait soufflé dessus avec une pipette en verre avant de déposer le tout sur un charbon ardent. Une fois refroidie, la pièce s’était changée en une pièce d’or.
Le comte de Saint-Germain semblait pourvu de tous les talents. En société, il était toujours sollicité pour se faire entendre. Quand il jouait du clavecin, du violon ou lorsqu’il se mettait à chanter, il plongeait son auditoire en extase. Il était un ambidextre parfait et il pouvait le prouver en écrivant en même temps deux feuilles identiques, l’une de la main droite, l’autre de la main gauche, dont les écritures se superposaient admirablement quand on les comparait par transparence sur une vitre. Le comte semblait également avoir reçu une éducation des plus brillantes. Non seulement il était un chimiste et un alchimiste accompli, mais il composait aussi de la musique, peignait et parlait allemand, anglais, italien, portugais, espagnol, français, grec, latin, sanscrit, arabe et chinois. Ses manières étaient raffinées, ses conversations fascinantes et ses extraordinaires connaissances en histoire ravissaient ses auditeurs. Dans ses mémoires, Casanova racontait que le comte parlait avec une aisance et un charme qui le captivaient.
Grimm, célèbre pour ses Contes, disait à propos de lui qu’il » avait le talent de rappeler dans la conversation les événements les plus importants de l’histoire ancienne et de les raconter comme on raconte l’anecdote du jour, avec les mêmes détails, le même degré d’intérêt et de vivacité « .
Mme du Hausset, qui était la femme de chambre de Mme de Pompadour, la Favorite du roi, donnait sur lui, dans ses Mémoires, de fascinantes anecdotes. Elle rapportait qu’il était capable de décrire les personnages du temps passé et leurs époques aussi précisément que s’il les avait lui-même connus.
» Madame lui dit en riant:
– Il semble que vous avez vu tout cela.
-J’ai beaucoup de mémoire, et j’ai beaucoup lu l’histoire de France. Quelquefois je m’amuse non pas à faire croire mais à laisser croire que j’ai vécu dans les plus anciens temps.
-Mais enfin, vous ne dites pas votre âge, et vous vous donnez pour fort vieux. La comtesse de Gergy, qui était, il y a cinquante ans, je crois, ambassadrice à Venise, dit vous y avoir connu tel que vous êtes aujourd’hui.
-Il est vrai, Madame, que j’ai connu, il y a longtemps, Mme de Gergy.
-Mais, suivant ce qu’elle dit, vous auriez plus de cent ans à présent?
-Cela n’est pas impossible, dit-il en riant. Mais je conviens qu’il est encore plus possible que cette dame, que je respecte, radote.
-Vous lui avez donné, dit-elle, un élixir surprenant par ses effets; elle prétend qu’elle a longtemps paru n’avoir que vingt-quatre ans. Pourquoi n’en donneriez-vous pas au roi?
-Ah! Madame, dit-il avec une sorte d’effroi, pour que je m’avise de donner au roi une drogue inconnue, il faudrait que je fusse fou. «
Étrangement, quand il était convié à un repas, jamais le comte ne buvait ni ne mangeait. Il y assistait sans même déplier sa serviette et si ses hôtes insistaient, il répondait évasivement que sa vie dépendait d’un certain régime que personne ne pouvait connaitre que lui puis il détournait habilement la conversation. Certains prétendaient que ce régime était constitué de pilules, de pain et de gruau et que c’était là le secret de son incroyable longévité.
De religion catholique, le comte de Saint-Germain observait ses pratiques avec une grande fidélité mais il fréquentait également de nombreuses Sociétés secrètes comme celle des Francs-Maçons ou des Rose-Croix. Quand Louis XV était encore un enfant, le maréchal de Villeroy lui racontait souvent de fantastiques histoires qui enflammaient son imagination, et il en était une qui avait tout particulièrement impressionné le jeune roi, La disparition de Maître Dumas. Souvent le roi prenait plaisir à la raconter, jugeant de son effet sur un auditoire conquis qui se montrait toujours complaisant.
Un jour qu’il la relatait en présence du comte de Saint-Germain, celui-ci proposa de lui en faire connaitre les secrets. Le comte se mit alors à tracer des lignes, à écrire des figures d’algèbre et d’astrologie et les étudia avec soin. Puis il dit au roi que les ouvriers et les ingénieurs qui avaient cherché maître Dumas devaient posséder de médiocres connaissances car sous le plancher de la chambre, il était une trappe qui menait à un caveau. Après y être descendu, Dumas avait avalé un puissant somnifère et ne s’était plus réveillé. Quand Louis XV demanda si le mystérieux visiteur de maître Dumas était bien le diable, alors le comte de Saint-Germain lui répondit: » Sire, que Votre Majesté se fasse Rose-Croix, et je me hâterai de soulever le dernier voile qui recouvre ce mystère. Mais, quand à présent, il m’est impossible de répondre à la question; car, en le faisant, je m’exposerais aux plus grands dangers « .
Le roi se fit soudain silencieux mais Madame de Pompadour, qui était autrement plus curieuse, écrivit au lieutenant de police. Lorsque la chambre de maître Dumas fut fouillée, l’on découvrit la trappe et l’escalier qui descendait dans la chambre souterraine tels que le comte les avait décrits. Au milieu d’un grand nombre de livres et d’instruments de chimie et d’astrologie, gisait maître Dumas, encore vêtu de ses habits d’autrefois. A ses côtés, un flacon de cristal brisé contenait encore un peu d’opium.
Si le comte de Saint-Germain possédait de nombreux admirateurs et quelques illustres disciples tels que Cagliostro ou Goethe, il s’était également fait de puissants ennemis. Ainsi le duc de Choiseul, ministre des Affaires Étrangères, le détestait-il pour l’intimité suspecte qu’il entretenait avec Louis XV. Aussi, espérant se débarrasser de l’importun, Choiseul décida-t-il de lancer une campagne afin de ternir sa réputation.
Dans ce but, il engagea un comédien du nom de Gauve et lui ordonna d’imiter le comte de Saint-Germain et de faire passer pour lui. Gauve se mit alors à courir les salons parisiens sous l’identité du comte, racontant les histoires les plus invraisemblables: il avait bu avec Alexandre le Grand, il avait connu Jésus et lui avait prédit une fin abominable etc… Mais l’imposteur fut rapidement démasqué et la supercherie dévoilée. Contrairement à ce qu’espérait le duc de Choiseul, le comte de Saint-Germain n’en sortit pas ridiculisé, mais grandi.
Cependant le duc allait parvenir à ses fins. En 1760, Louis XV, souhaitant mettre un terme à une guerre qui s’éternisait, mandata le comte de Saint-Germain pour qu’il engage des pourparlers de paix secrets avec l’Angleterre à Amsterdam. Pendant qu’il se trouvait au Pays-Bas, le duc de Choiseul intercepta tous les courriers du comte et il parvint à convaincre le roi de sa traitrise.
Accusé d’espionnage, tombé en disgrâce, le comte de Saint-Germain se réfugia à Londres pendant trois mois. A l’occasion de son retour en Angleterre, la presse lui consacra de nombreux articles, dont celui du London Chronicle: » En toute justice nous pouvons dire que cet homme doit être considéré comme un étranger inconnu mais inoffensif. Il a des ressources dont la provenance est inexplicable mais qui lui permettent de mener grand train. venant d’Allemagne, il parvint en France avec la réputation éclatante d’un alchimiste qui possède la poudre secrète et, de ce fait, la médecine universelle. On murmura que l’étranger pouvait faire de l’or. Le pied sur lequel il vit parait confirmer cette rumeur « .
En 1962, las de la vie londonienne, le comte visita son ami le peintre italien Pietro Rotari à Saint-Pétersbourg puis il retourna au Pays-Bas où il acheta un domaine à Ubbergen, afin de se consacrer à des travaux sur les teintures et les porcelaines.
En mars 1763, à Bruxelles, le comte fit la connaissance de M. de Cobenzl, le représentant de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Enthousiasmé par ses découvertes, Cobenzl lui fit installer une manufacture à Tournai, en Belgique. Le comte y supervisait la fabrication, notamment celle de chapeaux, à grande échelle.
Entre 1765 et 1773, le comte de Saint-Germain se montra à Bruxelles et en Hollande. En 1773, le comte de Lamberg le côtoya à Venise durant plusieurs mois et il dit de lui qu’il était: » immuablement riche, toujours le même âge et de plus en plus mystérieux « . Par la suite, on le signala successivement à Sienne, à Milan, à Gênes et à Nuremberg. Alors qu’elle séjournait à Sienne, en Italie, la comtesse de Genlis entendit dire que le comte était un homme d’une cinquantaine d’années, le même âge qu’on lui donnait depuis toujours.
A la suite du décès de Louis XV, en mai 1774, le comte de Saint-Germain visita la comtesse d’Adhémar qui le reconnut » tel qu’elle l’avait vu naguère, frais, bien portant, presque rajeuni « . Une quinzaine d’années s’étaient pourtant écoulées.
Dans ses Souvenirs, elle lui consacra un long paragraphe. Elle relatait, entre autres, la transmutation d’une pièce d’argent en or que fit Saint-Germain devant son premier mari, le marquis de Valbelle. Dans un autre chapitre, la comtesse d’Adhémar rapportait la visite du comte qui voulait alors prévenir le roi Louis XVI des malheurs à venir et de la Révolution française: « Ce règne lui sera funeste… Il se forme une conspiration gigantesque qui n’a pas encore de chef visible, mais il paraîtra avant peu. On ne tend à rien moins qu’à renverser ce qui existe, sauf à le reconstruire sur un nouveau plan. On en veut à la famille royale, au clergé, à la noblesse, à la magistrature. Cependant, il est temps encore de déjouer l’intrigue: plus tard ce serait impossible « .
Au cours de cette visite, la comtesse d’Adhémar introduisit discrètement le comte de Saint-Germain auprès de la reine Marie-Antoinette, et elle fut témoin de ses étonnantes révélations: » Le parti encyclopédiste veut le pouvoir, il ne l’obtiendra que par l’abaissement total du clergé, et pour parvenir à ce résultat, il bouleversera la monarchie « .
Le comte prédit également le rôle du duc de Chartes et sa fin funeste: » on lui proposera la couronne de France, et l’échafaud lui tiendra lieu de trône » ainsi qu’une guerre civile et » une république avide dont le sceptre sera la hache du bourreau « .
Après avoir écouté ses prédictions, la reine Marie-Antoinette proposa au comte de rencontrer Louis XVI mais quand elle en parla au roi, celui-ci voulut tout d’abord demander conseil à Maurepas, son principal ministre. En apprenant le retour du comte de Saint-Germain, Maurepas ordonna son arrestation immédiate mais le comte échappa, d’une mystérieuse façon, aux poursuites de la police.
Deux ans plus tard, le comte de Saint-Germain était installé à Leipzig, en Allemagne. En mai 1777, il écrivit à Frédéric II, roi de Prusse, pour lui proposer son savoir-faire en matière de fabrication de teintures, métaux rares et pierres précieuses. Le comte resta un an à Berlin, fréquentant la cour et les soirées mondaines de Mme de Troussel puis il émit le souhait de rencontrer le prince Charles de Hesse-Cassel, passionné d’ésotérisme, qui habitait au château de Gottorp, au nord de l’Allemagne. Le prince allait l’accueillir de 1779 à 1784. Durant cette période, le comte de Saint-Germain enseigna son savoir au prince de Hesse-Cassel, lui apprenant l’embellissement des couleurs, l’amélioration des métaux et des pierres précieuses, tout en évitant soigneusement de fabriquer de l’or, même si apparemment, il le pouvait. Il lui transmit également ses connaissances sur la nature et les herbes qui » prolongeaient la vie et la santé « .
Parallèlement à son enseignement, le comte de Saint-Germain mit au point un thé de longue vie, qu’il distribuait gratuitement aux pauvres mais vendait aux riches.
Au cours de l’année 1783, le comte prévint le prince de sa disparition prochaine et le 27 février 1784, le comte de Saint-Germain décédait d’une attaque de paralysie. Les obsèques eurent lieu en l’église Saint-Nicolas le 2 mars 1784 et sa dépouille fut déposée dans le caveau de la chapelle Saint-Roch.
Alors que les journaux relatait la mort du comte, Etteilla affirma que le comte de Saint-Germain, dont il était le disciple depuis vingt ans, vrai cabaliste et magicien hermétiste, était toujours en vie, qu’il habitait en Amérique et se portait à merveille. L’année suivante, la comtesse de Genlis interrogea le Prince de Hesse au sujet du comte de Saint-Germain, et le prince eut la bonté de répondre à ses questions. Il lui apprit qu’à sa mort, le comte n’avait l’air ni vieux, ni brisé par l’âge mais qu’il paraissait consumé par une insurmontable tristesse. Il avait montré en mourant d’horribles terreurs, des terreurs telles que sa raison en avait été altérée. Un siècle plus tard, lorsque des Théosophes firent ouvrir le caveau du comte de Saint-Germain, ils constatèrent qu’il était strictement vide. Après sa mort, de nombreux témoins rapportèrent avoir vu le comte de Saint-Germain, parmi lesquels la comtesse d’Adhémar, qui l’avait bien connu. Ainsi en 1821 écrivait-elle: » J’ai vu Saint-Germain à nouveau, à chaque fois à mon grand étonnement « .
Le 15 février 1785, le comte de Saint-Germain aurait assisté à la Convention de Wilhemsbad, en Allemagne, où il se serait efforcé de réconcilier les Rose-Croix, les Illuminés, les Kabbalistes et les Humanitaires. La même année il se serait trouvé, selon les archives de la Franc-Maçonnerie, à la conférence de Paris, en compagnie de Lavater, Saint-Martin, Mesmer, Wöllner, Gleichen et Cagliostro.
En 1788, le comte de Chalons, ambassadeur à Venise, déclara avoir parlé au comte de Saint-Germain place Saint-Marc. La même année, le comte de Saint-Germain adressait un prophétique poème aux vers peu réjouissants à la reine Marie-Antoinette. En 1789, Marie-Antoinette aurait reçu un nouveau billet du comte dans lequel il l’avertissait des complots qui se tramaient contre la duchesse de Polignac, gouvernante de ses enfants. A la même époque, le comte de Saint-Germain aurait envoyé un billet de rendez-vous à Mme d’Adhémar. Le lendemain, quand la comtesse s’y rendit, elle reconnut aisément le comte: il présentait le même visage qu’en 1760.
En 1789-1790, Rodolphe Graeffer aurait rencontré le comte de Saint-Germain à Vienne et au cours de l’entretien, il aurait vu le comte de Saint-Germain se pétrifier, puis se dé-pétrifier en quelques secondes. En 1793, l’écrivain P.-J. Grosley aurait reconnu le comte de Saint-Germain dans une prison de la Révolution. Entre 1793 et 1821, Mme d’Adhémar aurait revu six fois le comte de Saint-Germain. Lors de l’assassinat de Marie-Antoinette, le 16 octobre 1793, en novembre 1799, quand Bonaparte devient Premier Consul en novembre 1799, le 22 mars 1804, le lendemain de l’exécution du duc d’Enghein, en janvier 1815, le 13 février 1820, la veille de l’assassinat du duc de Berry et enfin le 12 mai 1821, le jour même de sa mort.
En 1835, au salon de J. Janin, le comte de Saint-Germain aurait surgi devant l’écrivain allemand Oettinger. En 1837, à Sceaux chez Mme de Mairan, il se serait montré sous le nom du marquis de Kergouet.Dans les années 1840, Vandam, un écrivain, l’aurait identifié en la personne du major Fraser, un homme qui habitait rue Laffitte, partageait son temps entre le boulevard et le Café de Paris et étonnait les habitués par son élégance et ses histoires fantastiques. Le major Fraser semblait posséder les qualités du comte de Saint-Germain. Il était riche, polyglotte, il faisait preuve d’une mémoire prodigieuse et connaissait toute l’Europe.
En 1875, H. P. Blavatsky aurait créé la Société Théosophique sous les auspices de plusieurs maîtres, dont celle du comte de Saint-Germain. En 1896 Annie Besant affirma avoir rencontré le comte.
Entre 1917 et 1921, le voyant britannique Leadbeater aurait rencontré le comte de Saint-Germain à Rome: » Nous causâmes plus d’une heure de la société et de son avenir « . Il le décrivit comme un homme aux yeux marrons, à la peau couleur olive, présentant une barbe en pointe. Selon lui, la splendeur de sa présence poussait les hommes à lui obéir.
Il raconta également que le comte lui avait montré une robe ayant appartenu à un empereur romain et qu’il lui avait dit que l’une de ses résidences était un château en Transylvanie.
Entre août 1930, l’américain Godfré Ray King aurait fait la connaissance du comte en Californie. Il aurait, par la suite, reçu son instruction et vécu des expériences hors du commun. Godfré Ray King fut à l’origine du mouvement nord-américain » I Am presence » .
En 1934, l’écrivain italien Enrico Contardi-Rhodio affirma avoir été visité par le comte de Saint-Germain.
En 1939, un aviateur américain aurait fait la connaissance d’un homme étrange qui vivait parmi les bonzes d’un monastère tibétain. Cet homme lui aurait dit: » Je suis le comte de Saint Germain, je reviendrais bientôt en Europe « .
Le 3 février 1945, Le Parisien Libéré rapportait l’apparition du comte de Saint-Germain sur la Côte d’azur, en France.
Le 14 avril 1966, François Brousse aurait rencontré le comte de Saint-Germain à Vernet-les-Bains, en France. Le comte l’aurait initié à une technique yoguique, et ils auraient discutés de considérations philosophiques et de prédictions.
En 1972, à l’occasion d’une émission télévisée, Richard Chanfray, l’un des compagnons de la chanteuse Dalida, oubliant sa mère, femme de ménage, et son père, camionneur, déclara être le célèbre comte de Saint-Germain.
Si jamais le comte de Saint-Germain relevait quelque erreur ou quelque omission dans ce bref exposé de sa vie, qu’il n’hésite surtout pas à me le signaler.