Selon la légende, le Petit Homme Rouge des Tuileries était une sorte de spectre qui hantait le Palais des Tuileries, apparaissant aux grands de France et les prévenant des tragédies.
Le Petit Homme Rouge et Catherine de Médicis
En 1564, Catherine de Médicis, qui était alors reine et désirait quitter l’hôtel de Tournelle où elle habitait, décida de faire construire un palais sur un vaste terrain près de la Seine, non loin du Palais du Louvre. A l’emplacement choisi se trouvait déjà un hôtel particulier, une sablonnière, des fabriques de tuiles, et l’abattoir de Jean l’Écorcheur, qui travaillait là avec ses deux fils. Selon la légende, le boucher était au service de la reine, il lui fournissait certaines choses nécessaires aux rituels de magie noire dont elle était férue, mais il se montrait terriblement indiscret, ce qui avait attisé son courroux. Alors un jour, elle ordonna de le faire taire.
Un soir de novembre, au coucher du soleil, un certain Neuville s’approcha de Jean, qui nettoyait alors ses outils à la porte de son abattoir, et levant la main, il lui planta sa lame dans le cœur. » La reine considère que tu en sais trop. Tu dois mourir, » lui cria-t-il alors que le boucher trop bavard s’effondrait lentement vers le sol. Malheureusement, s’il était tombé à terre, Jean ne semblait point vouloir rendre l’âme et Neuville dut s’y prendre à trois reprises pour l’achever. Sentant la vie le quitter, le pauvre homme leva les yeux vers son bourreau et il murmura: » Je reviendrai! «
Ignorant ces paroles, Neuville essaya sa lame sur le corps de sa victime puis il s’empressa de retourner voir la reine pour l’assurer du succès de sa mission. Il était en chemin quand soudain, il lui sembla sentir une présence et se retournant rapidement il vit Jean l’Écorcheur qui s’avançait vers lui, le corps ensanglanté et le regard terrible. Stupéfait, il sortit aussitôt son épée de son fourreau mais quand il voulut le frapper sa lame fendit l’air en sifflant et le fantôme s’évanouit. Ne sachant que penser, l’homme décida de revenir sur ses pas mais quand il s’approcha de l’endroit où il avait abandonné le cadavre, il s’aperçut qu’il avait disparu, ne laissant derrière lui qu’une tâche de sang sombre sur la terre battue. Neuville courut informer la reine de sa mésaventure, mais en entendant son histoire elle se mit à rire et lui conseilla de prendre quelque repos.
En 1571, Cosimo Ruggieri, l’astrologue de Catherine de Médicis, vit apparaitre autour de lui une sorte de brume puis des silhouettes commencèrent à se dessiner et soudain un fantôme couleur de sang apparut, qui lui révéla des choses si terribles que le pauvre homme en fut bouleversé. Le lendemain, l’astrologue informa la reine que des révélations lui avaient été faites par un spectre vermeil qui prétendait connaitre le funeste destin des Tuileries et celui de ses occupants et qui, promettant de chasser la reine de son nouveau palais, avait prédit sa mort » près de Saint-Germain. «
Catherine de Médicis, qui était terriblement superstitieuse et qui avait une grande confiance en son astrologue, en fut fortement perturbée et se retirant dans ses appartements, elle demanda à rester seule. Au cours de la nuit suivante, elle se réveilla brusquement et ouvrant les yeux elle aperçut le petit homme rouge dont lui avait parlé l’astrologue, qui lui répéta son avertissement de la veille: » Saint-Germain te verra mourir. «
Épouvantée, Catherine de Médicis décida alors d’éviter le château de Saint-Germain-en-Laye et l’abbaye de Saint-Germain, où elle avait ses habitudes, et de ne plus s’approcher des endroits portant le nom de Saint-Germain. Elle fit interrompre les travaux de son palais des Tuileries, qui dépendait de la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois et qu’elle prit soudainement en horreur, et l’année suivante elle s’installa à l’hôtel de Soissons, qu’elle avait fait construire près de l’église de Saint-Eustache. Elle prétendait qu’un petit homme rouge hantait les Tuileries, qui pouvait se rendre invisible à volonté et qui la terrifiait. Malheureusement, son départ n’empêcha en rien le fantôme de venir la visiter et il le fit trois reprises, sa venue annonçant à chaque fois la mort de l’un de ses enfants.
Depuis des années, Catherine de Médicis tentait de fuir son destin, mais il la rattrapa le 5 janvier 1589, au château de Blois. Sentant sa fin venir, la reine mère avait fait appeler un prêtre mais quand elle voulut connaitre le nom du moine bénédictin qui venait de la confesser, l’homme lui répondit » Julien de Saint-Germain. » Alors poussant un grand cri, elle s’éteignit.
Par la suite, le Petit Homme Rouge se manifesta régulièrement, se montrant généralement au palais du Louvre ou aux Tuileries avant chaque tragédie. La nuit du 14 mai 1610, le spectre apparut à Henri IV, lequel n’y accorda que peu attention mais succomba quelques heures plus tard sous les coups de couteau de Ravaillac. Il vint ensuite visiter le jeune Louis XIV, qui n’était alors qu’un enfant, pour le prévenir de la Fronde et quelques jours avant que les troubles n’éclatent, Anne d’Autriche se heurta à lui. Il se manifesta une nouvelle fois en 1661, la veille de la mort de Mazarin, et plusieurs témoins affirmèrent l’avoir vu le jour de la mort du roi, le 1er septembre 1715.
Le Petit Homme Rouge et Marie-Antoinette
Le 21 juin 1791, le matin qui suivit le départ de Louis XVI pour Varennes, où il fut arrêté, certains rapportèrent que le fantôme avait été aperçu, couché dans le lit du roi. Au mois d’octobre 1791, l’affreuse figure apparut à la reine Marie-Antoinette et à sa servante alors qu’elles visitaient les couloirs du vieux Louvre, lequel avait été relié aux Tuileries par une galerie:
» A ce moment nous entendîmes distinctement un bruit léger à quelques pas de nous. Nous nous trouvions alors au centre d’une sorte d’étoile où venaient aboutir des couloirs obscurs. Le sentiment naturel de ce que je devais à ma souveraine vainquit ma faiblesse et je m’élançai devant Marie-Antoinette en élevant en l’air mon bougeoir de vermeil. Une forme bizarre apparaissait semblant descendre un à un les degrés taillés dans la pierre des murs; c’était une façon de petit homme vêtu de la manière qu’on représente les bourgeois du temps passé, avec des chausses à trousses, une casaque tailladée, et coiffé d’un chaperon à oreillère et à queue pendante. Mes tremblantes mains dirigeaient la lumière de son côté et nous vîmes qu’il était tout habillé de rouge.
Au cri que je ne pus retenir, cet être affreux, qui me parut avoir les traits d’un vieillard et la taille d’un enfant, leva la tête et, remontant brusquement, d’un vif élan, les degrés qu’il était en train de descendre, nous le vîmes s’élever tout d’un coup comme s’il voulait donner de la tête contre la voûte et disparaître. Marie-Antoinette était immobile et pâle; j’osai saisir sa main glacée.
– Rentrons, me dit-elle; rien d’humain ne nous menace en ces lieux. Sans doute que la Providence a voulu m’attirer jusqu’ici pour m’avertir par un signe des dangers qui menacent la monarchie.
– Votre Majesté pense donc?…
– Que nous venons de voir le petit homme rouge, celui qui erre dans les détours du Louvre quand le roi de France est en péril. Je ne sais si notre croyance catholique nous permet d’ajouter foi à cette superstition; mais comment douter du témoignage de nos yeux?
Nous rentrâmes; elle impassible, moi terrifiée… Je suis la dernière servante de la monarchie qui ai vu, de mes yeux vu, le petit homme rouge du Louvre. » (Le Petit Homme Rouge, François de Nion)
Un soir de 1792, alors que la famille royale était assignée aux Tuileries, Marie-Antoinette se trouvait seule dans sa chambre quand elle se réveilla en sursaut. L’étrange petit homme se trouvait à son chevet, qui baignait dans un brouillard de vapeur rouge et la regardait silencieusement. Un cri lui échappa qui le fit disparaitre. Le lendemain, Louis XVI aperçut le fantôme qui se tenait près de son lit et l’observait sans rien dire. La reine le revit le matin du 10 août 1792, alors que les sans-culottes se rassemblaient aux abords des Tuileries, et selon la rumeur, il continua la hanter jusqu’à la fin de sa vie.
Le 15 Juillet 1793, le corps de Jean-Paul Marat, assassiné deux jours plus tôt par Charlotte Corday, fut exposé dans l’Église des Cordeliers, face aux Tuileries, et à cette occasion le Petit Homme Rouge fit une apparition remarquée, terrifiant le soldat qui gardait l’endroit et provoquant sa mort.
Le Petit Homme Rouge et Napoléon Bonaparte
Le Petit Homme Rouge s’intéressa à Napoléon bien avant qu’il ne soit empereur, et pendant des années il sembla veiller sur lui, le prévenant des événements à venir, des victoires comme des défaites. En 1798, la nuit précédant la Bataille des Pyramides, le fantôme apparut au jeune général pour la première fois et il lui promit la victoire. A cette occasion, un pacte de dix ans fut scellé et fidèle à ce traité, jamais le Petit Homme Rouge ne cessa de lui prodiguer ses conseils, présidant à sa fulgurante ascension. Quelques jours plus tard, il revint le visiter au Caire, lui prédisant une vertigineuse fortune.
Le 1 avril 1799, durant le siège de Saint-Jean d’Acre, après un nouvel assaut malheureux, Napoléon veillait dans sa tente, plein d’inquiétude et d’indécision quand soudain, peu après minuit, apparut un petit homme au visage noir et à la barbe blanche qui était vêtu de rouge et portait un turban. Le petit homme, croisant les mains sur sa poitrine, s’inclina profondément, et il sortit vivement de sa manche un poisson d’argent ciselé qu’il tendit à son hôte. A sa vue, Napoléon pâlit, et faisant deux pas vers son visiteur il lui fit signe d’entrer d’un geste vif. La toile de la tente retomba sur eux. Personne ne sut jamais ce que les deux hommes s’étaient dit mais suite à cette visite, Napoléon décida de lever le siège de Saint-Jean-d’Acre et quelques semaines plus tard, il repartait pour la France. Au cours de la même année, le Petit Homme Rouge retourna le voir dans sa résidence de la rue de la Victoire où il demeurait avec Joséphine et il lui conseilla son coup d’État du 18 brumaire. Il lui aurait ainsi annoncé sa destinée: » Tu seras heureux jusqu’à ta quarante-cinquième année. Jusque là je te protégerai. Ensuite, tu n’auras plus confiance qu’en toi et je t’abandonnerai. «
Le 19 février 1800, Napoléon, alors Premier Consul, s’installa aux Tuileries et quelques jours plus tard l’Homme Rouge lui fit parvenir un message, qui sembla apparaitre directement dans sa chambre:
» Je rentrai un soir, lorsque dans ma chambre à coucher et à la pendule, je vis une enveloppe qui me frappa par sa couleur: elle était rouge et le cachet noir.
– Qu’est-ce? demandai-je à mon domestique.
– Citoyen-général, je n’en sais rien.
– Ce n’est pas toi qui l’as apporté ici ?
– Non.
– A qui l’a-t-on remise ?
– Je ne sais pas.
Je fais appeler Junot, il n’avait rien vu, son camarade n’avait pas apporté le pli ni vu personne. Je me fâchai, ce fut en vain: je dis au domestique de me donner la lettre: je l’ouvris… Il y avait dedans cet hémistiche d’une tragédie de Ducis: …Tu seras roi Macbeth! et plus bas ces mots: l’Homme Rouge.
Dirai-je qu’une vive émotion me saisit. Je sentis le feu me monter au visage; mes aides de camp étaient là, ils m’examinaient… Je ne balançai pas, et m’approchant de la cheminée, je fis une boule de la lettre, de l’enveloppe et jetai le tout au milieu du brasier ardent. M’annoncer que je serai roi et après le 13 vendémiaire, c’était de l’insolence et cela venait certainement d’une main ennemie. » (Mémoires de Napoléon Bonaparte, 1834)
Le 14 juin 1800, le soir de la victoire de Maringo, l’Homme Rouge apparut aux pieds de Napoléon et s’adressant à lui, il prophétisa: » Tu verras le monde à tes genoux, et tu seras empereur des Français, roi d’Italie, maître de la Hollande, souverain de l’Espagne, du Portugal, provinces illyriennes, protecteur de l’Allemagne, sauveur de la Pologne, premier aigle de la légion-d’honneur, et tout. «
» Le Petit Homme Rouge Balance son Fils, » illustration d’époque.
Le soir du Sacre de l’Empereur Napoléon 1er, le 2 décembre 1804, le petit homme vint le visiter et ils convinrent de bien des choses. Napoléon le revit à Strasbourg, en 1805, au cours de cette campagne fameuse qui devait se terminer par la victoire d’Austerlitz et le 1er avril 1809, à Vienne, juste avant Wagram, le Petit Homme Rouge et l’Empereur renouvelèrent, pour cinq ans seulement, le pacte conclu en 1798. Voici comment l’histoire était alors racontée:
» L’homme rouge était un génie infernal avec lequel Bonaparte avait fait un pacte lord de son voyage en Égypte, quand il entra dans les pyramides. Dix ans s’étaient écoulés, et tout en effet lui avait réussi; mais le marché approchait de son terme, il expirait quelques jours avant la bataille de Wagram. Cependant le démon dûment interpellé, avait consenti, après force promesses, à renouveler des conventions qui devaient durer encore cinq années. » (Paris, Saint-Cloud Et Les Départements Ou Buonaparte, Sa Famille Et Sa Cour)
Le 1er avril 1810, après avoir divorcé de Joséphine de Beauharnais, Napoléon Ier épousa civilement Marie-Louise d’Autriche à Saint-Cloud. Selon certaines rumeurs le Petit Homme Rouge, qui reprochait à l’Empereur son divorce et la guerre d’Espagne, se présenta à la veille du mariage mais Napoléon refusa de le recevoir. Le comte de Ségur, dans son ouvrage Histoire de la Grande Armée, rapporta que durant l’hiver 1812, l’Empereur reçut souvent des avertissements de son mystérieux visiteur, qui venait le voir au milieu de la nuit et s’opposait formellement à la campagne de Russie. Le pacte entre Napoléon et son génie infernal devait se terminer le 1er avril 1814, qui était également l’année des quarante-cinq ans de l’Empereur, mais quelques mois avant l’échéance, le Petit Homme Rouge se présenta aux Tuileries:
» Dans le mois de janvier de ladite année, l’Homme rouge, s’adressant à un factionnaire placé dans l’escalier du château, lui demanda s’il pouvait parler à l’empereur. Le soldat ayant répondu négativement, le démon l’avait poussé et rendu immobile, puis était monté rapidement. Arrivé au salon de la paix, nul n’ayant osé l’arrêter, ou peut-être ne l’ayant pas vu, l’esprit s’adressa à un chambellan, et lui demanda s’il pouvait parvenir jusqu’à Napoléon. Le comte d’A… lui observa qu’il ne pouvait guère l’introduire s’il n’avait pas une permission d’audience.
– Non, je n’en ai pas; mais aller lui dire qu’une homme vêtu de rouge, qu’il a connu en Égypte, demande à le voir.
Dès que Napoléon eut vu paraître l’Homme rouge, il l’amena dans son cabinet particulier, où il s’enferma avec lui. La conversation fut longue; quelques mots furent entendus; la voix de l’empereur était suppliante; il semblait demander une faveur qu’on lui refusait. Enfin, la porte s’ouvrit, l’Homme rouge sortit, traversa avec vitesse les salles et se perdit dans le grand escalier que les suisses le lui virent pas descendre. Quelque peu de foi qu’on puisse accorder à une pareille aventure, il n’en est pas moins vrai que le bruit s’en répandit dans Paris; on la répétait dans les salons, et je connais plus d’une personne que la police fit arrêter pour l’avoir racontée. » (Masques et fantômes et les autres contes épars, Louis Honoré Fréchette)
» L’homme rouge arrête les derniers efforts du tyran et la mort lui montre le seul chemin ouvert pour sortir de son exil. «
(Dessin satyrique effectué peu après l’exil de Napoléon sur l’île d’Elbe.)
Durant les Cent-Jours, le Petit Homme Rouge vint hanter les couloirs du château de Fontainebleau et parfois son rire résonnait dans le dos de l’Empereur quand ce dernier se laissait aller à parler avec orgueil. En juin 1815, peu de temps avant la bataille de Waterloo, Napoléon était assis dans un fauteuil de son cabinet de travail du Palais des Tuileries, quand soudain il sentit une sorte de torpeur s’emparer de lui, puis brusquement un brouillard rouge commença à se former, d’où sortit un petit homme qui portait un bonnet de laine semblable au bonnet phrygien et qui disparut aussitôt. Sa mine, ordinairement enjouée, était en cette circonstance, singulièrement grave et pensive, une attitude pleinement justifiée par les événements à venir. Le 18 juin 1815, Napoléon perdit la bataille de Waterloo, le 15 juillet il se livra au anglais et le 7 août il embarqua à bord d’un bateau qui le conduisit sur l’île de Sainte Hélène où il mourut six ans plus tard, le 5 mai 1821.
La Disparition du Petit Homme Rouge
Le spectre se montra sur les marches de l’Opéra, rue de Richelieu, le 13 février 1820, jour de l’assassinat du Duc de Berry. Au mois de septembre 1824 Louis XVIII, qui était alors roi et habitait le Palais des Tuileries, confia à son frère le comte d’Artois qu’il avait senti sa tête s’alourdir et qu’un nuage était apparu, dont un homme couleur de sang était sorti avant de se volatiliser. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, le comte d’Artois entrevit le Petit Homme Rouge, lequel lui tendit une couronne royale ensanglantée. Le lendemain, le roi était mort.
En 1831, Marie-Anne Lenormand, nécromancienne et cartomancienne, écrivit un petit opuscule, Le Petit Homme Rouge au Château des Tuileries, qui contribua à populariser le spectre. En 1833, Honoré de Balzac consacra quelques lignes à l’influence du Petit Homme Rouge sur la vie de Napoléon dans son roman Un Médecin de Campagne, soulignant que l’Empereur parlait parfois du fantôme, qui lui apparaissait dans les moments les plus difficiles et qui habitait dans les combles du palais des Tuileries. En 1839, Pierre-Jean de Béranger écrivit une chanson, Le Petit Homme Rouge des Tuileries, dont voici un extrait:
Vous figurez-vous
Ce diable habillé d’écarlate,
Bossu, louche et roux?
Un serpent lui sert de cravate;
Il a le nez crochu;
Il a le pied fourchu;
Sa voix rauque en chantant présage
Au château grand remue-ménage.
Le 4 septembre 1870, après la défaite de Sedan, l’impératrice Eugénie dut s’enfuir des Tuileries en passant par le pavillon de Flore. Perdue dans la grande galerie du Louvre, le Petit Homme Rouge lui apparut, très amaigri, qui lui indiqua la sortie d’un geste furtif. Elle trouva refuge chez son dentiste, le Dr Thomas Evans, qui l’abrita dans son hôtel particulier avant de l’accompagner en Angleterre.
Le 26 mars 1871, le Palais des Tuileries fut incendié par les Communards et une grande foule se rassembla pour contempler le spectacle. Le pavillon central venait de s’embraser quand soudain le Petit Homme Rouge apparut à une fenêtre de la Salle des Maréchaux, et tendant ses bras vers la foule, il disparut dans une fumée pourpre. Personne ne le revit jamais.