Si tout le monde connait le fabuleux film L’Exorciste (The Exorcist) réalisé par William Friedkin en 1973, beaucoup ignorent qu’il était inspiré d’une histoire vraie, celle de Roland Doe. En 1949, alors qu’il n’était encore qu’un étudiant, William Peter Blatty découvrit par hasard un article dans le Washington Post relatant l’histoire d’un jeune garçon de 14 ans, surnommé Roland Doe par l’église Catholique, qui avait été possédé par le démon avant d’être exorcisé. Fasciné, il se mit à écrire sur le sujet et en 1971, son roman L’Exorciste était publié. A cette époque, il était surtout connu en tant que journaliste mais son livre se vendit néanmoins à plus de 13 millions d’exemplaires, uniquement aux États-Unis.
En 1991, l’écrivain Thomas B. Allen s’intéressa lui-aussi à l’affaire et reprenant tous les éléments du drame à travers les articles, les documents et les témoignages qui s’y rapportaient, il écrivit un nouveau livre sur le sujet, Le Possédé, La véritable histoire d’un exorcisme (Possessed), dans lequel il rebaptisa le jeune garçon du nom de Robbie Mannheim. La plupart des informations provenaient de Raymond Bishop, l’un des prêtres ayant assisté à l’exorcisme, et du pasteur Luther Miles Schulze, le prêtre qui s’occupait de la famille.
En 1948, Robbie Mannheim était un jeune garçon de 13 ans, l’enfant unique d’une famille ouvrière sans histoire, et il était décrit par ses connaissances comme un enfant calme, réservé, pas vraiment populaire et très studieux. Robbie habitait avec ses parents et sa grand-mère une petite maison à Mont-Rainier, dans le Maryland, mais il était très proche de sa tante Harriet qui vivait à Saint-Louis mais qui venait leur rendre visite régulièrement. Harriet se disait medium et elle se servait pour ses séances de spiritisme d’une planche de Ouija qui fascinait le jeune garçon. Au cours de l’été Robbie demanda à sa tante de lui apprendre à s’en servir, et cette dernière accepta de l’initier au spiritisme mais peu de temps après, elle succomba à une terrible maladie et le jeune garçon en fut profondément affecté. Après cette tragique disparition, Robbie commença à changer. Parfois il se montrait taciturne, renfermé, et il s’enfermait souvent dans sa chambre, essayant probablement de contacter sa tante par l’intermédiaire de la planche de Ouija.
Les manifestations étranges commencèrent peu de temps après la disparition d’Hariett. Des bruits semblaient résonner dans les murs, des sortes de grattements, et les parents de Bobbie, pensant que la maison était peut-être envahie par des rongeurs, firent alors appel à une société de dératisation. Malheureusement, les spécialistes ne trouvèrent aucune trace de nuisibles et ces sinistres raclements demeurèrent inexpliqués. Puis brusquement, toute la maison sembla sombrer dans la folie. Des coups sourds s’élevaient de pièces vides, des objets se déplaçaient tout seuls, les lustres se balançait inexplicablement et l’image du Christ cognait inlassablement contre le mur.
Comme Hariett était partie peu de temps auparavant, M. et Mme Mannheim s’imaginèrent alors que la vieille dame essayait de communiquer avec eux depuis l’Au-delà mais bientôt la violence des manifestations devint telle qu’ils durent abandonner cette idée. Chaque nuit, les bruits semblaient se faire plus intenses et la maison résonnait alors du vacarme qu’aurait fait une troupe de soldats marchant au pas. La chambre de Robbie semblait particulièrement affectée par le phénomène. Quand il s’allongeait, son lit était agité de vibrations, des objets volaient à travers la chambre, et à une occasion, la fiole d’eau bénite placée sur la table de chevet s’était fracassée sur le sol. Puis brusquement, les manifestations s’étendirent à toutes les pièces et les meubles, les commodes, les tables de nuit, les tables basses etc., semblèrent soudain s’animer d’une vie qui leur était propre. Un jour que M. Kagey, le père d’un ami de Robbie, était venu visiter la famille, il vit le jeune garçon se faire brutalement éjecter d’une chaise et être projeté à plusieurs mètres. Quand tombait la nuit, le comportement de Robbie changeait brusquement. Il devait étrange, inquiétant. Parfois, des marques, des ecchymoses et des traces de coups apparaissaient sur son corps, que personne ne pouvait expliquer, et terrifiés, ses parents décidèrent alors de demander de l’aide à leur pasteur luthérien, Luther Miles Schulze. Selon un rapport établi par le pasteur Schulze et relayé par l’Evening Star, un journal de Washington, le garçon fut examiné par divers médecins et psychiatres qui ne purent offrir aucune explication quant aux différents phénomènes dont il était victime.
Le prêtre, qui restait terriblement sceptique quant à l’histoire que les parents de Robbie lui avait rapportée, proposa d’héberger le jeune garçon pour une nuit, afin de pouvoir observer les phénomènes par lui-même. Peu de temps après, le pasteur, qui entretenait des liens étroits avec un parapsychologue, le Dr Rhein, lui écrivit une lettre décrivant son expérience:
» La nuit du 17 au 18 février, je pris l’enfant avec moi pour la nuit, pour constater de moi-même les phénomènes en question. L’enfant s’endormit dans un fauteuil qui peu de temps après se mit à glisser seul sur le plancher de la pièce. Je mis alors l’enfant sur le lit, qui lui aussi se mit à vibrer, le matelas fut jeté à terre et glissa latéralement, sous le lit… «
Dans une interview qu’il accorda anonymement au Washington Post le 10 août 1949, le prêtre expliqua que lorsque le garçon s’était endormi dans le lit placé près du sien, il avait entendu le meuble vibrer et des bruits de grattements s’étaient élevés des murs. Puis, un peu plus tard dans la nuit, il avait été témoin d’étranges phénomènes. Un fauteuil dans lequel le garçon s’était assis s’était incliné tout seul et les couvertures sur lesquelles il s’était assoupi avait inexplicablement glissé autour de la salle. Il avait alors décidé d’appeler un médecin, qui avait prescrit un barbiturique à toute la famille.
Après cette nuit-là, Miles Schulze, convaincu de la possession de Robbie Mannhein, décida d’effectuer un exorcisme suivant les rites de l’église anglicane, sans résultat. Puis, comme les phénomènes se succédaient, de plus en plus violents, de plus en plus effrayants, le pasteur Schulze conseilla alors aux parents du jeune garçon de se tourner vers l’église catholique et il les mit en contact avec le père Albert Hughes.
En février 1949, Robbie et ses parents visitèrent le Père Hughes à l’église Saint-James. Quand le garçon pénétra dans le bureau du prêtre, ce dernier remarqua immédiatement son regard sombre et vide. L’enfant jeta ensuite un regard hostile aux livres de prières que le prêtre avait posé sur la table, et le Père Hughes comprit qu’il était possédé à ce simple signe, qui était habituel. Les personnes affectées souffraient d’une profonde aversion pour toutes les choses sacrées, les Saintes Écritures, les crucifix, les membres du clergé, les statues, les icônes, les médailles etc, et Robbie venait tout juste de démontrer son hostilité à leur égard. Au même moment, la chaise du prêtre se souleva littéralement, avec lui assis dessus, et elle fonça contre le mur, juste derrière lui. Le Père Hughes, qui savait maintenant qu’il avait affaire à quelque chose de surnaturel et de diabolique, tenta d’aborder la situation aussi bien qu’il le pouvait et regardant le garçon dans les yeux, il lui demanda en latin: » Quel est ton nom? » Alors, calmement, Robbie répondit clairement: » Je suis légions. »
Le Père Hughes était alors un jeune prêtre peu familier des rites d’exorcisme et ce jeune garçon était même le premier cas qu’il rencontrait. Le 27 février 1949 Robbie fut admis à l’hôpital de Washington, qui était dirigé par des frères jésuites auxquels le Père Hughes avait demandé de superviser les rituels d’exorcisme. L’adolescent se montrait déjà violent et instable, il s’agitait, tournait, crachait et criait. Il était tellement agressif que les infirmières n’eurent d’autre choix que de l’attacher afin de pouvoir le contrôler. Le Père Hughes récita les prières d’exorcisme durant trois nuits consécutives, sans résultat. En fait, le garçon devenait même de plus en plus violent à chaque séance. Il écumait, criait, insultait le prêtre et tentait de briser ses liens. Un soir, à force de tirer sur les lanières, il réussit à libérer l’une de ses mains puis, la glissant subrepticement sous son lit, il arracha un ressort du matelas et s’en servant comme d’une arme, il lacéra le bras du Père Hughes, lui infligeant une terrible entaille qui allait de l’intérieur de son poignet au recoin de son coude. La blessure du prêtre était sérieuse, elle nécessita de nombreux points de sutures, aussi fut-il obligé d’abandonner l’exorcisme et l’enfant put retourner chez lui.
Les parents du jeune garçon vivaient dans un état de peur constante pour sa santé. Son corps se recouvrait toujours de coupures inexpliquées, de contusions, d’égratignures et d’ecchymoses. Une nuit, la malheureuse mère crut distinguer les mots Saint Louis inscrits sur la poitrine de son fils, et elle vit là un message. M. et Mme Mannheim partirent alors pour la ville de Saint-Louis, où ils avaient des parents, et s’installant chez eux, ils leur expliquèrent qu’ils déménageaient dans l’espoir de trouver un traitement médical pour Robbie. Malheureusement, les médecins de Saint-Louis ne leur furent d’aucune aide et désespérés, ils se tournèrent une nouvelle fois vers l’église. L’un des cousins de Robbie raconta toute l’histoire au révérend Raymond J. Bishop, qui était son professeur à l’Université, et le prêtre lui conseilla de s’adresser au Père William S. Bowdern, le doyen du diocèse de St. Louis, un homme qui avait passé du temps au sein de l’armée américaine et qui était réputé intelligent, attentif et peu influençable.
Les deux prêtes visitèrent l’enfant à son domicile à plusieurs reprises, et ils constatèrent sa profonde aversion pour les choses sacrées. Parfois, en leur présence, le lit se mettait à trembler, des objets volaient dans les airs et Robbie parlait d’une voix gutturale qui ne ressemblait en rien à la sienne. Pensant que le garçon était victime d’une possession démoniaque, le prêtre demanda alors à son évêque la permission de pratiquer un exorcisme, et ce dernier y consentit, à condition qu’il tienne un journal détaillé des événements. Le Père Bowdern, qui connaissait l’histoire du Père Hughes et la façon dont il avait été blessé, décida d’aborder la situation avec prudence et comme il avait de sérieux doutes quant à ses capacités et qu’il n’était pas sur de parvenir à accomplir le rituel avec succès, il demanda de l’aide à plusieurs prêtres dont le Père Walter Halloran, qui allait lui apporter un soutien sans faille.
Robbie manifesta immédiatement une forte agressivité envers les membres du clergé, crachant sur eux, les menaçant, leur ordonnant de quitter la pièce et leur faisant toutes sortes de propositions sexuelles vulgaires. Parfois, quand ils n’en pouvaient plus, les prêtres maintenaient un oreiller sur son visage pour l’empêcher de jurer. Malgré cette hostilité, le Père Bowdern et ses compagnons ne se laissaient pas décourager et tous les soirs, durant trois semaines, ils récitèrent des prières d’exorcisme. La plupart du temps, ils se voyaient dans l’obligation d’attacher Robbie, qui se montrait violent et qui assénaient des coups d’une incroyable force, bien plus puissants que ceux qu’aurait normalement pu donner un garçon de son âge, blessant parfois les hommes qui se trouvaient là. Une nuit, l’un des prêtres qui assistait au rituel d’exorcisme eut d’ailleurs le nez cassé par Robbie.
Comme il se montrait ingérable et que ses parents n’en pouvaient plus, le prêtre décida de faire interner l’adolescent à Saint-Alexius, un hôpital géré par un ancien ordre de moines catholiques. Robbie fut alors installé dans une pièce isolée, où personne ne pouvait l’entendre crier lors de ses crises et où les ecclésiastiques pouvaient opérer en toute tranquillité, sans se soucier des passants. Sa chambre ressemblait à celle d’un hôpital psychiatrique. Les fenêtres étaient scellées, la porte s’ouvrait uniquement de l’extérieur et tous les objets de la pièce avaient été examinés et jugés inoffensifs.
Alors que les jours passaient, la santé du Père Bowdern déclinait et ses fidèles commencèrent à s’en émouvoir. Il arrivait souvent en début de matinée et il passait la plus grande partie de la journée à diriger sa paroisse avant de se consacrer aux exorcismes. Les choses ne se passaient pas vraiment comme il l’avait espéré et il se sentait épuisé, aussi bien physiquement que moralement. Mais le Père Bowdern n’était pas le seul à vivre aussi mal cette situation. Les prêtres continuaient à assumer les tâches qui leur incombaient, ils prenaient part à toutes sortes de missions, et peu à peu le découragement, le doute et le désespoir les gagnaient. Comme ils cherchaient désespérément le moyen d’en finir, ils décidèrent alors de baptiser l’enfant afin de renforcer sa résistance à travers les sacrements. Ils espéraient qu’une fois converti au catholicisme Robbie serait soumis à l’église et à ses prêtres, et que ce pouvoir les aiderait à le libérer.
Malheureusement, lorsqu’ils tentèrent de le forcer à communier, Robbie livra le plus féroce des combats. A force de patience, ils réussirent à lui faire accepter l’hostie, mais le résultat fut des plus désastreux et loin de se montrer affaiblis, les démons semblèrent même avoir gagné en puissance. Quelques jours plus tard, Robbie était déchainé, il se montrait plus violent et plus haineux que jamais quand soudain, pour la première fois depuis bien des jours, il déclara d’une voix claire et ferme: » Satan! Satan! Je suis Saint-Michel, et je vous ordonne, Satan et les autres esprits mauvais, de quitter ce corps maintenant. » Selon le Père Halloran, au moment où il prononça cette phrase, alors les mots » mal » et » enfer » ainsi que diverses marques apparurent sur le corps du garçon.
Après l’intervention de ce que l’on pensa être l’archange Saint-Michel, Robbie put retourner à la messe. Il semblait enfin apaisé. Quelques jours plus tard, sa famille le ramena dans leur maison de Mont-Rainier et ils reprirent leur ancienne vie. Robbie, qui est aujourd’hui marié, père et grand-père, n’a aucun souvenir des événements, ce qui est un phénomène fréquent chez les victimes de possession.
Par la suite, le Père Halloran affirma à maintes reprises que le Père Bowdern, le Père Bishop et lui-même étaient tous trois persuadés que la possession était bien réelle. Les médecins qui examinèrent Robbie Mannheim au moment des faits ne découvrirent aucune preuve d’une quelconque maladie et les nombreux experts qui étudièrent son cas se révélèrent incapables de trouver une explication quant aux surprenants phénomènes dont il avait été victime.
Tres bon article qu’Enjoyphoenix dans une de ses dernières vidéos a presque repris mot pour mot