La Dame Blanche

Nous possédons une ancienne maison en Bourgogne qui appartient à la famille de mon mari depuis 130 ans environ. Cette maison a servi d’hôpital pour les bagnards qui ont construit le Canal de Bourgogne. J’avais déjà vu cette maison et un mariage dans le parc en rêve quelques temps avant de rencontrer celui que j’allais épouser et ce mariage, c’était le mien. J’ai toujours pensé que cette maison n’était pas tout à fait « neutre ». Mes beaux parents y sont décédés , tous deux foudroyés prématurément, à 65 ans. Mais aussi les grand-parents de mon mari, morts jeunes. Aussi, vous pouvez imaginer que pour rien au monde je n’y vivrais. Mais mon mari y est très attaché et entend la garder.

Au décès de mon beau père, au moment de la canicule de 2003, j’ai eu une expérience non ordinaire : la veille et le jour même de l’enterrement, j’ai ressenti une odeur nauséabonde, putride autour de moi, me fâchant après tout le monde car personne ne la sentais. J’ai inspecté les WC, les éviers, le linge… rien. Arrivée dans le salon, à nouveau cette odeur. Et là j’ai compris que mon beau-père, mort si brutalement, avait besoin d’aide : j’ai prié pour lui tout au long de son enterrement, lui demandant de partir, lui disant qu’il n’avait plus rien à faire parmi nous désormais et que tout allait bien se passer. De retour au salon, une délicieuse odeur de menthe-eucalyptus m’a envahie, tout aussi inexplicable que l’odeur épouvantablement putride.

J’ai évoqué il y a environ 3 ans l’idée de nettoyer cette maison. Je voulais faire venir un prêtre pour la bénir mais il a dû annuler sa venue à cause de la neige. Depuis, j’ai un peu renoncé, car c’est loin de chez nous. J’ai évoqué l’idée avec mon fils de parler aux morts afin de leur demander de partir. Une idée saugrenue. Aussi, forts de cette idée, nous voici tous deux partis vers la Bourgogne, par une belle soirée d’août. Il était environ 18h, nous étions sur l’autoroute à hauteur de Dijon. Pas de vent, un soleil radieux, personne sur l’autoroute à trois voies et ma Mercedes CLS (grosse berline) sur la voie du milieu, le régulateur à 130km/H. Cela faisait 2 heures que nous roulions, nous ne parlions plus, mon fils somnolait mais nous avions évoqué l’idée de faire tourner les tables une heure auparavant. Tout à coup, la voiture a reçu un coup formidable dans le bas de caisse gauche, côté conducteur. Surpris tous les deux, réveillés de notre torpeur, nous avons aussitôt regardé tout autour de nous et derrière dans le rétroviseur pour voir ce qui se passait. Rien, aucun véhicule près de nous, ni à droite, ni à gauche, ni derrière, ni devant. Pas d’animaux, pas d’objet que nous aurions tapé. Pas un poil de brise. Inexplicable. Pourtant, mon fils et moi étions tous les deux choqués, car le véhicule avait presque été déporté à droite, comme cela aurait pu arriver avec une petite voiture au milieu d’une bourrasque de vent violent. Nous nous sommes arrêtés dès que possible, imaginant qu’il y allait avoir des traces de ce qui nous avait tapé sur le bas de caisse, que la carrosserie aurait forcément des marques. Rien Absolument rien.

Soudain j’ai compris : j’ai interprété cela comme un avertissement m’enjoignant de ne pas faire tourner les tables. Mon ange gardien ? Peut-être, car petite fille, élevée dans une famille totalement athée, à l’âge de 10 ans environ, j’ai eu la vision d’une belle dame blanche dans ma chambre. Elle était fantomatique et portait une sorte de tiare. Je n’éprouvais aucune peur. Elle ne m’a pas parlé. J’ai enfoui très profondément cette vision car il m’aurait été impossible d’en parler à qui que ce soit, et d’ailleurs, je n’en ai jamais éprouvé le besoin. Un jour, ma fille, qui avait alors 15 ans, m’a dit spontanément, alors que nous étions à table et évoquions les fantômes et apparitions, qu’elle avait eu une vision d’une dame blanche alors qu’elle était chez mes parents. Elle allait alors de temps en temps chez mes parents avec son frère, et dormait dans la chambre qui était la mienne lorsque j’étais enfant. Elle m’a décrit exactement le même endroit dans la chambre. Je lui ai demandé quand cela s’était passé, elle s’est remémoré avoir environ 10 ans. Je lui demandé ce qu’elle avait éprouvé, si la dame lui avait parlé. Elle a relaté exactement la même impression que la mienne.
Je suis restée sans voix. Jamais je ne lui avais parlé de cela.

Depuis, je sais simplement que je ne dois pas parler aux morts ; et que je suis bien gardée, ma fille aussi…

Annette.

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