Le 16 mai 1986, une prise d’otage eut lieu dans l’école élémentaire de Cokeville, aux États-Unis, et un miracle se produisit, qui permit de sauver les 136 enfants et tous leurs enseignants sans exception. Cette histoire s’appelle Le Miracle de Cokeville, et elle a inspiré un film, The Cokeville Miracle, qui a été réalisé par TC Christensen et qui est sorti en juin 2015.
Le 16 mai 1986, peu après 13 heures, David et Doris Young, qui étaient respectivement âgés de 44 et 47 ans, pénétrèrent dans l’enceinte de l’école primaire de Cokeville, une petite ville de moins de 1000 habitants située au sud-ouest du Wyoming. Ils amenaient avec eux quatre fusils, neufs armes de poing et une bombe à essence de fabrication artisanale. Une fois dans les bureaux, ils distribuèrent un manifeste intitulé Zero Equals Infinity aux personnes qui s’y trouvaient, puis brusquement David s’écria:
» Ceci est une révolution! Cette école est prise en otage! N’appuyez sur aucune alarme, ne répondez à aucun téléphone et n’appelez pas pour demander de l’aide. J’ai des fusils, et ceci est une bombe. Vous et moi sommes seulement à un centimètre de la mort. «
Stupéfaits, les gens commencèrent à lire le document qui leur avait été remis, et voyant les folles pensées qui y étaient avancées, ils en déduisirent que David et sa femme étaient deux malades mentaux en plein délire.
Quelques années auparavant, en 1979, David Young avait travaillé comme officier de police à Cokeville puis il avait été congédié à cause de sa conduite, ce qui l’avait poussé à quitter la ville. Cependant, il n’était pas revenu pour se venger mais pour lancer son grand projet, qu’il avait baptisé le Biggie. David avait développé certaine une philosophie suivant laquelle la société devait radicalement changer pour donner naissance à un monde nouveau et il avait choisi l’école élémentaire de Cokeville, dont les élèves étaient particulièrement brillants, pour lancer son mouvement. Après avoir touché la rançon qu’il pensait réclamer et qu’il était persuadé d’obtenir, David prévoyait de faire exploser la bombe et d’emmener les enfants avec lui, dans un endroit où ils deviendraient ses disciples.
Après avoir discuté un moment de la suite des opérations avec son mari, Doris fit le tour des classes et interrompant les leçons, elle annonça que suite à une urgence, tous les instituteurs et leurs élèves devaient immédiatement rejoindre la salle numéro 2. La demande pouvait paraître étrange, mais ignorant quel était le problème, tout le monde obtempéra. En rentrant dans la pièce, chaque enseignant reçut un exemplaire dactylographié du manifeste de David, et bientôt 136 enfants, 6 professeurs, 9 enseignants, un demandeur d’emploi, un chauffeur de bus et un adulte non identifié vinrent s’entasser dans la salle de classe, qui avait été prévue pour accueillir une trentaine d’élèves.
David se tenait debout au centre de la pièce, débraillé, le regard sauvage, et ses bras reposaient sur un panier d’où s’échappaient des dizaines de fils et des bouts de matériaux qui sentaient l’essence. Derrière lui il avait disposé ses nombreuses armes et à son poignet, pendait une corde qui était attachée au panier par une pince à linge.
David expliqua alors aux otages que d’une simple contraction de son bras, il pouvait faire exploser la bombe, puis sa femme prit la parole, précisant qu’ils commençaient une révolution et qu’une rançon avait été demandée pour chaque enfant présent dans la pièce. Avant de lancer l’opération, David avait envoyé une lettre et son manifeste Zero Equals Infinity au président Ronald Reagan, à plusieurs médias, et au Chadron State College. Dans sa lettre, il demandait une audience au président et deux millions de dollars par otage, ce qui faisait un peu plus de trois cent millions de dollars.
David avait prévu de faire participer deux amis de longue date, Gerald Deppe et Doyle Mendenhall, à son grand projet, ils lui avaient d’ailleurs confié de l’argent sur la seule promesse de devenir riches, mais quand ils avaient appris qu’il comptait attaquer une école, les deux hommes avaient refusé de le suivre et David avait du se résoudre à les menotter et à les abandonner dans le fourgon qui les avait amenés. Penny, une fille que David avait eu de son premier mariage, devait également participer à la prise d’otages mais en rentrant dans l’école une terrible panique l’avait submergée et elle s’était mise à courir vers la sortie. Quelques minutes plus tard, la jeune fille rentra dans la mairie affolée, criant que son son père venait de poser une grosse bombe à l’école primaire, et Kathy Davison, qui était la Coordinatrice de la Gestion des Urgences, demanda au greffier de la ville de prévenir immédiatement les autorités compétentes.
Pendant ce temps, dans la salle de classe, le stand-by avait commencé. Les enseignants demandèrent l’autorisation d’aller chercher des livres, des crayons de couleur, des feuilles, une télévision et des films pour tenter d’occuper les enfants, et cette demande leur fut accordée. Comme aucun des jeunes otages ne semblait avoir l’esprit à se distraire, Doris essaya maladroitement de les rassurer, leur disant qu’ils devaient considérer cette expérience comme un film d’aventure qu’ils n’oublieraient jamais: » Un jour, vous serez célèbres pour cela. Pour écrirez dans vos journaux à ce sujet, et vous aurez une grande histoire pour vos petits-enfants. «
Cependant, malgré ces paroles qui se voulaient rassurantes, de nombreux enfants pleuraient, se plaignaient de maux de tête dus à l’odeur de l’essence, ou demandaient à rentrer chez eux. Ce jour-là, Jeremiah Moore fêtait son septième anniversaire, et des chansons furent chantées en son honneur, qui furent reprises par les deux preneurs d’otages, mais ce semblant de normalité ne fit en rien retomber la tension qui ne cessait de monter.
A un certain moment, des enfants s’approchèrent de David Young qui, visiblement agacé, demanda aux enseignants de pousser les tables et les chaises sur les bords de la pièce puis il leur ordonna de tracer un grand carré sur le sol, tout autour de la bombe, avant de déclarer: » Traversez cette ligne de la mort et je commencerai à tirer sur les adultes. Je tirerai sur tout le monde si je dois le faire! «
Comme les enfants étaient de plus en plus agités et que rien ne semblait pouvoir les rassurer, des enseignants leur proposèrent de s’asseoir en cercle et de réciter une prière. Selon un instituteur, qui était l’un des otages: » Les enfants étaient assis en rond, et comme je regardais vers eux, je pouvais les voir en train de réciter une prière. Et ils étaient tous en train de le faire. C’était incroyable pour moi. «
Vers 15h45, David, qui regardait les enfants qui pleuraient et priaient, commença à s’énerver et ne pouvant en supporter plus, il remit la corde à sa femme et il quitta rapidement la salle de classe pour se réfugier dans la salle de bain. S’aidant de la pince à linge, Doris fixa le cordon à son poignet et elle s’assurait que le mécanisme de déclenchement était bien fixé quand soudain quelque chose se produisit, qui émerveilla les témoins. Traversant le plafond, des êtres lumineux commencèrent à apparaitre, qui planèrent un moment dans les airs avant de se diriger vers les enfants. Une voix chuchota alors à l’oreille de certains, qui leur expliqua que la bombe allait bientôt exploser mais qu’ils ne devaient pas s’en inquiéter et aller près des fenêtres. Soudain, d’une extraordinaire manière, les uns après les autres des enfants se levèrent pour se rapprocher des fenêtres. Nathan, un jeune garçon qui se trouvait dans la pièce, rapporta ainsi la scène:
» Je m’étais assis dans la classe et je m’amusais avec un jouet quand quelque chose m’a fait me lever. C’est quand j’ai vu les anges. Ils étaient brillants, avec de longues robes blanches fluides. Certains se tenaient la main. Ils ont glissé à travers le plafond, et sont restés suspendus dans les airs pendant une seconde. Je me sentais totalement en sécurité. Tout le monde semblait avoir un ange. Ils sont descendus à côté de nous. Mon ange était une belle femme lumineuse. C’était presque comme si elle avait atterri sur mon épaule. Elle m’a dit: Tu ne dois pas avoir peur Nathan. Lève-toi et va vers la fenêtre. La bombe va exploser. J’ai simplement fait ce qu’elle m’avait dit et d’autres enfants ont commencé à faire la même chose. «
Comme les enfants traversaient la salle de classe, Doris s’énerva et elle demanda aux enseignants d’obliger les élèves indisciplinés à se rasseoir. Puis, semblant oublier le cordon qui la reliait au panier, elle fit un brusque mouvement de bras et tira dessus sans le vouloir. L’explosion la fit voler à travers la salle de classe » comme une torche enflammée, » elle projeta également quelques enfants contre les murs, et une fumée noire envahit la pièce, qui était si dense qu’elle dissimulait tous les otages.
Immédiatement après la détonation, les enseignants commencèrent à chercher les enfants à tâtons, éteignant les éventuelles flammes sur leurs vêtements, puis ils décidèrent de profiter de ce moment de confusion pour les faire sortir. Les fenêtres ayant été soufflées, ils les aidèrent à se glisser à l’extérieur du bâtiment, leur conseillant: » Quand vos pieds touchent le sol, courez. «
Certains enfants, qui se trouvaient près de la porte, parvinrent à sortir par leurs propres moyens et d’autres se retrouvèrent à l’extérieur sans vraiment savoir comment ils y étaient arrivés. Ainsi, le journal le Billings Gazette rapporta l’histoire de Jennie, sauvée par une inconnue: » Jennie Johnson a rampé jusqu’à un couloir reliant sa classe à l’autre. Puis, elle s’est évanouie. Elle se souvient ensuite avoir couru, de la lumière du soleil, de son grand-père qui l’étreignait, la ramenant vers lui. Jennie a ensuite déclaré qu’elle n’avait pas couru à l’extérieur, mais que quelqu’un l’avait portée. Quelqu’un qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant. «
Dès qu’ils aperçurent les premiers enfants sortir par les fenêtres, les familles qui attendaient anxieusement à l’extérieur forcèrent le barrage des policiers qui encerclaient le bâtiment et elles se précipitèrent vers eux, les attrapant et les emmenant rapidement à l’abri derrière les camions des pompiers. A l’intérieur, le drame se poursuivait. En entendant l’explosion, David Young se précipita dans la salle de classe, un pistolet dans chaque main, et il arriva juste au moment où John Miller, le professeur de musique, tentait de s’enfuir. Alors sans hésiter, il lui tira une balle dans le dos, et l’homme s’effondra. Puis, comme sa femme n’était pas toujours morte mais qu’elle se tordait de douleur sur le sol, il mit fin à ses souffrances d’un coup de pistolet et retournant l’arme contre lui, il se suicida.
Très excités, les enfants qui avaient vu les anges, comme ils les appelaient, s’empressèrent d’en parler à leurs parents, leur expliquant qu’ils planaient au-dessus de leurs têtes et qu’ils les avaient sauvés. Certains racontèrent qu’un grand ange se tenait entre eux et les preneurs d’otages, qui les protégeait de ses ailes déployés, d’autres parlèrent de la belle dame qui leur était apparue au fond de la pièce ou du défunt parent qui leur avait expliqué où aller, et quelques uns rapportèrent que juste avant l’explosion, les anges s’étaient rassemblés autour de la bombe et se tenant par la main et leur souriant tendrement, ils avaient fait une ronde. Dans un premier temps, personne ne voulut les croire, mais leurs témoignages étaient si nombreux et ils se ressemblaient tant que beaucoup en vinrent à penser que quelque chose de merveilleux s’était vraiment produit à Cokeville.
Des experts analysèrent la bombe artisanale, qui était relativement sophistiquée. David avait disposé différentes étagères de bois avec des centaines de cartouches de munitions sur le dessus, une couche d’essence au milieu et des boites de thon remplies de poudre tout en bas, juste au-dessus des détonateur. Avant de se lancer dans la prise d’otages, il avait testé un dispositif identique sur un ancien autobus scolaire, et il avait parfaitement fonctionné.
En actionnant les détonateurs, la poudre devait s’envoler dans l’air, et se mélangeant à l’essence, elle devait se transformer en une boule de feu et engloutir la pièce dans les flammes. Cependant, sur les cinq détonateurs, un seul s’était déclenché, les fils des quatre autres ayant mystérieusement été coupés, le récipient contenant l’essence avait une fuite, le liquide s’était écoulé sur la poudre contenue dans les boites de thon, la transformant en une pâte qui ne risquait plus de s’envoler, et la force de l’explosion n’avait pas rayonnée vers l’extérieur comme elle aurait du le faire normalement, mais elle était montée vers le haut, ce que les experts ne parvenaient pas à comprendre. Selon CNN: » Que chaque enfant et adulte ait été épargné par l’explosion n’est rien de moins qu’un miracle. «
79 élèves et enseignants, qui étaient atteints de brûlures légères, durent se faire soigner à l’hôpital où ils se rétablirent rapidement, même John Miller, le professeur qui avait été atteint par une balle. Quand les journalistes et les photographes envahirent la salle de classe numéro 2, ils remarquèrent sur le mur une étrange trace qui semblait renforcer les dires des enfants. Juste derrière l’endroit où la bombe avait explosé, là où certains enfants avaient cru voir une » belle dame, » une forme humanoïde se dessinait sur le mur, qui semblait avoir des ailes sur le côté. Cette année-là, l’école resta ouverte durant tout l’été pour que les élèves et leurs familles puissent voir la pièce aux murs noircis et certains, qui n’étaient pas croyants, le devinrent.
Des années plus tard, Jennie Johnson et sa grand-mère regardaient un album photos quand soudain, la jeune fille remarqua une photo qu’elle n’avait jamais vue d’une femme qu’elle ne connaissait pas. » Voila la dame, dit-elle alors. C’est elle qui était avec moi. » Surprise, sa grand-mère lui expliqua qu’elle ne pouvait pas l’avoir connue car cette femme était sa propre tante, la sœur de son père, et qu’elle était morte avant sa naissance.
De nos jours, les enfants de Cokeville sont devenus des adultes, et ils parlent toujours avec émotion de ces êtres de lumière qui les ont sauvés.
Sources: The Cokeville Miracle, Billings Gazette.